prefence des seules personnes de la maison, on recitoit tout haut l'Oraison Dominicale à tous les Offices, comme cela se pratique encore dans tout l'Ordre de Saint Benoît. On a donc conservé jusques au tems present ce vestige d'antiquité. D. Que doit faire le peuple pendant l'Oraifon Dominicale? R. Il doit la reciter en particulier avec beaucoup d'attention & de respect, & élever sa voix à la fin pour dire ; sed liberanos à malo : Mais delivrez-nous du mal. D. Pourquoi le Prêtre repond-t'il à voix basse Amen aprés que le peuple a dit tout haut la derniere demande de l'Oraison Dominicale, Sed libera nos à malo? R. Nous en avons dit une raison ci-dessus en expliquant ce mot Amen à la fin de l'explication de l'Oraison Dominicale. On peut dire aussi que le sens de cet Amen dans la bouche du Prêtre est celui-ci. Ouy, mon Dieu, je vous demande au nom de toute l' Ajjemblée que vous nous delivriez de tout mal; & il étend en suite cette damande par la priere suivante. ► Libera nos quafumus, Domine, ab omnibus malis pratericis, prasen tibus 19 futuris, & intercedente Beata & gloriosa semper Virgine Dei genitrice Maria cum beatis Apostolis tuis Petro & Paulo at que Androâ & omnibus Sanctis, da propi ius pacem in diebus noftris, ut ope mifericordia tud adjuti, à peccato fimus Delivrez-nous, Seig neur, s'il vous plaît, de tous les maux paffez, presens & avenir, & par l'intercession de la bien heureuse Marie Mere de Dieu toujours Vierge & de vos Bien-heureux Apôtres, Pierre, Paul & André ; donnez - nous par vôtre bonté la paix en nos jours, afin qu'étant assistez du secours de vôtre mifericorde nous ne soyons jamais esclaves du peché, & que nous soyons toujours à couvert de toures fortes de dangers par le même Jesus Christ, notre Seigneur, qui étant Dieu vit & regne avec vous en l'unité du Saint Esprit dans tous les fiecles des fiecles. Amen. femper liberi & ab omni tribulatione fecuri. Per Dominum noftrum Jesum Chriftum Filiu tuum qui tecum vivit & regnat in unitate spiritus sancti Deus, per omnia facula faculorŭ, Amen. On voit aisément la liaison de cette Priere avec la precedente. La derniere demande de l'Oraison Dominicale eft celle-ci, delivrez nous du mal. Cette demande, comme nous l'avons fait voir, 'est l'abregé & la recapitulation de toute l'Oraison Dominicale. Le Prêtre donc la reprend seule, & l'étend en demandant à Dieu au nom de tout le peuple qu'il nous delivre des maux passez, prefens & futurs, &c. D. Quels font les maux passez, presens & futurs dont on demande la delivrance? R. Les maux paffez, ce font les pechez, les maux prefens, ce sont les tentations, foit exterieures soit interieures, qui nous portent au peché, & les maux futurs font les peines temporelles ou eternelles, qui font les fuites du peché. C'est pourquoi l'Eglise dans la suite de cette Priere reduit toutes ces demandes à la delivrance du peché & à la paix. A la delivrance du peché, car le peché est le seul mal qu'il y ait à proprement parler; tous les autres maux ne Cont que des suites & des peines de celui-ci. A la paix, parceque la paix est l'abregé de tous les biens; c'est à quoy toutes les choses du Chap. 4. §. 2. 7. Demande, 1 monde tendent, & on ne peut avoir la paix que quand on est delivré de l'esclavage du peché: Toute autre paix est une paix fauffe & trompeuse; Il n'y a point de paix pour les impies; dit le Seigneur. h D. Pourquoi le prêtre fait-il un figne de Croix avec la patene avant que de dire ces paroles, donnez nous la paix ? R. Pour faire comprendre que nous n'avons la paix, dont la patene est le Symbole & l'instrument, que par la Croix. Explication. La patene est l'instrument & le Symbole de la paix, parceque c'est le plat sur lequel on met le Corps de Jesus-Christ, qui doit etre distribué en figne de paix. C'est pour cette même raison que le prêtre baise la patene quand il dit à Dieu ces paroles ; donnez n us la paix. D. Pourquoi l'Eglise employe-t'elle l'intercession des Saints, & fur tout de la fainte Vierge, de Saint Pierre & de S. Paul & de S. André pour demander la paix à Dieu par Jesus-Christ? R. Pour être plus facilement exaucez, comme nous l'avons expliqué ci-dessus; & c'est pour cela qu'entre tous les Saints elle nomme specialement ceux dont Dieu s'est le plus fervi pour procurer la paix folide aux hommes. La fainte Vierge qui a été la Mere du Dieu de paix, & les trois premiers d'entre les Apôtres qui l'ont annoncée de la part de J.C. à tous les peu ples de la terre. D. Que doit faire le peuple pendant cette Priere? R. Il doit s'unir au prêtre, & il ne sçauroit rien faire de mieux que de la dire avec lui en secret. ba..VII.1. Voyez fur cela S. Aug. Liv. 19. de la Cité de Dieu ch. 1.12.13.14. & suiv, où il dit des chofes admirables. bb Part.2. Sect.3. chap.2.9.3. : : XXVII. Faction de l'Hostie. Mélange des deux especes. D. POURQUOY aprés la priere qui vient d'être expliquée, & pendant sa conclusion le prétre rompt'il l'Hostie ? R. 1. Pour imiter Jesus-Christ qui rompit le pain sacré avant que de le distribuer, & pour se conformer à l'usage perpetuel de toutes les Eglises du monde depuis les Apôtres.i 2. Le prêtre rompt l'Hostie à la fin de la Priere, par laquelle il demande à Dieu la paix & la délivrance de tous manx; pour faire comprendre que Jesus-Christ n'a été immolé sur la Croix, & ne se donne à nous dans l'Euchariftie que pour nous donner la paix, & nous délivrer de tous maux. D. En rompant l'Hostie rompt-on le Corps de Jesus-Chrift? R. Nous avons déja dit ailleurs que l'on ne rompt que les especes. C'a toujours été la Doctrine de l'Eglife; & tous les Peres en font foy. D. En combien de portions rompt-on l'Hestie? R. L'Eglise Gréque la rompt en quatre portions. En Espagne autrefois on la rompoit en neuf portions, & on le fait encore dans le lieu de ce même Royaume, où l'on fuit le rite qu'on nomme Mozarabique. Mais le reste de l'Eglife i 1. Cor.X. 16. X.24. Voyez S.Clement d'Alex.L.1. Strom.S. Greg. de Nazianze Let. 240. à Amphilochius. S. Aug. Let.149 ou 59. à Paulin, & toutes les Liturgies les plus anciennes, &c. ii Se&.1. ch.4. §.4. ; Latine est en possession de n'en faire que trois portions. k D. Quelle est la raison de ces differentes coutumes ? R. Les Grecs divisent l'Hostie en quatre portions, une pour le prêtre, une pour le peuple qui veut communier, une pour la referve des malades, & une pour être mise dans le Calice. & mêlée au Sang de Jesus-Christ. Les Mozarabes font neuf portions de l'Hostie, & donnent à chacune le nom d'un Mystere de Jesus-Christ, ce qui fait voir que leur vuë en divisant l'Hostie en tant de portions, est de representer chacun des états où Jesus-Christ s'est trouvé ou doit se trouver. Ils nominent la premiere portion l'incarnation, la seconde la Nativité, la troisiéme la Circoncision, la quatriéme, l'Apparition, ou Transfiguration la cinquiéme la Paffion, la fixiéme la Mort la septiéme la Refurrect on, la huitiéme la gloire de Jesus-Christ dans le Ciel, & la neuviéme le regne de JesusChrist quand il viendra juger les vivans & les morts. L'Eglise Romaine & tout le reste de l'Occident divise l'Hostie en trois portions, une pour être mise dans le Calice, une pour le Prêtre, & la troisième étoit ensuite partagée en plusieurs autres dans le tems de la Communion, foit pour être distribuée aux assistans, foit pour être refervée aux infirmes 1. Car les pains qu'on consacroit étoient autrefois beaucoup plus grands & plus épais qu'ils ne font aujourd'hui. Nous voyons dans l'ordre de la Messe Ponti Voyez Bona Liturg. Liv.r.ch.1. & Liv,2. ch.1 Voyez dans le même Auteur l'origine du Rite moza rabique, & l'explication de ce mot. I Vovez le Micrologue, ch.17. de ses Obfervations. Tome II. N* |