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1. 2. c. 17.

βέλος,

que ce nom peut venir de Cinos, une fleche; ou avec (1) De Orig. Voffius (1), qu'il étoit venu de la Syrie ou de la Phenicie, & progr. Idol. & qu'il étoit le même que Bel ou Beelfemen; c'est-à dire, le Soleil. L'Auteur que je viens de citer n'eft pas le feul qui foit de ce sentiment, Bochart (2), Selden (3), Reinefius, Spon (4), en un mot, tous les Mythologues en conviennent, & il feroit inutile d'en rapporter les témoignages.

(2) Geogr. Sacr. Part. 2. C. 14.

(3) De Dris Syr. Synt. 2.

c. 7.

(4) Misc. Sect. 4. Art. 1.

Quoique l'autorité des Sçavans, que je viens de nommer, foit d'un grand poids pour prouver que Belenus eft le Bel des Syriens, l'Evêque d'Hadria ne s'y rend point, & ouvre un fentiment nouveau. Il prouve d'abord la diftinction du Soleil & d'Apollon, fur les mêmes principes dont je me fuis fervi en (5) Liv. 1. parlant du Soleil (5), d'où il conclud que Belenus étoit à la vérité le même qu'Apollon; mais qu'il étoit très-différent du Soleil: les Infcriptions défignant Apollo Belenus, mais jamais, Sol Belenus; & par conféquent il ne pouvoit être le Bel des Syriens, qui véritablement étoit le Soleil, & non Apollon, ni être venu de cette partie de l'Orient, où anciennement on ne connoiffoit point l'Apollon des Grecs.

Après avoir démontré cet article, le fçavant Prélat pense que Belenus eft le même que Helenus fils de Priam; le changement de l'afpiration en la confone B, ne devant caufer aucun embarras. Antenor, dit-il, étant parti de Troye avec Pyrrhus, ils confulterent l'un & l'autre Helenus, que tout le monde fçait avoir exercé l'art de prédire l'avenir : & comme il apprit à chacun de ces deux Chefs la fuite de leurs avantures, Antenor ayant traverfé la mer Adriatique, ( car Pyrrhus s'établit dans la partie occidentale de la Grece, qui depuis porta fon nom) alla dans la partie orientale de l'Italie, affez près d'Aquilée, & fit honorer Helenus comme un Dieu qui connoiffoit l'avenir, ce qui le fit confondre dans la fuite avec Apollon. De cette partie de l'Italie le culte d'Helenus paffa dans les Gaules, comme nous l'avons dit, ou peut-être, ajoute l'Auteur dont j'expose le fentiment, que quelques uns des Troyens qui accompagnoient Antenor, l'abandonnerent dans le temps qu'il traversoit le Golfe Adriatique, & continuant leur navigation, vinrent s'établir dans

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les Gaules, &ly firent reconnoître ce nouveau Dieu.

On ignore au refte, quelle étoit la nature du culte que les Gaulois rendoient à Belenus, & aucun Auteur ne dit qu'on lui ait immolé, comme à Efus & à Teutatès, des Victimes (1) Loc. cit. humaines. Aufone parle (1) des Prêtres de ce Dieu; mais il ne nous apprend rien au fujet des facrifices qu'ils lui offroient; tout ce qu'il en dit fe réduifant à ceci : Qu'Attius, de la race des Druydes, étoit au service du Temple de Belenus, & qu'il portoit le furnom de Patera; car c'eft ainfi que ceux qui étoient initiés dans les myfteres, nommoient les Miniftres d'Apollon (a) ; & dans un autre endroit il fait mention d'un Vieillard, nommé Phœbitius, Druyde qui avoit été Sacriftain du Temple du même Dieu; mais de tout cela même on le Belenus des Gaulois étoit, comme je peut conclure que l'ai dit d'abord, l'Apollon dont parle Cefar.

Outre les Inscriptions qui font mention de Belenus, & qui font en grand nombre, on a trouvé encore dans les Gaules quelques monumens de ce Dieu. Le plus curieux est fans doute cette tête rayonnante, avec une grande bouche ouverte, fi long-temps confervée au château de Polignac, & gravée pour la premiere fois par les foins de Gabriel Simeoni. Elle représente Apollon rendant des Oracles, & on eroit qu'il les rendoit dans un Temple qu'il avoit à Polignac, nom qui eft dérivé de celui d'Apollon même.

Le troifiéme Dieu des Gaulois, que nomme Cefar, eft Mars; mais comme il étoit chez ce Peuple le même que Hefus, je n'ajouterai rien à ce qui en a été dit dans le Chapitre précedent.

Minerve.

CESAR nomme enfin Minerve parmi les Divinités des Gaulois; mais l'Antiquité ne nous apprend rien à ce fujet. En avoient-ils reçu le culte des Egyptiens par les Pheniciens ou

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par les Carthaginois qui trafiquoient fur leurs côtes; ou ne le reçurent-ils que lorfque les Romains devinrent les maîtres de leur pays quelle idée avoient-ils de cette Déesse? C'est ce qu'on ne fçauroit décider aujourd'hui. Ce que l'on fçait, c'eft que cette Déesse étoit nommée dans les Gaules, Belifana, & qu'on la regardoit comme l'inventrice des Arts.

Les Antiquaires croyent remarquer fur la Colomne de Cuffi, la Minerve Gauloife. Le cafque qu'elle porte eft orné d'une aigrette, & la Déeffe eft appuyée fur un tronc d'arbre, revétue d'une tunique fans manches, fur laquelle eft le manteau nommé Peplum, qui lui couvre le corps. Elle a les pieds croifés, & la tête panchée sur fa main droite. Son attitude eft celle d'une perfonne qui rêve profondément : à cela près, elle ne reffemble en rien aux figures Grecques & Romaines de cette Déeffe, & n'a point l'Egide comme celles-là.

Au refte, comme parmi les figures qui font repréfentées fur la Colomne dont je viens de parler, eft celle ( & c'est la derniere) d'un homme qui a les mains liées, avec un air triste & abbatu, femblant attendre que le Druyde vienne le frapper du coup mortel, & qui eft fans doute le prifonnier qu'on alloit immoler, il s'enfuit feuque ce n'étoit pas lement à Efus & à Teutates qu'on offroit des Victimes humaines, & qu'on en immoloit auffi aux autres Dieux, & en particulier à Minerve, qui fe trouve fur ce monument.

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De quelques autres Dieux Gaulois; de Penin, Abelio, Dolichenius & Mithras.

ON

N vient de voir dans le Chapitre précedent que les Gaulois honoroient Apollon fous le nom de Belenus, & que ce Dieu n'étoit point le Soleil ; ils rendoient cependant un culte religieux à cet Aftre, mais fous d'autres noms. D'abord,

les

les habitans des Alpes Pennines reconnoiffoient pour le Soleil le Dieu Peninus, ou Penin, dont cette chaîne de Montagnes avoit pris fon nom, comme nous l'apprenons de TiteLive (a). Guichenon, dans fon Hiftoire de Savoye (1), nous (1) Tome 1; a confervé l'Infcription qui étoit fur le Pied d'eftal d'une 1.1.c. 4. belle Statue qui repréfentoit ce Dieu fous la figure d'un jeune homme nud, & qui étoit conçue en ces termes : L. Lucilius Deo Penino Optimo Maximo donum dedit.

(2) In zi

Il ne faut pas diffimuler cependant que Caton l'ancien & Servius (2), difent que ce n'étoit pas un Dieu, mais une Déeffe, que l'un appelle Penina, & l'autre Apenina; mais tant Æneid. la figure que l'Infcription, nous aprennent le contraire. L'Hiftorien de Savoye ajoute ces paroles: Sur la montagne du petit Saint Bernard, qui eft de la Val-d'Aofte, eft une Colomne de marbre de la hauteur de quatorze pieds, dédiée auffi autrefois au Dieu Peninus, fur laquelle étoit un Efcarboucle, que l'on appel-' loat l'œil de Peninus. Dans la fuite on enleva la Statue de ce Dieu pour mettre en fa place celle de Jupiter, & alors l'ELcarboucle fut appellé l'oeil de Jupiter. Il eft sûr cependant que malgré ce changement, le culte de Penin ne fut pas aboli, & les montagnards continuerent à l'honorer.

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Les Sçavans font embarrassés à fçavoir quel Dieu étoit ce Penin. Il paroîtroit d'abord que c'étoit Jupiter lui-même, comme les épithetes d'Optimus Maximus femblent l'infinuer; mais l'Auteur de l'Hiftoire de la Religion des Gaulois prouve folidement (3), que c'étoit le Soleil, & que cet œil (3) Tom. I. dont on vient de parler, étoit le même que l'œil d'Ofiris, qui pag. 404. & en Egypte repréfentoit le Soleil, comme je l'ai prouvé dans fon Hiftoire; mais pour ne pas m'étendre davantage fur cet article, je renvoye à l'Auteur que je viens de citer.

Abellio.

DANS le pays de Comminges on adoroit le Dieu Abellio, que le prouvent trois Infcriptions rapportées par Gruter.

ainfi

(a) Neque mehercule montibus his .... ab tranfitu Pœnorum nomen inditum, fed ab eo quem in fummo facrorum vertice, Penninum montani appellant. Dec. 3. l. 11. n. 38.

Tome II.

fuiv.

(1) En 1658.

Cet Antiquaire, fuivi en cela par Reinefius, eft perfuadé que ce Dieu étoit le même que Belenus adoré dans toutes les Gaules, & le dernier prétend même dériver le nom d'A bellio, de celui de Belenus.

Dolichenius.

EN creufant le Port de Marfeille (1), on trouva un groupe de marbre de onze ou douze pieds de hauteur, qui repréfentoit le Dieu Dolichenius, debout fur un Taureau, au bas duquel étoit un aigle éployé. Charles Patin fit graver ce beau Groupe, & enfuite le fçavant Spon en orna fes curieux Meflanges d'Antiquité. Comme la figure du Dieu eft armée de pied en cap, le cafque en tête, on crut d'abord que c'étoit le Dieu Mars. L'Auteur de l'Hiftoire de la Religion des Gaulois eft perfuadé que c'eft le Soleil, ou du moins Jupi ter Soleil ; mais je m'en tiens au fentiment de Spon, qui prétend que c'eft Jupiter lui-même : & il fe fonde fur une Infcription confacrée à ce Dieu, avec ce furnom; Jovi Optimo Maximo Dolicheno, &c.

Le nom de Dolichenus venoit de l'Afie, & en particulier de la Province de Comagene, où felon Stephanus, on rendoit un culte particulier à Jupiter Dolicheus, d'où les habitans eux-mêmes étoient appellés Dolicheniens; mais je renvoye à ce que j'ai dit de ce Dieu, dans l'Hiftoire de Jupiter.

Mithras.

QUE le Dieu Perfan Mithras ait été honoré dans les Gaules, c'eft un fait qui n'eft pas douteux. Une figure de ce Dieu trouvée à Lyon, & deffinée en premier lieu par Gabriel Si() Defcript. meoni (2), & enfuite par Spon (3), par le P. Meneftrier (4), de la Limagne fur laquelle eft l'Infcription, Deo invicto Mithra Secundinus dat, (3) Recherch. le prouve fuffifamment.

Lyon.

des Antiq. de Lorfque Simeoni fit graver cette figure, elle avoit la tête (4) Hiftoire d'une femme, & cette tête ne s'y trouve plus aujourd'hui, ce qui embarraffe les Antiquaires: car enfin, difent-ils,

de Lyon.

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