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» & très-courageux, & qui avoit coutume de mettre à more > tous ceux qui entreprenoient de lui ravir quelque piece de fon troupeau.

"

Non content du prefent dont parle Diodore, Atlas apprit à Hercule l'Aftronomie. Il avoit étudié cette fcience avec beau coup d'affiduité & d'application,& y étoit devenu très-fçavant. Comme Hercule fut le premier qui apporta en Grece la fcience de la Sphere, il acquit auffi une grande gloire, & l'on feignit à ce propos qu'Atlas s'étoit repofé fur lui du fardeau du monde; les hommes, dit à cette occafion l'Auteur que je copie, racontant d'une maniere fabuleufe un fait véritablement ar rivé.

Après ce qu'on vient de dire, il eft aifé de juger qu'Atlas étoit un homme diftingué par fes talens s qu'il s'adonnoit aux fciences fpeculatives, fur-tout à l'Aftronomie, & qu'il n'a fallu que l'ufage qu'il faifoit de la Sphere dont il étoit l'inventeur, joint à la hauteur des montagnes fur lefquelles il alloit faire fes obfervations, pour avoir donné lieu à la fable, qu'il portoit le ciel fur fes épaules, & qu'il avoit été changé en cette montagne, à laquelle on ne donna le nom d'Hatlha, ou celui de Talak, tiré de l'hebreu, & qui veut dire être fufpendu, qu'à caufe.des rochers immenfes qui pendent du mont Atlas, lequel eft fi élevé qu'il femble toucher le ciel, & dont même on voit rarement le fommet à cause des neiges & des brouillards qui l'environnent (a). On peut ajouter qu'il y a beaucoup d'apparence qu'Atlas raffembla les Peuples errants & vagabonds de cette extrémité de l'Afrique, qu'il regna fur eux, leur donna des loix, & polit leurs (1) Liv. 4. moeurs. Hérodote (1) parle de ces Peuples, qu'il appelle Atlantes, les feuls, felon lui, qui n'avoient point de nom particulier, n'étant connus que fous.celui d'Atlantes. Cet Auteur, & après lui Pomponius Mela, font la defcription du mont Atlas, que les habitans du pays appelloient la colomne du ciel.:

ch. 184.

i..

(a) Le P. Dom Pezron dérive ce nom appelloit Telamon, qui dans la langue du mot altus, par la tranfpofition d'une Celtique veut dire un homme d'une feule lettre, & cette étymologie eft congrande taille. forme à l'autre nom de ce Prince qu'on

Les Pléiades.

por

navigo.

POUR revenir aux filles d'Atlas qui forment le figne des Pléiades dans la tête du Taureau, on n'a publié qu'elles avoient été changées en ces Aftres, que parce que leur pere fut le premier qui découvrit ces étoiles, & qu'il leur fit ter le nom des Pléiades fes filles; foit qu'on les ait appellées ainfi à cause que leur mere, fuivant quelques Anciens, s'appelloit Pléione, ou plûtôt parce que ces étoiles paroiffent au mois de Mai, temps propre à la navigation (i). Les (1) was Latins les appellent Vergilies, à caufe qu'elles fe levent au Printemps; & comme il y en a une qu'on ne voit plus depuis long-temps, qui eft Merope, on dit qu'elle fe cachoit de honte d'avoir époufé un homme mortel, pendant que fes fœurs avoient été mariées à des Dieux : en quoi il est aisé de voir qu'on a mêlé l'Astronomie avec l'Hiftoire; car il est vrai que fix filles d'Atlas épouferent des Princes Titans, qui étoient ordinairement regardés comme des Dieux, & que Merope époufa Sifyphe, qui n'étoit pas de cette famille.

Mais fuivant une tradition plus autorisée encore par les Anciens, Electre femme de Dardanus, étoit cette Pléiade

qui avoit disparu vers le temps de la guerre de Troye, pour n'être pas témoin des malheurs de fa famille. Quoiqu'il en foit, voici comme les Poëtes s'en expriment. On compte, dit Ovide dans fes Faftes, fept étoiles dans la Conftellation des Pléiades, quoiqu'il n'y en ait plus que fix:

Qua feptem dici, fex tamen effe folent,

parce qu'Electre, femme de Dardanus, l'une de ces fept Nymphes filles d'Atlas, s'eft cachée pour fuir le fpectacle des malheurs de Troye (a).

Hygin, contemporain d'Ovide, rapporte cette même fable; mais avec des circonftances propres à faire imaginer le (a) Troja fpectare ruinas Non sulit, ante aculos oppofuitque manum.

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fait hiftorique qui peut y avoir donné lieu. « Electre, dit-il, » ne pouvant plus foutenir la vue des danfes de fes fœcurs abandonna le Zodiaque au temps des malheurs de Troye,, & fe retira vers le Pole Arctique, marchant dans le défordre d'une perfonne accablée de la plus vive douleur ; fes » cheveux épars & négligés lui firent donner le nom de Co» mete (a).

Le Scholiafte latin d'Aratus, dit la même chose: Electram diffolutis crinibus propter luctum ire afferunt, & propter Comas, quidam Cometem vocant. Aux circonftances rapportées par Hygin, Avienus, fur l'autorité de Smynthès, ajoutoit qu'Electre fe remontroit de temps en temps aux mortels, mais toujours avec l'appareil d'une Comete (b).

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Je ne dois pas oublier les reflexions, plus ingenieufes que folides d'Olaus Rudbeck dans fon Atlantique. Cet Auteur prouve qu'Atlas & fes fucceffeurs ont regné dans le Nord; que ce pays étoit la véritable Atlantique dont parle Platon dans le Timée, & le Critias; que ces Princes y furent trèspuiffants, & qu'ils porterent dans la fuite leurs conquêtes dans la Grece, l'Italie, les Gaules, l'Afie mineure & l'Egyptes & que ce qui fit publier la fable que ce Prince portoit le ciel fur fes épaules, c'eft parce que fon empire s'étendit fur toute la terre.

Les Hyades.

OON dit auffi que les Hyades étoient filles d'Atlas, & on en nomme fix, Eudare, Ambrofie, Prodice, Coronis, Phileto & Polifo. D'autres y ajoutent Thionne; mais il y a apparence que ces prétendues Hyades, mot qui en Grec veur

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1

dire pluvieux, nefont que des perfonnages poëtiques, dont on a donné le nom à quelques étoiles qu'Atlas avoit découvertes ; à moins que de dire qu'on a mis fur le compte du grand Atlas tous les enfans des autres qui ont porté le même nom. On en nomme ordinairement trois, le premier étoit Roi d'Italie, le second regna en Arcadie, & le troifiéme eft celui dont nous parlons: je crois même que fes fucceffeurs porterent fouvent le même nom; c'eft ce qui fait qu'on trouve Atlas dans l'histoire de Perfée & dans celle d'Hercule, posterieures l'une & l'autre à celle des premiers Princes Titans.

Atlas, comme nous l'avons dit, avoit un frere qui alla auffi s'établir dans l'Occident; ce qui vraisemblablement lui fit donner le nom d'Hefperus, d'où les Grecs appelloient Hefperies, toutes les regions occidentales à la Grece. M. le Clerc dérive pourtant ce nom d'un mot Hebreu qui veut dire beau: unde vefperugo, pulcherrima ftella, Gallicè, La belle Etoile de là les fameux Jardins des Hefperides fes filles, parce que dans la Mauritanie Tingitane il y en avoit de très-beaux; & les Poëtes ont appellé des Pommes d'or, les Oranges & les Citrons dont ils étoient rempliss comme des Dragons (1). pondant que les Dogues qui les gardoient, ont été regardés

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UE Promethée & Epimethée foient de la famille des Titans, c'est une vérité atteftée par Hefiode, & adop tée par plufieurs Anciens, furtout par Lucien. Il étoit fils de Japet & de Clymene, comme le dit Hefiode (a). Japet, dit-il, époufa la belle Clymene, fille de l'Ocean, dant il eut le grand

(a) Theogon. v. 508. D'autres lui donnent pour mere une Nymphe nommée Asia

(1) Voyez l'Hift. d'Hercule. T. III.

Atlas, Pilluftré Menatius, le rufe Promethée, & l'infenfe Epimethée. Japet s'etoit établi dans la Theffalie, où il s'étoit rendu puiffant; mais comme c'étoit un mechant homme, & un efprit dangereux, il devint plus célébre par fes enfans que par Les propres actions. Cependant les Grecs le regardoient comme l'auteur de leur origine, & ne connoiffoient rien de plus ancien que lui: auffi appelloit-on communement les vieillards décrepits desJapets, comme le rapportent Hefychius & Suidas(a). Promethée s'est rendu extrémement célébre par la fable que je vais raconter. Comme c'étoit un homme d'un esprit fin & rusé, il entreprit de tromper Jupiter dans un facrifice, & d'éprouver par-là fi véritablement il meritoit d'être au nombre des Dieux. Ayant pour cela fait tuer deux boeufs, il remplit une des deux peaux de la chair, & l'autre des os de ces victimes. Jupiter fut la dupe de Promethée, & choisit la derniere. Réfolu de s'en venger fur tous les hommes, il leur ôta l'ufage du feu. Promethée avec l'aide de Minerve, dont les confeils lui avoient déja fervi lorsqu'il forma le corps de l'homme avec de la boue détrempée, monta jufqu'au ciel, & s'étant approché du chariot du Soleil, y prit le feu facré, qu'il porta fur la terre dans la tige d'une ferule (b). Jupiter outré de ce nouvel attentat, ordonna à Vulcain de former une femme qui fût douée de toutes fortes de perfections; ce qui la fit appeller Pandore. Les Dieux la comblerent de prefens, & l'envoyerent à Promethée, avec une boëte remplie de tous les maux. Ce Prince s'en étant défié, ne voulut point la recevoir pour fa compagne; mais Epimethée, à qui elle fe prefenta, en fut fi charme qu'il l'époufa, & en eut Pyrrha, femme de Deucalion. Il voulut auffi voir ce qui étoit dans la boëte fatale, & fur le champ il en fortit ce déluge de maux qui ont depuis ce temps-là inondé toute la terre. Il la referma promptement, mais il n'y eut que l'efpérance qui n'eut pas le temps de s'évader, & c'eft le feul

(a) On prouvera daus le commence- | jufqu'au fond de l'Espagne.
ment du troifiéme Tome, que Japet eft
le même que Japhet fils de Noé, dont
les enfans Javan & Gomer, & leurs def-
cendans peuplerent le Nord & l'Occident,

(b)
Audax Tapeti genur
Ignem fraude mala gentibus intulit,
Hor. Od. 3. Liv. 2.

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