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(1) Phaleg. 1. I. c. 2.

leurs entrailles. Pour la métamorphofe d'Epimethée qu'on a dit avoir été changé en Singe, c'eft, felon Lucien, que ce Prince étoit comme fon frere, un habile Statuaire, & imitoit en perfection la nature.

N'oublions pas toutefois de dire toutefois de dire que le fameux Bochart (1), (3) Sur Hef. & après lui M. le Clerc (2), croient que Promethée eft le même que Magog; & il faut avouer que le premier en fait un parallele bien ressemblant. Promethée eft fils de Japet, & Magog fils de Japhet, & petit-fils de Noé. Magog ainfi que Promethée alla s'établir dans la Scythie: le premier inventa ou perfectionna l'art de fondre les metaux & de forger le fer; ce que les Poëtes attribuoient auffi à notre Promethée ; & même Diodore dit qu'il inventa plufieurs inftrumens propres à faire du feu. La fable qui dit que Promethée étoit dévoré par un Aigle, vient de ce que le nom de Magog signifie un homme dévoré de chagrin (a). M. le Clerc ajoute qu'Epimethée est le même que Gog, dont le nom veut dire brulant; ce qui convient, selon lui, à ce Prince, dont on a voulu marquer la paffion pour les femmes, par l'hiftoire de Pandore. Il ajoute d'autres conjectures, qui prouvent tout au plus que l'hiftoire de ces deux Princes Titans fut embellie de celles de Gog & de Magog, qui avoient avant eux exercé dans la Scythie l'art de forger le fer. Enfin felon d'autres Auteurs, Promethée eft le même que Noé, & le parallele qu'ils en font ne manque pas de vraisemblance; tant il est aisé de trouver des rapports entre des perfonnes qui ont vécu dans des temps

fi reculés.

Si le fentiment de M. Newton étoit appuyé de quelque autorité, nous connoîtrions mieux Promethée, & nous fçaurions au juste dans quel temps il a vécu. Selon cet Auteur, Promethée étoit neveu du fameux Sefoftris, qui felon lui, vivoit vers le temps des Argonautes, peu d'années avant la guerre de Troye. Comme ce Prince avoit accompagné fon oncle dans fes conquêtes, celui-ci avant que de retourner en (3) Chron. Egypte, le laiffa fur le mont Caucase (3) avec une partie de

des anciens

Rois, p. 234.

(a) Magog, comme qui diroit, tabefcere, liquefcere. Boch. loc. cit.

fes troupes, pour conferver les conquêtes qu'il avoit faites dans la Scythie, & confia à Aetes celles qu'il avoit faites dans la Colchide. Si cela étoit, Promethée feroit Egyptien d'origine, auroit vécu dans un temps qu'on peut fixer, & ce feroit Hercule l'Argonaute, ou le fils d'Alcmene qui l'auroit délivré; mais, comme je l'ai dit, ce fentiment manque de preuves, & felon les Anciens que j'ai cités, & felon Hefiode lui même, Promethée étoit de la race des Titans.

(2) C. 4.

Promethée ennuyé du triste séjour de la Scythie, l'abandonna enfin pour venir paffer le refte de fes jours dans la Grece, où il mourut, & les Argiens montroient fon tombeau. Il est vrai que Paufanias (1) dit qu'il croyoit qu'ils fe trompoient, (1) Ia Co& que les Opuntiens en parloient d'une maniere plus con- rinth. forme à la vérité; mais cela prouve toujours qu'on étoit perfuadé que c'étoit dans la Grece qu'il étoit mort. Ce fut auffi dans le même pays qu'on lui rendit les honneurs divins, puifque le même Auteur dit, dans fon voyage de la Phocide (2), qu'on voit fur le chemin qui mene à Panopée, une Chapelle bâtie de brique toute crue, & dans cette Chapelle une ftatue de marbre du mont Pentelique, qui felon quelques-uns reprefente Efculape,& felon d'autres Promethée. Ces derniers, ajoute cet Auteur, prouvent leur prétention, par des pierres d'une groffeur immenfe qui font dans le voifinage, prétendant que ce font des reftes de la boue détrempée dont Promethée avoit formé le genre humain. Je crois que peu de gens regarderont cette raifon comme une preuve bien concluante; mais ce qui ne laiffe aucun lieu de douter que Promethée reçût les honneurs divins, ou du moins ceux qui étoient destinés aux Heros, c'eft ce que rapporte le même Paufanias dans fon voyage de l'Attique, puifqu'il dit positivement que que Promethée avoit un Autel dans l'Académie même, & qu'on avoit inftitué des Jeux en fon honneur, qui consistoient à courir depuis cet Autel jufqu'à la Ville avec des flambeaux qu'il falloit empêcher de s'éteindre. Pour remporter la victoire, il faut conferver fon flambeau allumé ; celui qui court le premier, fi fon flambeau s'éteint, cede fa place au fecond, le fecond au troifiéme, & ainfi des autres; que fi tous les

Rom. Ant.

flambeaux s'éteignent, nul ne remporte la victoire, & le prix eft refervé pour une autrefois.

Finiffons cet article en remarquant que le temps nous a (1) Admir. confervé un beau bas relief (1) qui reprefente Promethée délivré par Hercule. Cette fable eft admirablement gravée fur ce marbre; à l'extrémité duquel on voit d'un côté un vieillard entre des branches d'arbre, qui eft l'image du mont Atlas, felon Bellori, mais qu'on diroit plus vraifemblablement être celle du Caucafe, où Promethée fut délivré. Hercule avec fon arc bandé, prêt à tirer contre l'Aigle, a laiffé derriere lui sa maffue, & la dépouille du lion de Nemée. Promethée attaché à un rocher, porte fur fon genou l'oifeau qui lui déchire les entrailles. Enfin Mercure paroît disposé à aider Hercule.

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UOIQUE Rhea, ou Ops, l'Ocean, Tethys & Pluton ayent été célébres parmi les Titans, cependant pour ne pas m'écarter de l'ordre que je me fuis propofé de fuivre, je ne parlerai d'eux que dans l'Hiftoire des Dieux de la Mer, de la Terre, & de l'Enfer. Ceux dont j'ai à parler dans ce Chapitre, quoique moins connus, meritent cependant qu'on en faffe mention, puifque tous les Titans généralement parlant, avoient contribué au bonheur de l'Univers. En effet, Dio (1) Liv. V. dore (2) remarque qu'ils s'étoient tous rendus célébres.

ch. 11.

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La Mythologie de Crete, dit cet Auteur, marque que les Titans nâquirent pendant la jeuneffe des Curetes. Ils habitoient d'abord le pays des Gnoffiens, où l'on montre en » core les fondemens du Palais de Rhea, & un bois antique. La famille des Titans étoit compofée de fix garçons & de cinq filles, tous enfans du Ciel & de la Terre; ou felon d'au» tres, d'un des Curetes & de Titée, de forte que leur nom

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vient de leur mere. Les fix garçons furent Saturne, Hyperion, Coïus, Japet, Crius, & Oceanus (a): & les cinq filles étoient Rhea, Themis, Mnemofyne, Phœbé, Tethys. Ils firent tous prefent aux hommes de quelque décou» verte, ce qui leur attira de leur part une memoire & une "reconnoiffance éternelle. Hyperion le fecond des Titans, » car on a déja parlé de Sarturne, découvrit par l'affiduité de »fes obfervations, le cours du Soleil, de la Lune, & des autres Aftres: il regla par eux le temps & les faifons, & tranfmit cette connoiffance aux autres hommes. On l'a mê» me appellé le pere des Aftres, & il a été du moins le pere » de l'Aftronomie ». C'eft fans doute auffi ce qui l'a fait paffer pour le pere du Soleil & de la Lune, comme nous le dirons dans un moment.

(1) Theog.

Thea dans

Hyperion, fuivant Heliode (1), ayant époufé Thia, de- Hyperion. vint pere du Soleil & de la Lune (b). Diodore de Sicile, v. 71. elle dans la Theogonie des Atlantides, convient avec ce Poëte, eft nommée qu'Hyperion étoit le pere du Soleil & de Phoebé ou la Lu- hefiode. ne; mais d'une autre femme. Surquoi il eft bon de remarquer, que quoiqu'on ait fouvent confondu le Soleil avec Apollon, & la Lune avec Diane, cependant dans l'ancienne Mythologie ils étoient très-bien diftingués, comme je le prouverai dans l'hiftoire d'Apollon.

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On attribue, c'est toujours Diodore qui parle, à la Tita- Mnemofyne. aide Mnemofyne, l'art du raisonnement, & l'impofition des noms convenables à tous les êtres, de forte que nous les indiquons & nous en converfons fans les voir; invention pourtant que d'autres attribuent à Mercure mais on accorde generalement à Mnemofyne le premier ufage de tout ce qui fert à rappeller la memoire des chofes dont nous voulons nous ffouvenir, & fon nom même l'indique affez,

Quoiqu'on ne regarde Themis que comme un perfonna- Themis. gê allégorique dont le nom r) en langue hébraïque veut dire (2) Than.

(4) Hefiode y ajoute Monetius, que Jupiter d'un coup de foudre, précipita dans le fond du Tartare, pour le punir de mechanceté.

(b) Quelques-uns avant Hefiode avoient dit que Phœbé étoit fille du Ciel & de la Terre.

integre ou parfait, & qu'on ne parle de fon mariage avec Ju2 piter que comme d'un emblême de la Juftice, qui produit les loix, & regle le fort des hommes, je crois cependant qu'elle eft un perfonnage très-réel & une des principales Titanides. (1) Theog. Heliode (1) qui en donne la généalogie, dit qu'elle étoit fille du Ciel & de la Terre, ou d'Uranus & de Titaïa. « La Terre, dit-il, de fon commerce avoit le Ciel, eut l'Ocean aux gouffres profonds, Thea, Créus, Hyperion, Japet, Rhea. Themis, Mnemofyne, Phoebé, Tethys, & Saturne

verf. 133.

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Par

où l'on voit qu'elle étoit l'aînée de Saturne, & tante de Jupiter; & dès-là tombe la fiction du commerce prétendu de ce Dieu avec elle, puisqu'elle étoit même plus âgée que Saturne fon frere. Ainfi quand quelques Anciens ont dit que Jupiter qui en étoit amoureux & que que l'ayant pourfuivie jufques dans la Macédoine, il lui avoit fait violence, & en avoit eu trois filles, la Juftice, la Loi, & la Paix; ou c'est une pure allégorie, ou il faut l'entendre de Carmenta (2) Præp. qui a paffé elle-même pour Themis, & qui felon Eusebe (2), Evang. 1.3. eut de Jupiter les trois enfans que nous venons de nommer. Themis fe diftingua par fa prudence & par fon amour pour la juftice; & fi nous en croyons Diodore, c'eft elle qui a établi la Divination, les Sacrifices, les Loix de la Religion, & tout ce qui fert à maintenir l'ordre & la paix parmi les hommes; d'où vient que l'on appelle encore Légiflateurs ou Dépofitaires des Loix, tous ceux qui veillent aux cultes des Dieux & aux mœurs publiques. Ainfi il ne faut pas s'étonner fi on l'a toujours regardée comme la Déeffe de la juftice; & fi on a appellé Thefmophylaces & Thefmotetes ceux qui travaillent à conferver le culte des Dieux & les loix humaines. De là vient encore que quand Apollon rend des Oracles, on dit qu'il fait l'office de Themis, parce qu'elle eft, comme on vient de le dire, l'inventrice de la Divination.

Themis eut pour partage une partie de la Theffalie, & felon l'ufage de ce temps-là, l'emploi de rendre la juftice; où elle fe comporta avec tant d'integrité & de lumieres, qu'on la regarda toujours depuis comme la Déeffe de la Justice; dont on lui fit porter le nom. Comme elle s'étoit adonnée à l'Aftrologie,

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