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DE

FRANCE,

JOURNAL LITTÉRAIRE ET POLITIQUE.

TOME CINQUANTE-UNIÈME.

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CHEZ ARTHUS-BERTRAND, Libraire, rue Haute-
feuille, N° 23, acquéreur du fonds de M. Buisson
et de celui de Mme Ve Desaint.

1812.

DE L'IMPRIMERIE DE D. COLAS, rue du Vieux-
Colombier, N° 26, faubourg Saint-Germain.

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Quel sujet plus fécond enfanta des tableaux !
La campagne jamais au peintre n'est stérile:
C'est elle qui forma Raphaël et Virgile.
Elle te transportait, ô chantre de Daphnis !
Quand ton cœur, enivré des vertus d'Amasis,
Soupirait le bonheur des scènes pastorales
Et portait dans les arts les mœurs patriarchales!

Honneur au sage, aimé du Dieu de l'Hélicon,
Qui, libre du fardeau de la protection,
Aux arts indépendans doit toute sa fortune,
Redoute des emplois la carrière importune
Des champs consolateurs chérit l'obscurité,
Et seul, marche dans l'ombre à l'immortalité!

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Brûlant de ce beau zèle, à l'abri de l'Envie,
L'étude me conduit aux bornes de la vie.
Je me plais au milieu des fertiles guérets:
Parmi ces peupliers, près de cet antre frais,

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Q

Où doucement murmure une onde fugitive:
Sous ce myrle odorant, la Naïade craintive
Sur l'Amour qui sommeille effeuille quelques fleurs ;
Il sourit à la nymphe, et, de ses traits vainqueurs
Elle va, trop crédule, être à jamais atteinte :
Sur son front virginal la pudeur est empreinte ;
Mais à quoi tient, hélas! son fragile bandeau !
O muse, dans mes mains arrête le pinceau......

Ainsi je vois par-tout la nature éloquenté;
Par-tout mon ame émue entend sa voix touchante :
Quand la fleur printanière embellit nos hameaux,
Que le Cancer fougueux terrasse les Gémeaux ;
Quand l'automne paraît sur son riche théâtre,
Que le givre aux buissons pend en festons d'albâtre
Des rayons du soleil prismes éblouissans,
J'admire ces tableaux : alors aux dieux des champs
Mes pinceaux et ma lyre offrent un pur hommage.

O vous qu'un goût champêtre attache au paysage,
De la double colline allez respirer l'air ;

Glanez après Virgile, et Thompson et Gessner.
Butinez sur leurs fleurs : tel un essaim d'abeilles
De ses plus doux larcins compose ses merveilles.
Interrogez les champs : les champs inspirateurs
Sauront électriser vos pinceaux créateurs.
Vous puiserez le beau dans leurs sources sacrées.
Du vulgaire indolent les routes ignorées
Déploieront à vos yeux un nouvel horizon.
Tirez d'un grand spectacle une grande leçon:
Contemplez la nature en ses crises sublimes ;
De la mer mugissante affrontez les abymes;
Du Buffon des Romains, émules pleins d'ardeur,
Approchez, sans effroi, du Vésuve en fureur :
Voyez le sombre amas de ces vapeurs brûlantes
Et ce vaste océan de flammes ondoyantes!
Vomis, en noirs bouillons, du gouffre dévorant,
Des rocs bitumineux, comme un affreux torrent
Tombent; et des monceaux de laves refoulées
Comblent la profondeur des immenses vallées,
Et retracent au loin l'emblême du chaos!...

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De ces scènes d'horreur naissent de beaux tableaux.
Il en est de plus doux : dans un frais paysage
Ah! de l'homme des champs peignez la noble image:
Si près d'un clair ruisseau je cherche la fraîcheur,
Je souris à l'aspect du tranquille pêcheur;

Si je vois folâtrer la jeunesse étourdie,

Un soupir me ramène aux beaux jours de ma vie ;
Et ce chêne élevé, ce pin majestueux
Captivent à-la-fois et mon cœur et mes yeux,
S'ils offrent au poëte une ombre hospitalière,
Et semblent écouter sa lyre bocagère.

De groupes animés peuplez donc vos hameaux.
Pourquoi laisser déserts ces vallons, ces coteaux,
Ces guérets orgueilleux d'enrichir la patrie,
Et qu'embellit pour vous la main de l'industrie ?
De même, en ces beaux lieux placez des animaux :
Que le barbe indompté hennisse en vos tableaux;
Dessinez quelquefois, sous un humide ombrage,
Du bœuf, aux pas pesans, le pénible attelage;
La chèvre suspendue au rocher buissonneux
Souvent peut enrichir un site infructueux;
Peignez-nous le miroir d'une claire fontaine
Où l'oiseau de Léda mollement se promène ;
Transportez-nous enfin au siècle où des bergers,
D'un combat inégal méprisant les dangers,
Contre un taureau fougueux exerçaient leur courage.
Des mœurs de Sparte on aime à retrouver l'image.

L'art vous appelle encore à des sujets nouveaux :
Des Huysum, des Chardin, les magiques tableaux,
Des contrastes heureux vous diront l'influence :
Combien de vérité, de fraîcheur, d'élégance!
La rose y semble éclore à côté du jasmin;
Sur la prune azurée on veut porter la main,
Et, d'un éclat rival, brillent dans la corbeille
La framboise musquée et la pêche vermeille.
L'œil séduit s'abandonne au prestige enchanteur
Qui montre la nature et dérobe l'auteur.

Il est d'autres secrets dignes de votre zèle s
Aux amis d'Apollon l'étude les révèle,

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