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(1) Hef. Theog.

(2) θαυμα

(3) Virgile.

Deor. 1. 3.

affife auprès du trône de Junon, & prête à exécuter ses ordres. On lui a formé une genealogie (i), & on a dit qu'elle étoit fille de Thaumas, perfonnage poëtique dont le nom est tiré d'un mot Grec qui veut dire j'admire (2), ce qui après tout Ze, admirer. marque bien la qualité du Metéore qu'on a voulu décrire, n'y ayant rien de plus merveilleux que cet arc que forment les goutes d'eau d'un nuage oppofé au Soleil, Mille trahensvarios averfo fole colores (3). Comme rien n'attire plus notre admiration que l'Arc-en-ciel, je ne fuis pas étonné qu'on (4) De Nat. en ait fait une Divinité : « Et certes, dit Cotta dans Ciceron (4), fi la Lune eft une Divinité, il faut que l'Etoile du matin, » que les autres Planetes, que toutes les Etoiles fixes foient » de même condition. Et pourquoi n'en fera pas l'Arc-enciel? Cette Iris, dis-je, fi belle, fi admirablement belle, qu'on a dit avec raifon qu'elle étoit fille de Thaumas » ? Le nom d'Electre, qu'on difoit être la mere de l'Arc-enciel, & qui fignifie fplendeur du Soleil ; & celui d' Aello qu'on. lui donnoit pour foeur, & qui veut dire Tempête, lui convenoient parfaitement, puifqu'il faut en effet, pour former ce Meteore, que le Soleil luife, & que le temps foit difpofé à la pluye ou à l'orage.

(5) Argon. (6) Met. 1.6.

1. 4:

20

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Iris étoit tellement attachée à Junon, qu'elle ne la quittoit jamais, & Callimaque nous apprend que quand elle avoit befoin de repos, elle s'appuyoit contre le trône de la Déeffe. C'est toujours Junon qui l'employe, & c'eft ainsi qu'Apollonius de Rhodes (5) nous apprend qu'elle l'envoya à Thetis, & qu'Ovide dit (6(, que cette même Déeffe voulant ap. prendre à Alcyone le naufrage de Ceyx fon mari, lui ordonna d'aller dans le palais du Sommeil. Cependant elle étoit quelquefois, mais rarement, la Meffagere de Jupiter, (7) Iliad.1.8. ainfi qu'il paroît par Homere (7), & par Valérius Flaccus (8); (8) Argonaut. mais fon emploi le plus important étoit d'aller couper le cheveu fatal des femmes qui alloient mourir ; car on étoit perfuadé que comme il falloit que ce fut Mercure qui par ordre de Jupiter fit fortir des corps les ames des hommes prêts à mourir, il falloit que ce fût Iris envoyée par Junon, qui délivrât celles des femmes. Auffi voyons-nous que Virgile qui

1. 4.

poffedoit parfaitement la Theologie des Grecs & des Romains, dit que Junon l'envoya pour couper ce cheveu fatal à Didon, après qu'elle fe fût percé le fein (a).

Cependant comme Iris n'étoit pas toujours occupée à de femblables emplois, elle avoit foin dans fes momens de repos, de l'appartement de fa maitreffe, dont Theocrite dit qu'elle faifoit le lit. Lorfque Junon revenoit des Enfers dans l'Olympe, c'étoit Iris qui la purifioit avec des parfums, ainsi que nous l'apprend Ovide (1).

Telle eft l'idée que les Poëtes donnent de cette Déeffe, idée qui n'a pour fondement que la Physique, en confiderant Junon comme l'air groffier où fe forme le mercore de l'Arcen-ciel.

(a) Tum Jano omnipotens longum mife- | Sed misera ante diem, fubitoque accenfa furata dolorem,

Difficilefque obitus, Irim demifit Olympo, Que luctantem animam nexofque refolvere crines,

Nam quia nec fato, meritâ nec morte peribat,

rore,

Nondum illi flavum Proferpina vertice cri

nem

Abftulerat, flygioque caput damnaveras

oxco.

(1) Met. 1, 4.

JE

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E vais renfermer dans ce Chapitre tous ces differens fu jets, lefquels ont un grand rapport l'un à l'autre ; mais pour éviter la confusion, je ferai de chacun un Article féparé.

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ON ne fçauroit difconvenir que les Grecs n'ayent fou vent, ou pour parler plus jufte, prefque toujours confondu le Soleil avec Apollon. Il feroit peut-être inutile d'entaffer des autorités pour prouver un fait fi conftant: cependant je citerai celle de Platon, qui dans fon Cratyle affure qu'Apollon:

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Deor. 1.3.

(1) De Nat. eft le même que le Soleil; celle de Ciceron, qui dit (1) que le Soleil & la Lune font deux Divinités, dont l'une s'appelle Apollon, & l'autre Diane; enfin celle de Plutarque qui nous apprend que prefque tous les Grecs croyoient qu'Apollon étoit le même que le Soleil. Cependant dans l'ancienne Mythologie ces deux Divinités étoient diftinguées l'une de l'autre ; & j'efpere le prouver fans replique.

(2) De Diis Syriis Synt.

(3) Sat. 1.

C. 17.

(4) De Idol.

1. 2. c. 12.

Je n'ignore pas que j'ai de grands Adverfaires à combattre; que Selden (2) dit que les enfans même fçavent que le Soleil eft 1. le même qu'Apollon; que Macrobe (3) après avoir mûrement examiné cette queftion, décide pour l'affirmative; que Voffius (4) employe pour la prouver toute fon érudition, ainsi qu'Aleander, dans l'explication de la Table Ifiaque; mais malgré ces autorités je foutiens qu'on les regardoit en un fens comme deux Divinités differentes, quoiqu'on les confondît dans l'autre. Je m'explique: les Payens reconnoiffoient, comme on l'a déja dit, des Dieux Phyfiques, le Ciel, la Terre, les Aftres; & des Dieux animés. Or je foutiens qu'on n'a jamais cru que le fils de Jupiter & de Latone, qui chaffé du ciel fut obligé de garder les troupeaux d'Admete; le pere ou le Protecteur des Mufes, le Dieu des Oracles; Apollon, en un mot, fut le même que le fils d'Hyperion & de Thya, ce Dieu qui éclairoit le monde, cet Aftre qui portoit par tout la chaleur & la fécondité,qu'on nomme le Soleil. Que les Philofophes qui ont tant rafiné au fujet de la Religion établie, les ayent confondus, le vulgaire, c'est-à-dire, la Religion dominante les a toujours diftingués: en voici des preaves qui fouffrent peu de replique. Cette diftinction se trouve formellement dans le Traité célebre que nous avons, entre (5) Marm. les Magnefiens & les Smyrnéens (5); ces deux Peuples y jurent par la Terre, par le Soleil, par Mars, &c. & Mars, &c. & par Apollon. Spon rapporte une Infcription déterrée à Utrect, qui eft conçue ainfi A Jupiter très-bon & très-grand, à l'invincible (6) De Civ. Soleil, à Apollon, &c. Varron, dans faint Auguftin (6) en nommant vingt Dieux, qu'il appelle les Dieux choifis, en fait deux du Soleil & d'Apollon. Artemidore place l'un parmi les Dieux du ciel, l'autre parmi ceux de l'Eter. On lit dans

Oxon. init.

Dei. 1. 7. c. 7.

une ancienne Epigramme Grecque, Pythius, c'est-à-dire, Apollon Pythius eft honoré à Delphes: les Rhodiens font fous la protection du Soleil ; ou comme s'exprime Sidonius Apollinaris, qui femble avoir eu en vûe cette Epigramme: Le Soleil eft favorable à Rhodes, Delius ou Apollon l'eft à Tymbrée (1). Les (1) L. 2. c. 3 5. Medailles & les autres monumens repréfentoient differem(2) Spon. ment ces deux Divinités (2), Jovi O. M. fummo exuperantiffimo, Mifc. fec. 3. Soli invicto, Apollini,&c. Sur une de Lucius Valerianus, Apol- p. 72. lon paroît fous la figure d'un jeune homme qui tient fon arc à la main, & fur une autre d'Antonin, il porte fa lyre & une patere; au lieu que dans celles d'Hadrien & des deux Gordiens, d'Aurelien & de quelques autres Empereurs, le Soleil paroît la tête environnée de rayons, tenant un globe à la main gauche; ce qu'on n'observe jamais fur les figures d'Apollon..

A tant de preuves que m'a fournies le fçavant Evêque d'Ha dria (3), je vais en joindre encore de plus fortes.

(3) De If. de

Homere, dont le témoignage eft ici d'un grand poids, Bel. p. 279. les diftingue réellement en plus d'un endroit de fes deux Poëmes. Lucien en fait auffi deux Divinités, puifqu'il dit

que

le Soleil étoit un des Titans, conforme en cela avec Diodore de Sicile, qui dans l'endroit où il parle des Atlantides (4) dit que le Soleil étoit fils d'Hyperion & de la Reine, c'eft-à-dire, de cette fille d'Uranus & de Titaïa, qui fut toujours appellée la Reine (a). Il eft vrai que comme la Mythologie ancienne varie infiniment fur toutes ces matieres, elle confond quelquefois le Soleil avec Hyperion lui même; mais toujours convient-elle que le Soleil n'étoit pas le même qu'Apollon. Si ces deux Divinités étoient diftinguées par leurs genealogies, elles l'étoient auffi par leurs enfans. Efculape, par exemple, fans parler des autres, paffa toujours pour le fils d'Apollon, comme Etès, Roi de la Colchide, fut regardé comme fils du Soleil ; & fi Venus, irritée contre la pofterité du Soleil, qui avoit découvert fon adultere, la per fecuta jufqu'à jetter dans les plus honteufes proftitutions

(a) Voyez ce qui en a été dit dans la Theog. des Atlantides, Tom. I. liv. 2.

(4) L.3.0.29.

Pafiphae fille d'Atès, & Phedre fa petite fille, elle ne s'acharna jamais contre les enfans d'Apollon.

Les marbres & tous les anciens monumens les diftinguent auffi, & les repréfentent différemment. On peut ajouter encore que dans le monument antique où eft repréfenté l'adultere de Mars & de Venus, Apollon paroît avec les autres Dieux appellés à ce fpectacle, furpris comme tous ceux qui s'y trou vent, pendant que c'étoit le Soleil qui avoit averti Vulcain de cette intrigue. Mais ce qui prouve encore la diftinction que j'ai deffein d'établir, c'eft l'étendue & l'univerfalité du culte du Soleil, la grande & la premiere Divinité de tous les Peuples idolâtres, ainfi qu'on l'a prouvé dans le premier Volume. Les Egyptiens, les Arabes, les Pheniciens, les Perfes & les Cappadociens, fans nommer les autres Peuples, adoroient le Soleil, avant qu'on eût oui parler de l'Apollon Grec. Ajoutons que les Temples de l'un & de l'autre étoient fouvent diftingués, ainfi que les ceremonies de leur culte.

J'ai dit que les monumens qui nous restent représentoient le Soleil autrement qu'Apollon. En effet ils nous font voir le Soleil fous la figure d'un jeune homme prefque nud, n'ayant qu'une espece de manteau fur fes épaules, avec la tête rayonnante, & monté sur un char tiré par quatre chevaux, qu'il preffe à coups de fouet. Quelquefois il paroît vêtu; & avec les rayons qui environnent fa tête, fe voit le boiffeau, fymbole de Serapis, qui étoit fouvent pris pour le Soleil, portant d'une main la corne d'abondance, qui marque qu'il la procure à l'univers en le parcourant chaque jour. Sur d'autres monumens on le voit fortir d'un antre, monté fur fon char, pour marquer le lever de cet Aftre qui va commencer fa car

riere.

Les Mythologues remarquent que les chevaux qui conduifent le char du Soleil, ne font pas de front, mais que quelquefois ils font tournés vers les quatre parties du monde ; & c'eft ainfi qu'il paroît dans un monument publié par M. de la Chauffe, & dans une médaille de Beger; cependant dans une autre medaille du meme Auteur, ils font de front. On lit fur ces deux médailles, la legende ordinaire de Sali

invicto

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