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Pour les accorder, Paulmier de Grantmenil dit avec beaucoup de vraisemblance (1), qu'il y a eu deux perfonnes de (1) Dans fa ce nom, l'un Roi d'Elide; l'autre, qui étoit ce Berger fi ce- Grece. lebre du mont Latmus: en effet file Berger étoit le même que

le Roi d'Elide, comment peut-on diftinguer deux Endy

mions?

Le Dieu

Je devrois parler ici du Dieu Lunus, qu'on trouve fur quelques monumens; mais j'en ai dit affez sur son sujet dans Luaus. Hiftoire des Dieux de l'Orient. On fçait d'ailleurs que les Payens donnoient quelquefois les deux fexes à leurs Dieux. Comme j'ai dit dans l'Hiftoire du Soleil un mot de l'Aurore La Nuit. qui devance fon lever, je dois parler ici de la Nuit, que les Anciens regardoient auffi comme une Divinité. Hefiode nous apprend qu'elle étoit fille du Chaos, & felon les Mythologues, c'étoit la plus ancienne des Divinités. Il eft vrai en effet que les tenebres ont été avant la lumiere, & c'est ainfi qu'on doit juger de cette chimerique Divinité, & qu'on doit entendre l'auteur d'un hymne qu'on attribue à Orphée, où la Nuit eft nommée la mere des Dieux & des hommes. Theocrite la repréfente courant fur un Chariot précedé des Aftres du Firmament. D'autres lui donnent des ailes, comme à l'Amour, & à la Victoire ; mais Euripide (2) l'a mieux (2) Dans la dépeinte, en la reprefentant fur fon char, accompagnée d'é- Trag. Intit. toiles, & environnée d'un grand voile noir. Ce portrait s'accorde affez avec un deffein qui fe trouve dans un Manuscrit de la Bibliotheque du Roi, que le P. de Montfaucon nous a donné dans fa Paleographie, où cette Déeffe paroît vétue de noir, avec un voile parfemé d'étoiles, qui voltige fur la tête, ayant fon flambeau tourné en bas, comme fi elle vouloit l'éteindre. Les Anciens donnent à la Nuit plufieurs enfans tous perfonnages metaphoriques; la Douleur, la Crainte, l'Amour, l'Envie, la Vicilleffe, &c. dignes fruits de cette Déeffe & de l'Erebe leur pere.

Ion.

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(1) De Nat. Deor. 1. 3.

C

CHAPITRE XVI.

Des Muses.

OMME Apollon étoit le conducteur des Mufes, d'où il avoit pris le nom de Mufagetes, il eft jufte de parler prefentement de ces Déeffes. Rien de plus connu dans les Poëtes que les Mufes, qu'ils invoquent à chaque moment; & rien en même temps de plus obfcur, que ce que la Mythologie rapporte à leur fujet. En effet, les Anciens varient également fur leur origine, fur leur nombre, fur leurs attributs, & fur leurs noms.

Hefiode qui a employé les cent dix-fept premiers Vers de fa Theogonie, à invoquer les Mufes, & à célebrer leur mémoire, dit qu'elles étoient neuf, filles de Jupiter & de Mnemofyne. 11 les appelle Heliconiades, parce qu'elles habitoient fur le mont Helicon, & Pierides parce qu'elles étoient nées dans la Pierie. Ce Poëte qui leur donne les noms que j'expliquerai dans la fuite, dit que quand elles étoient dans l'Olympe, elles chantoient les merveilles des Dieux, furtout de Jupiter leur pere; qu'elles connoiffoient le paffé, le prefent, & l'avenir, & que rien ne rejouiffoit tant la Cour célefte, que leurs voix & leurs concerts. Il ajoute enfin que c'étoient elles qui lui avoient appris la Poësie, & lui avoient infpiré tout ce qu'il alloit dire dans fa Theogonie.

Ciceron (1) en compte d'abord quatre, Thelxiopé, Acedé, Arché, Meleté, filles du fecond Jupiter. Après cela, neuf, qui ont eu pour pere le troifiéme Jupiter, & pour mere Mnemofyne. Autres neuf encore, qui n'ont pas d'autres noms que les précedentes, & qui font nées de Piérus & d'Antio pe: les Poëtes ont coutume d'appeller celles-ci Pierides & Piériennes.

Varron n'en admettoit que trois. Les Muses, difoit-il, défignent le chant: or le chant ne s'executant que de trois

manieres, ou avec la voix, ou avec les inftrumens à vent,
ou enfin avec ceux qu'on touche des mains, il ne doit y avoir
trois Muses. D'autres Anciens croyoient qu'il y en a eu
que
neuf. L'un rapporte qu'elles étoient filles de Pierus, l'autre
dit que Jupiter étoit leur pere. Mufée prétend quelles étoient
filles du ciel; plufieurs autres leur donnent la Terre pour
mere. Saint Auguftin rapporte d'après Varron, que dans une
ville, qu'on croit être celle de Sicyone, on avoit employé
trois habiles ouvriers à faire chacun les trois Statues des Mu-
fes, dans le deffein de confacrer celles qui feroient les plus
belles; mais qu'on les trouva fi bien faites, qu'on les prit tou-
tes neuf pour les confacrer dans le Temple d'Apollon.

Paufanias (1) nous a confervé les noms des trois Statuaires (1) In Beot. dont parioit Varron, & il les appelle Chephifidote, Strongylione, & Olympheoftene.

Hefiode.

Diodore de Sicile (2) donne aux Mufes une origine plus (2) Liv. 4. ancienne. Si nous en croyons cet Auteur, ces Déeffes, fi fameufes parmi les Grecs, étoient d'habiles Chanteufes qu'Ofiris menoit avec lui dans fes conquêtes, & aufquelles il avoit donné pour chef Apollon l'un de fes Generaux : voilà peutêtre ce qui a fait donner à ce Dieu le nom de Mufagete, ou de Conducteur des Mufes, auffi-bien qu'à Hercule, qui avoit été comme lui été un des Generaux d'Ofiris. M. le Clerc (3) croit que la (3) Notes fur fable des Mufes vient des concerts que Jupiter avoit établis en Crete. Si on l'en croit, ils étoient compofés de neuf filles qui formoient fon Academie Royale de Mufique. Il ajoute que ce Dieu n'a paffé pour le pere des Mufes , que parce qu'il eft le premier parmi les Grecs, qui à l'imitation de Jubal, avoit un concert reglé; & qu'on a donné à ces Chanteuses Mnemofyne ou la Mémoire pour mere, parce que c'est elle qui fournit la matiere des Vers & des Poëmes.

On ne varie pas moins fur le nom des Mufes que fur leur origine. Diodore dit qu'il vient de Mifin, qui fignifie, enfeigner des chofes relevées. M. le Clerc dérive ce nom de Motfa, inventer; M. Huet le fait venir du nom de Moyfe. Les autres étymologies qu'en donnent Platon & Suidas, en tirant ce mot de celui d'Inquifitio, approchent affez de celles que

je viens de rapporter. Mais comme les Mufes furent célebres & fort honorées dans la contrée de la Macedoine qu'on appelloit anciennement Piérie, long temps avant que leur culte fût connu fur le mont Parnaffe & fur l'Helicon, il eft très-vraisemblable que c'eft dans cette Province qu'elles ont pris leur origine. Ce fentiment eft conforme à ce qu'on lit dans l'Abregé Chronologique de M. Nevvton. Ofiris, dit cet illuftre Auteur, avoit marié une des Chanteufes qui l'avoient suivi dans fes expeditions, avec Eagrius Roi de Thrace, & de ce mariage nâquit Orphée. Les Muficiennes de ce Conquerant, ajoute-t-il, devinrent célebres dans la Thrace, fous le nom de Mufes, & les filles de Pierus, Thracien d'origine, ayant appris leur Mufique & imité leurs Concerts, prirent le nom de ces Déeffes. Voila ce qui a fait dire que les Mufes étoient filles de ce Pierus.

Comme les anciens Auteurs & les Monumens confon'dent fouvent les noms des neuf Mufes, & les fymboles qui les repréfentent, il eft bon de rapporter ici la maniere la plus ordinaire de les nommer & de les peindre. Clio, la premiere des Muses, qui prend fon nom de la gloire, ou de la renommée, tient une Guitarre d'une main, & de l'autre un Plectre au lieu d'archet; elle est, à ce qu'on croit, l'inventris ce de la Guitarre.

Euterpe, ainfi appellée parce qu'elle rejouit, a un masque à fon côté gauche, & une maffue à la main droite. Elle a inventé la Tragedie, ce que fignifie le mafque qu'elle porte. Sa double face qu'on trouve dans une Medaille, ne s'obser ve pas ailleurs : elle tient la maffue d'Hercule, peut-être parce que la Tragedie représente les Heros, entre lefquels Her cule eft le plus illuftre; d'autres affûrent que la maffue mar que Thalie, pour la raison que nous dirons plus bas : ils croyent auffi que c'eft Thalie qui a la double tête. Spon qui a publié un beau Marbre qui repréfente les Mufes, les a quel quefois confondues.

Thalie, ou la floriffante, qui a inventé la Comedie, tient auffi un mafque de la main droite: les Medailles la représentent appuyée contre une colomne.

Melpomene, ou l'attrayante, eft diftinguée par le Barbiton. Terpsichore, c'eft-à dire, la divertijante, l'eft par des flûtes qu'elles tient, tant fur les Medailles que dans les autres Monumens

Erato, ou l'aimable, n'eft pas aifée à diftinguer.

Polyhymnie, ainfi appellée de la multiplicité des Chan fons, & non pas, de la fidélité de la memoire, comme quel ques Auteurs l'ont prétendu, fe trouve fur quelques Medail les. On la peint avec une lyre, comme inventrice de l'harmonie; c'est le Barbiton qu'Horace lui donne.

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Uranie, ou la Céleste, eft l'inventrice de l'Aftronomie, & tient un Globe à la main dans les Medailles ce globe eft: pofé fur un trepié.

Calliope, ainfi appellée de la douceur de fa voix, tient un volume, comme inventrice du Poëme héroïque.

Apollon a toujours été regardé par les Poëtes comme le chef & le conducteur des Mufes; & rien n'eft fi charmant que ce qu'on dit des concerts du Parnaffe aufquels ce Dieu préfidoit, & où elles chantoient d'une maniere capable de charmer également les hommes & les Dieux. Mais on ne s'eft pas contenté de leur donner Apollon pour conducteur, Hercule a eu la même qualité, & c'eft de là que lui eft venu le furnom de Mufagete, comme nous le dirons dans fon hiftoire..

Voffius a eu de la peine à comprendre comment les Anciens ont pu croire que les Mufes étoient des Déeffes guerrieres mais puifqu'elles étoient confacrées à Apollon & à Bacchus, qui felon Diodore, avoient paffé leur vie à faire la guerre, pourquoi ne regarderoit- on pas comme des guerrieres, les femmes qui les accompagnoient dans leurs conquêtes? D'ailleurs les Mufes ont été fouvent confondues avec les Bacchantes, & il eft sûr, felon Plutarque (1), qu'on (1) Apopht, leur faifoit des facrifices dans la Grece, avant que de donner bataille.

L'avanture des Mufes qui fe retirent chez Pyrenée, & qui font obligées de demander aux Dieux des ailes pour fe fauver, eft felon Platarque une metaphore, qui nous apprend

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Lacon.

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