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Hercules Magufans représentés fur les Medailles de Pofthu me, ont mieux confervé les attributs de ce Dieu, quoiqu'ils fe reffentent un peu du temps où elles furent frappées.

.

Les Gaulois & les Germains donnoient encore d'autres furnoms à Hercule. Sur une Statue de bronze trouvée à Straf bourg, & qui depuis a paffé en France, ce Dieu porte le nom de Krutfanam, qui veut dire un vaillant homme; & fur un Autel trouvé en Lorraine, & deffiné par les foins du R.

P. Calmet, ce Dieu eft nommé Safcan, ou Hercule des Ro- (1) Hiftoire ches.

Jupiter, ou Taranis.

de Lorraine

QUE Jupiter ait été connu & honoré des Gaulois, la chofe n'eft pas douteufe: car outre que Cefar le met au nombre des Dieux de cette Nation, il eft représenté dans les basreliefs de la Cathedrale de Paris, avec le mot Jovis, qui eft fon veritable nom, puifque les Celtes, ainfi que nous l'avons dit dans l'Hiftoire des Titans, l'appelloient Jouy ou le Jeune. Le Mont Jou dans les Alpes, que les Latins appelloient Mons Jovis, qui lui étoit confacré, & qui porte encore le même nom, prouve également & que ce Dieu étoit en veneration dans les Gaules, & que Jou, dont Jovis eft le genitif, étoit fon veritable nom. Le jour de la femaine qui portoit fon nom, Dies Jovis, fe prononce encore dans toutes les Provinces meridionales de France, Di-Jou. Mais, ce Dieu n'at-il été connu des Gaulois que depuis la conquête des Romains, ou l'étoit-il anciennement? Les fentimens font partagés je fuis, pour moi, perfuadé que les Gaulois ont honoré ce Dieu avant les Romains; & puifque les Titans avoient conquis les Gaules, & penetré jufqu'au fond de l'Espagne, ainfi qu'on l'a dit dans leur Hiftoire, il eft plus que vraifemblaque dès que ce célebre Conquerant fut mis au rang des Dieux, il fut honoré dans tout fon Empire. Les Gaulois lui donnoient le nom de Taranis, au rapport de Lucien, & lui immoloient comme à Efus des victimes humaines. Nous avons déja dit ailleurs (2) que le furnom de Taranis répondoit à ce- (2) Hiftoire lui du Jupiter Tonant des Romains; ce qui prouve que les de Jupiter, PPPP

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Tome II.

LI.

1. 2. ch. 2.

uns & les autres le regardoient comme celui qui avoit en fon pouvoir la foudre & le tonnerre (a). Cependant cette Nation guerriere ne regardoit pas Jupiter, ou Taranis, comme le premier de leurs Dieux, & c'étoit Elus, ou Mars, qui étoit leur premiere & leur grande Divinité.

On doit penfer cependant, comme l'a remarqué l'Auteur (1) Tom. I. de l'Hiftoire de la Religion des Gaulois (1), que depuis que les Romains farent les maîtres des Gaules, le culte d'Efus alla toujours en diminuant, & que du temps même de Tibere, Jupiter étoit déja devenu le premier Dieu des Gaulois.

Pour ce qui regarde les ftatues du Jupiter des Gaules, les Antiquaires les regardent avec raifon comme des monumens qui ne commencerent à paroître que lorfque les Romains furént maîtres des Gaules; car anciennement ils ne repréfentoient ce Dieu que fous la forme d'un chêne brute, & fans être taillés pendant que les ftatues, qui font venues jufqu'à nous, reffemblent affez, & pour le goût, & pour leurs fymboles, à celles des Romains. Dans celle qui eft fur une des pierres de Notre-Dame de Paris, ce Dieu a le fein & le bras droit nuds, tenant une pique de la main gauche, & la droite étoit apparemment armée de la foudre, que le temps en a effacée, ou que les Ouvriers ont brifée. Une autre figure de ée Dieu, qui étoit autrefois au Mont-Jou, le repréfentoit couvert legerement d'un manteau qui lui defcendoit de l'épaule gauche, ayant les bras étendus, avec une couronné radiale, & tenant la foudre de la main droite. Le temps en a confervé encore quelques autres, mais qui n'ont rien de par ticulier (b).

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N_a'déja remarqué qu'un Conquerant, occupé de mille foins, n'a gueres le temps de s'informer de la Religion 'des Peuples qu'il fubjugue: ainfi il n'eft pas étonnant, 19. Si Jules Cefar ne nomme que cinq Dieux Gaulois, n'ayant cons nuni ceux dont on vient de faire mention dans le Chapitre précédent, ni ceux dont on parlera dans la fuite. 2°. Qu'il dife que Mercure étoit leur principale Divinité, puifqu'il eft für que c'étoit Efus. Quoiqu'il en foit, voici les cinq qu'il nom me (1), Mercure, Apollon, Mars, Jupiter & Minerve.

Mercure.

LES Gaulois, dit-il, honorent par deffus tous les autres le Dieu Mercure, dont ils ont un grand nombre de ftatues, & difent qu'il eft l'inventeur de tous les Arts, le Dieu des Negocians & des Marchands (a). Cefar ne dit point que les Gaulois donnaffent à ce Dieu un autre nom : & je croirois volontiers au contraire, qu'ils ne le connoiffoient pas anciennement fous le nom de Mercure, mais fous celui de Teutates; mais comme il voyoit la reffemblance de celui-ci avec le Mercure des Romains, il l'a appellé comme eux, fans s'embarrasser du nom qu'il portoit dans le pays. Il eft conftant en effet les Gaulois appelloient ce Dieu Teutates, ainfi que le dit Lucain (2), & qu'on lui immoloit comme à Efus des victimes humaines. Lactance (3) en parle de même que le Poëte que je viens de marquer les Gaulois, dit-il, fe rendoient Teutates favorable, par l'effufion du fang humain. Minutius Felix (4) dit encore la même chofe, ainfi que tous ceux qui ont fait mention de ce Dieu.

:

que

(b) Deum maximè Mercurium colunt ; nium inventorem artium ferunt. De Bell. njus funt plurima fimulachra: hune om

Gall. 6.

(:) De Bell Gall. 1. 6.

(2) Pharf. liv. 1.

(3) Divin. Inft. 1. 1.c. 2 5 .

(4) Ch. 30.

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Comme les Efpagnols honoroient auffi Teutates, dont le nom eft visiblement tiré du Thot, qui étoit le Mercure des Egyptiens & de quelques autres Peuples voifins, je fuis perfuadé que ceux-ci en avoient eu connoiffance par les Carthaginois, & qu'ils la communiquerent enfuite aux Gaulois, cat la Religion de ces deux Peuples avoit beaucoup de rapport, comme on le verra dans la fuite."

On m'objectera fans doute que la plupart des figures de Mercure, qu'on a déterrées en differens temps, reflemblent à celles des Grecs & des Romains, & portent les mêmes fymboles, & qu'ainfi c'eft de ces Peuples, & non des Egyptiens ou des Carthaginois, que les Gaulois en reçurent la connoiffance; mais je réponds qu'il faut avoir recours aux deux temps que j'ai diftingués dans la Religion de ces Peuples. Dans le premier, ils ne connoiffoient Mercure que fous le nom de eutates, & le repréfentoient de plufieurs manieres, toutes affez fingulieres, ainsi qu'on peut le voir dans le R. P. de (1) Ant. ex-Montfaucon (1), qui en a fait deffiner un grand nombre. pliq. Tom. I. Dans le fecond, c'eft-à-dire, lorfqu'ils furent foumis aux Romains, ils ajusterent l'idée qu'ils avoient de ce Dieu avec celle qu'en avoient leurs Vainqueurs, & le représenterent de la même maniere qu'eux. Cette diftinction fera fouvent néceffaire, ainfi qu'on le verra dans la fuite. D'ailleurs comme les Grecs, les Romains & les Gaulois avoient tous reçû d'Egypte la premiere connoiffance de ce Dieu, quoique par des colonies différentes, ils devoient en avoir conçu les uns & les autres à peu près la même idée, puifque les Egyptiens le regardoient eux-mêmes comme l'inventeur des Lettres, des Arts, &c.

feconde Part.

(2) Loc. cit.

Belenus, ou Apollon.

LE même Cefar, en difant que les Gaulois honoroient Apollon, ajoute qu'ils penfoient au fujer de ce Dieu comme les autres Peuples, & qu'ils croyoient qu'il guérifsoit les maladies Eamdem ferè quam reliquæ gentes habent opinionem, Apollinem morbos depellere (2). Les Gaulois honoroient ce Dieu fous le nom de Belenus, comme le prétendent presque

C. 24.

tous les Anciens, quoique Cefar ne le dife pas. M. della Torré, Evêque d'Hadria, a fait au fujet de Belenus une fçavante Differtation, dans laquelle il prouve que ce Dieu avoit été fort honoré à Aquilée dans le Frioul, ainsi que le prouvent grand nombre d'Infcriptions trouvées dans cette ville, & rapportées par Gruter & par Reinefius. D'Aquilée, suivant ce fçavant Prelat, le culte de Belenus fut porté chez les Peuples de la Norique, affez voifins d'Aquilée, ainsi qu'il le prouve par Tertullien (1), qui dit dans fon Apologetique: (1) Apolog Chaque Peuple, chaque ville a fon Dieu tutelaire; les Syriens, Aftarté; les Arabes, Difarès; les Noriciens, Belenus, &c. Ce même culte, continue-t-il, après avoir été reçû dans plufieurs autres pays, paffa enfin dans les Gaules, où Belenus devint une des grandes Divinités de ce Peuple (a); mais de toutes les Provinces des Gaules, il n'y en eut point où il fût plus que dans l'Auvergne (2), où fon nom étoit un peu cription de la changé, puifque fur une Infcription rapportée par Gabriel Si- Limagne dans meoni, if eft appellé Bellinus; & dans l'Aquitaine, ou la Bretagne, ainsi qu'on peut l'autorité d'Au- (1) De Prof. fone (3), qui étant de Bordeaux, fe trouvoit en état de con- Burd. Car. 4. noître les Dieux & la Religion de cette Province..

honoré

le

prouver par

(2)V.la def

d'Auvergne.

& 10.

(4) De Diis. Syr. Synt. 2.

Les Gaulois communiquerent la connoiffance de Belenus aux habitans de la grande Bretagne, qui l'honorerent au rapport de Selden (4), fous le nom de Belertucadès. Monfieur de Valois, dans fa Notice des Gaules, trouve auffi dans plu- c. fieurs autres Provinces de ces Peuples des veftiges du culte de Belenus ; & ni lui, ni l'Evêque d'Hadria, ni les autres Sçavans, ne doutent nullement qu'il ne foit le même que l'Apollon dont parle Cefar, comme en font foi les Infcriptions, qui joignent ordinairement le nom de Belenus à celui d'Apollon; Apollini Beleno.

Si on me demande maintenant d'où étoit venu à Aquilée, & de-là dans les autres pays dont on vient de parler, le culte de Belenus, & ce que fignifie ce nom, je repondrai

(a) Reinefius ne fait pas tenir la même route au culte de Belenus : il prétend au contraire que ce font les Gaulois qui le porterent à Aquilée; mais fon fentiment eft détruit par M. della Torré.

1.

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