Imágenes de páginas
PDF
EPUB

(1) Var. Hift. L. 1.c.27.

que tous les jours après le coucher du Soleil, on honoroit le premier comme un Heros, & l'autre comme un Dieu.

Adephagia.

LES Siciliens reconnoiffoient Adephagia, Déeffe de la gourmandife, & fi nous en croyons Elien (1), elle avoit un Temple dans lequel on avoit mis la ftatue de Cerès. Ciceron dit auffi qu'ils honoroient comme une Déesse la ville (2) In Verr. d'Himera (2). On ne fçait rien d'Autematia, ou le Hazard, finon que Timoleon lui fit bâtir un Temple; ni d'Ergané adorée comme une Divinité par les defcendans de Phidias, ainfi que nous l'apprend Paufanias : ni des Gemetyllides, qui, fui(3) In Attic. vant le même Auteur (3), avoient leurs ftatues à Athenes, auprès de celle de Venus Coliade.

Le Dieu, bon ou le bon Génie.

On adoroit encore un Dieu, ou plutôt un Genie nommé Azagos beds, le Dieu bon, ou le bon Génie. Son Temple, fi (4) In Arc. nous en croyons Paufanias (4), étoit à gauche du chemin qui conduifoit au mont Ménale. Ce Dieu étoit invoqué par Bûveurs, ce qui l'a fait confondre quelquefois avec Bacchus.

(s) la CoFinch.

(6) Ia Ly

curg.

La Néceffité, & la Violence.

les

Ce que nous fçavons de la Néceffité & de la Violence, eft que leur Temple, fuivant Paufanias (5), étoit dans la citadelle de Corinthe.

·Deus Rifús.

Plutarque (6) nous apprend que Lycurgue avoit mis le Rire, Rifus, au nombre des Dieux. Paufanias en fait auffi (7) Cet Au- mention (7); & dit que quelques Peuples de Theffalie céteur l'appelle lebroient fa fête avec une gayeté qui convenoit parfaitement

γελώτος θεός.

à ce Dieu.

[ocr errors]

L'Amitié.

L'AMITIE' que les Grecs nomment oxía, étoit une Déeffe dont les Anciens parlent peu, & on ne fçait fi elle avoit des Temples & des Autels. Le temps même ne nous en a confervé aucune représentation. Cependant Lylio Giraldi (1) rapporte un fragment de quelques Sentences Hébraï- (1) Synt. 1. ques traduites avec des fcholies, où on trouve ces paroles: Les Romains repréfentoient l'Amitié comme une jeune femme, la tête découverte, vêtue d'un habit groffier, au bas duquel étoient écrits ces mots, la mort & la vie, pendant qu'on lifoit fur fon front ces autres mots, l'Eté & Hyver elle avoit la poitrine découverte jufqu'à l'endroit » du cœur, où elle portoit la main, & on y voyoit ces paroles, de loin de près. Symboles qui marquoient que l'Amitié ne vieillit point, qu'elle eft égale dans toutes les faifons, dans la préfence comme dans l'absence; à la vie & à la mort ; qu'elle s'expofe à tout pour fervir un ami, & qu'elle n'a rien de caché pour lui.

La Faveur.

TOUT ce qu'on fçait de la Déeffe Faveur, eft qu'Apelles en avoit fait un excellent tableau.

Les Prieres, Artal.

Les Prieres, felon Hesiode (2), étoient filles de Jupiter, fœurs plaintives qu'on rebutoit plus fouvent qu'on ne les écoutoit. Homere dans le difcours de Phoenix à Achile (3) en fait un portrait charmant : « Car vous devez fçavoir, dit Phoe»nix, que les Prieres font filles de Jupiter; elles font boi» teuses, tidées, toujours les yeux baiffés, toujours rampantes & toujours humiliées. Elles marchent toujours après l'Injure, car l'Injure altiere, pleine de confiance en fes pro• pres forces, & d'un pied leger, les devance toujours, &

Dddd iij

(2) Theog.

(3) II. 1. 9.

(1) De Eap. Alex.

[ocr errors]
[ocr errors]

parcourt la terre pour effrayer les hommes, pendant que » les humbles Prieres la fuivent pour guérir les maux qu'elle » a faits. Celui qui les refpecte & qui les écoute en reçoit de grands fecours: elles l'écoutent à leur tour dans fes besoins, " & portent fes vœux aux pieds du grand Jupiter, &c. » Les Mythologues ont tiré de ce portrait plufieurs explications mais il ne faut bas beaucoup rêver pour voir qu'Homere a dit que les Prieres étoient boiteufes, parce qu'elles ne fuivent pas toujours de près l'injure qui les occafionne; qu'elles font ridées & ont les yeux baiffés, parce qu'on ne s'adreffe que tard & d'une maniere humiliée à celui qu'on veut Aéchir après l'avoir offensé, ainsi du reste.

La Pauvreté & les Arts.

ARRIEN (1) nous apprend que les Gadariens adoroient la Pauvreté en même temps que les Arts qu'ils joignoient ensemble dans le même culte, parce qu'en effet la Pauvreté est la mere de l'Invention. Plaute, dans le Prologue d'une de (2) In Trim. fes Comédies (2), fait jouer un perfonnage à cette Déeffe, & dit qu'elle étoit fille de la Débauche. Platon, ainsi qu'on l'a dit ailleurs, lui donne l'Amour pour fils.

A

CHAPITRE VII.

De quelques Dieux particuliers aux Romains.

VANT que de parler de ces Dieux peu connus hors de Rome, il eft néceffaire de donner en racourci un tableau de la Religion Romaine, & des differens changemens qu'elle reçut depuis Romulus jufqu'aux derniers Empereurs Payens. J'ai dit au commencement de ce Volume que les Romains, après avoir adopté prefque tous les Dieux des Grecs, & de la plupart des Nations qu'ils avoient conquifes, avoient encore chargé leur Calendrier d'un grand nom¬

bre d'autres qui leur étoient particuliers ; & qu'ainfi la Théologie de ce Peuple étoit de toutes celles du Paganisme la plus remplie de fuperftitions & de céremonies. Mais il faut remarquer en même temps que toutes ces additions n'arriverent qu'en differens temps, & qu'à confidérer cette même Religion dans fon origine, elle étoit beaucoup plus fimple & plus degagée de fuperftitions qu'elle ne le fut dans la

fuite.

Je commence d'abord par la confiderer du temps de Romulus; car quoique ce Prince femble ne s'être occupé que de la guerre & de l'établissement de fa nouvelle ville, il ne laiffa pas de fonger aux affaires de la Religion : j'ai pour garant Denys d'Halicarnaffe (1) qui dit qu'il rejetta tout le fyf- (1) Ant. tême de la Theologie poëtique des Grecs. Il trouva que Rom. 1. 1. leurs fables contenoient des chofes baffes, puériles, injurieuses à la Divinité, capables en un mot de corrompre les efprits foibles & vulgaires. De fimples mortels, ajoutoit Romulus, auroient honte qu'on leur reprochât ce qu'on impute aux Dieux fans aucun ménagement; ou qu'on voulût les honorer d'une maniere auffi licentieufe & auffi diffolue, qu'on honore ces mêmes Dieux. Ainfi plus Philofophe qu'on n'auroit ofé fe promettre de fon éducation, ce Prince accoutuma fes nouveaux fujets à n'avoir que des idées magnifiques de l'Etre fuprême, & à dédaigner toutes ces fictions qui entretiennent l'ignorance, & la crédulité fa compagne inféparable. De-là vint apparemment le mépris que les Romains eurent pour les Grecs; mépris qui s'accordoit & avec la dureté de leurs mœurs, & avec leur averfion pour toute espece de fervitude.

Mais je dois rapporter les paroles mêmes de ce fçavant Hiftorien, ne fût-ce que pour donner de Romulus une toute autre idée que celle qu'on a de ce premier Roi de Rome. Je ne puis affez admirer, dit cet Auteur, dans un feul hom» me les traits d'une fageffe fi étendue. Romulus étoit fuadé que le bonheur des Etats dépendoit de ces grands principes, que la plupart des Politiques font affez valoir mais que très-peufçavent exécuter. Il difoit qu'avant toutes

per

[ocr errors]
[ocr errors]

chofes il falloit fe rendre les Dieux favorables, parce que la profperité étoit l'effet la plus ordinaire de leur protection... Ainfi Romulus donna tous fes foins à l'exécution de ce grand projet, & commença par le culte des Dieux. Il leur bâtit des Temples, leur érigea des autels, leur dreffa des ftatues, expofa leurs images, les décora des marques de leur puiffance, & des fymboles propres à rappeller le fouvenir » de leurs bienfaits. Il inftitua des fêtes en l'honneur de chaque Dieu, des facrifices & des cérémonies différentes & proportionnées à la maniere dont ils veulent être honorés. » Il établit des folemnités publiques, où tout le peuple in» terrompant fon travail étoit obligé de fe trouver. Mais pour » ne rien faire qui ne fût conforme aux anciens ufages, il » confulta ce qu'il y avoit de plus faint, & de plus univer» fellement reçû dans la Religion des Grecs. Pour les fables qui font remplies de médifances, & qui font les Dieux au»teurs des crimes les plus énormes, il les rejetta toutes avec horreur; non-feulement comme frivoles & inutiles, mais » comme autant d'impietés, qui foumettoient les Dieux à des paffions dont les hommes mêmes devoient rougir. » Par-là il accoutuma les Romains à ne penfer & à ne parler jamais qu'avec refpect de la Divinité, bien loin de croire » les Dieux capables des faits honteux dont quelques fables » les ont chargés.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

20

:

« On ne lit point dans les Livres de ce temps-là, que les > enfans du Ciel ayent rendu leur pere impuiffant; que Saturne devorât les fiens, dans la crainte qu'ils ne lui enlevaffent la » couronne ; que Jupiter ait détrôné Saturne, & qu'il l'ait » tenu enfermé dans les prifons du Tartare il n'y eft point fait mention des combats des Dieux, ni de leurs blessu» res, ni de leurs chaînes, ni de leur exil. On n'y voit point » de fêtes lugubres, ni de triftes cérémonies, où l'on fe la» mente, où l'on verfe des pleurs, & où des meres éplorées » fe plaignent de la cruauté des Dieux. Tout corrompus que font à préfent les Romains, on ne nous représente point de Corybantes. Ces affemblées fecrettes, ces courses noc>turnes de Bacchantes, ces libertés affreufes des deux fexes

පා

[blocks in formation]
« AnteriorContinuar »