De ces scènes d'horreur naissent de beaux tableaux.
Il en est de plus doux : dans un frais paysage
Ah! de l'homme des champs peignez la noble image:
Si près d'un clair ruisseau je cherche la fraîcheur,
Je souris à l'aspect du tranquille pêcheur;
Si je vois folâtrer la jeunesse étourdie,
Un soupir me ramène aux beaux jours de ma vie ;
Et ce chêne élevé, ce pin majestueux
Captivent à-la-fois et mon cœur et mes yeux,
S'ils offrent au poëte une ombre hospitalière,
Et semblent écouter sa lyre bocagère.
De groupes animés peuplez donc vos hameaux.
Pourquoi laisser déserts ces vallons, ces coteaux,
Ces guérets orgueilleux d'enrichir la patrie,
Et qu'embellit pour vous la main de l'industrie ?
De même, en ces beaux lieux placez des animaux :
Que le barbe indompté hennisse en vos tableaux;
Dessinez quelquefois, sous un humide ombrage,
Du bœuf, aux pas pesans, le pénible attelage;
La chèvre suspendue au rocher buissonneux
Souvent peut enrichir un site infructueux;
Peignez-nous le miroir d'une claire fontaine
Où l'oiseau de Léda mollement se promène ;
Transportez-nous enfin au siècle où des bergers,
D'un combat inégal méprisant les dangers,
Contre un taureau fougueux exerçaient leur courage.
Des mœurs de Sparte on aime à retrouver l'image.
L'art vous appelle encore à des sujets nouveaux :
Des Huysum, des Chardin, les magiques tableaux,
Des contrastes heureux vous diront l'influence :
Combien de vérité, de fraîcheur, d'élégance!
La rose y semble éclore à côté du jasmin;
Sur la prune azurée on veut porter la main,
Et, d'un éclat rival, brillent dans la corbeille
La framboise musquée et la pêche vermeille.
L'œil séduit s'abandonne au prestige enchanteur
Qui montre la nature et dérobe l'auteur.
Il est d'autres secrets dignes de votre zèle s
Aux amis d'Apollon l'étude les révèle,