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rapport de quelques-uns des Eléens, Jupiter y difputa le Royaume à Saturne, & que felon d'autres, Hercule Idéen établit ces Jeux, en memoire de la victoire remportée sur

» les Titans ». Le même Auteur dit dans fon Voyage d'Arca

die (1), que ces Curetes difputerent dans ces Jeux le prix de (1) Ch. 2; la course.

Enfin pour qu'il ne manquât rien à la gloire & à la célébrité des Curetes, on leur éleva des Temples après leur mort. Paufanias (2) parle de celui qu'ils avoient dans la Messenie, (2) In Meffen. où l'on facrifioit toutes fortes d'animaux.

Ce qu'on doit penfer du

partage du

freres.

fait

(4) Liv. 3.

De toutes les fables qu'on a vues dans l'Hiftoire de Jupiter, il ne me refte à expliquer que celle du Partage du monde en tre les trois freres. L'Empire des Titans, comme nous l'a- monde, vons dit, étoit extrémement étendu : ces Princes poffedoient entre les trois la Phrygie, la Thrace, une partie de la Grece, l'Ifle de Cre te, & plusieurs autres Provinces (3). Sanchoniathon femble __ (3)V Dom même y joindre la Syrie: Diodore (4) y ajoute une partie de Pezron. l'Afrique & les Mauritanies. Jupiter l'augmenta de beaucoup, & après avoir défait le parti des Titans, il fongea à partager fes Etats avec fes freres. Il garda pour lui les Pays Orientaux, ainfi que la Theffalie & l'Olympe. Pluton eut les Provinces d'Occident, jufqu'au fond de l'Efpagne qui eft un pays fort bas par rapport à la Grece; & Neptune fut établi Amiral des Vaiffeaux de Jupiter, & commanda sur toute la Méditerranée. Voilà fans doute ce qui a donné lieu à la fable de ce partage du monde, & ce qui a fait regar der ces trois freres comme trois Divinités fouveraines dans leurs départemens. Dès-lors on prit l'Olympe, où demeu roit Jupiter, pour le Ciel; & l'on ne parla plus de l'Espagne, où Pluton faifoit travailler aux Mines, que comme d'un Royaume fombre, & couvert des plus épaiffes,ténébres, & on en fit le féjour ordinaire des morts.

Je fçais que plufieurs Sçavans font perfuadés que c'est le Partage entre les trois fils de Noé, qui a donné lieu à la fable d'un femblable partage entre Jupiter, Neptune & Pluton; mais quand on leur accorderoit que les Payens avoient appris cette tradition, qui véritablement devoit être fort répandue,

puifqu'elle étoit connue même dans le Perou, fi nous en

conquêtes de

(1) Hift. des croyons Garcilaffo de la Vega (1), il n'en feroit pas moins Incas, p. 84. vrai, que ces Princes Titans partagerent leurs la maniere que je viens de le dire.

de la dern. édit.

Le fçavant Pere Tournemine, dans le Projet qu'on a déja cité, dit que les Payens, fur la Tradition du partage des en fans de Noé, imaginerent celui du monde entier entre trois Divinités, dont l'une gouvernoit le Ciel & la terre, à qui ils donnerent le nom de Zeus, qui eft un abregé du nom ineffable de Jevo ou Jeova: la feconde, l'Enfer, à qui ils donnerent pour cela le nom d'Ades, qui veut dire perte, ou Orcus, ténébreux, ou Pluton, Dieu des richeffes, à cause des Mines qui font dans la terre: Et la troifiéme regnoit sur la mer, qu'ils appellerent pour cela, ou Pofeïdon, qui veut dire Brife-Vaiffeaux, ou Napha, couler.

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Cependant je crois que dans le fond, & dans la bonne Mythologie, c'étoit Jupiter qui reprefentoit le Dieu fouverain, qui gouvernoit en même temps le Ciel, laTerre & l'Enfer, (3) In Co-fous trois différens noms. C'eft ce que penfoit Paufanias (2), à sinth. c. 24. l'occafion d'une Statue en bois de Jupiter, qui étoit à Argos dans un Temple de Minerve. Cette Statue, dit-il, avoit deux yeux, comme la nature les a placés aux hommes, & » un troifiéme au milieu du front. On affure que c'est le Jupiter Patrois, qui étoit dans le Palais de Priam en un lieu découvert, & que ce fut à fon Autel, que cet infortuné Roi fe refugia, après la prife d'Ilion..... Ôn peut raifonnable»ment conjecturer, que Jupiter a été ainfi representé avec » trois yeux, pour fignifier qu'il regna premierement dans le Ciel, comme tout le monde en convient ; fecondement dans les Enfers: car le Dieu qui, fuivant la fable, tient fon Empire dans ces lieux fouterrains, eft auffi appellé Jupiter » par Homere, fuivant ce vers

(3' Iliad. 19. verf. 457.

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Jupiter infernal & fa terrible Epoufe (3).

Troifiémement enfin fur les mers, comme le temoigne
Efchile fils d'Euphorion. Quiconque a donc fait cette

Statue, je crois qu'il lui a donné trois yeux, pour faire enten❤ qu'un seul & même Dieu gouverne les trois parties du mon» de, que les autres difent être tombées en partage à trois Divinités differentes ».

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COMME Jupiter étoit la grande Divinité du Paganisme, & qu'il étoit généralement adoré depuis l'Egypte jufqu'au fond de l'Espagne. On ne fera pas furpris du grand nombre de noms & de furnoms que lui avoient donné les Peuples differens qui avoient reçu fon culte. La plupart de ces noms étant tirés des lieux où il étoit honoré, ou de ce qui avoit donné lieu aux Temples, aux Chapelles & aux Autels qui lui étoient confacrés , je me ferois volontiers difpenfé de les rapporter tous; mais comme ils fe trouvent fur d'anciens monumens, dans les Inscriptions, & dans la plupart des Auteurs, fur-tout dans les Poëtes, j'ai cru qu'il falloit les faire connoître le plus fuccintement qu'il étoit poffible, & j'efpere d'adoucir la féchereffe de cette efpece de Litanies, par les traits d'histoire qui ont donné lieu à ces differentes dénominations.

L'épithete la plus ordinaire qui fervoit à défigner Jupiter, étoit celle d'Optimus Maximus on lui donnoit auffi parmi les Grecs & les Romains, celle de Pater, ou de Pere, parce qu'il étoit regardé comme le pere des Dieux & des hommes. Celle de Roi lui eft donnée par Homere & par Virgile; & les Sacrifices qu'on faifoit à Lebadie, lui étoient offerts comme à Jupiter Roi. Cette même qualité lui est donnée deux fois par Xenophon dans fa Cyropedie.

On l'appelloit aufli Tout-puiffant, comme on le voit dans Virgile, & dans les autres Auteurs. L'épithete de Victor, ou de Victorieux lui étoit donnée, ou parce qu'il avoit vaincu les Titans & les Geants, ou parce qu'on croyoit que rien ne pouvoit lui réfifter. Nous lifons dans Tite - Live (1), que (1) Liv. 10 Papyrius prêt à combattre, lui voua un Temple fous ce

nom (a). Les Romains lui avoient inftitué fous ce même nom une fête qui fe célébroit au mois d'Avril, comme nous (1) De. Civ. l'apprenons d'Ovide (b). Saint Auguftin (1) dit que les mêmes Romains célébroient en fon honneur aux Ides de Juin, une fête sous le titre de Jupiter invincible.

Dei.1.7.

Toutes les fois qu'on croyoit avoir reçu quelque bienfait de ce Dieu, on lui deftinoit quelque cérémonie, & on lui donnoit un nouveau nom : ainsi on l'appella Stator, parce qu'il avoit arrêté l'armée des Romains dans fa fuite: Mufcarius, & les Grecs Apomyius, qui veut dire la même chofe, & les Eléens lui donnerent ce nom en memoire de ce qu'il avoit chaffé les moûches qui incommodoient Hercule pen(2) In Eliac. dant un Sacrifice. Paufanias (2) dit qu'Hercule facrifiant à Olympie, & fe trouvant fort incommodé des mouches, il immola une Victime à Jupiter Apomyius, & que les mouches s'envolerent fur le champ au-delà de l'Alphée; depuis ce temps-là les Eléens faifoient tous les ans le même Sacrifice, , pour en être délivrés. Feretrius, quafi à ferendo, parce qu'il avoit fecouru les Romains ; vel à feriendo, à caufe qu'il avoit défait leurs ennemis (c), ce qui revient au même: Piftor, parce qu'on publia que pendant que les Gaulois affiégeoient le Capitole, il avoit averti la Garnison de faire du pain de tout le bled qui leur reftoit, & de le jetter dans le Camp ennemi, pour faire croire qu'ils ne feroient de long-temps réduits à manquer de vivres ; ce qui réuffit fi bien, que les en(3) V. Tite- nemis leverent le fiége (3): Lapis, à cause de la pierre que Saturne avoit dévorée à la place de Jupiter lui-même, & alors il étoit confondu avec le Dieu Terme. Le ferment que l'on faifoit par ce nom mystérieux, étoit très-refpectable, comme nous l'apprend Apulée, ainsi que je l'ai dit dans le premier volume, à l'Article des Serments. C'eft ce que Ciceron

Live.

(a) Papyrium in ipfo difcrimine, quo Bempla Diis immortalibus vovere mos erat; voville Jovi Victori, fi legiones hoftium fudiffet, fefe facturum: id votum Deis cordi fuit. Tit. Liv. loc. cit.

(b) Occupat Apriles Idus cognomine

Victor

Jupiter, hac illi funt data templa die;
Ovid. Faft.

(c) Properce dans l'Elegie de Jupiter Feretrien, parle ainfi ;

Nunc Jovis ineipiam caufas aperire Feretri
Armaque de Ducibus trina recepto

tribus.

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ad Trebatium

par les Grecs

appelle, Jovem lapidem jurare (1). Lucerius, ou Diefpiter, à (1) Epift. caufe qu'il étoit le Dieu de la lumiere, comme Aulugelle ad Famil. Ep. nous l'apprend (a); & c'eft pour cette raifon que l'on pre- Septimum. noit fouvent ce Dieu pour l'air : Pluvius (2), parce que dans (2) Appellé les grandes féchereffes on lui demandoit la pluye. Ce fut par Zeus episo ce motif que l'armée de Trajan, que la foif caufée par une grande féchereffe avoit réduite à l'extrémité, fit un vœu à Jupiter Pluvius; & il tomba dans le moment une grande quantité de pluye. En memoire de cet évenement on fit mettre dans la fuite fur la colomne Trajane la figure de Jupiter Pluvius ; & pour exprimer le fait, les foldats paroiffent recevoir l'eau dans le creux de leurs boucliers Ce Dieu y eft representé sous la figure d'un Vieillard à longue barbe, qui a des ailes, & qui tient les deux bras étendus, & la main droite un peu élevée; l'eau fort à grand flots de fes bras & de fa barbe. Les Atheniens l'honoroient fous ce nom, comme le remarque Paufanias (3), & (3) In Atticisë le nommoient Hymetius, à caufe de l'Autel qu'ils lui avoient confacré fur le mont Hymette. Prædator, parce qu'on lui confacroit une partie des dépouilles ; ce qui fait dire à Virgile:

Ipfumque vocamus

(4) Æneid.

Servius.

(5) Æn. I. 1.

In pradam, partemque Jovem (4). Tropauchus, à cause qu'il préfidoit aux triomphes: Hofpitalis, 13. Voyez parce qu'il étoit le Dieu de l'hofpitalité, comme le Poëte que je viens de citer nous l'apprend (5); & c'étoit le nom fous lequel il étoit le plus refpe&té. Lycaus, parce qu'on croyoit qu'il avoit changé Lycaon en loup.Il eft bon de fçavoir en troifiéme lieu qu'on lui donnoit encore d'autres noms,comme ceux de Pere des Dieux, de Très-bon, de Très-grand; de Moderateur, de Recteur, & plufieurs autres, qui marquoient fa fouveraineté fur les autres Dieux. On l'appelloit Acraus, comme qui diroit du Promontoire : les habitans de Smyrne l'honoroient fous ce nom dans un lieu élevé, ainfi qu'on le voit dans deux Medailles rapportées par Spon (6). Le nom de Maître des tempêtes & des vents, Tempeftatum potens, Ven- Erud. Ant. p. zorum potens, qui se trouve fur quelques Infcriptions, auffi bien (a) Lucerius dictus Jupiter, quòd nos die & luce, quasi vita ipfa afficeret & juvares.

74.

(6) Mife.

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