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Oracle, dont nous avons parlé dans le Tome I. (1). Les Ro- (1) Liv. 4. mains l'honoroient auffi fous le nom de Dapalis, parce qu'il préfidoit aux mers qu'on fervoit dans les repas. D'Ulior, parce qu'il vengeoit les crimes dans les perfonnes des coupables. De Dictaus, à caufe de l'antre de Crete de ce nom où il avoit été élevé: d'Idaus, du mont Ida dans l'lfle de Crete: d'Ægiuchus, parce qu'il avoit été nourri par une chevre (2): de Stenius, comme qui diroit puissant & robufte. Les (2)V. LacGrecs lui donnoient auffi le nom d'Egyptius, & Nilus,& alosr tance. liv. 1. on le confondoit avec Ofiris, dont le Nil avoit porté le nom. Celui de Tharfos de la ville de Tharfe en Cilicie, où il étoit fpecialement honoré. De Plufios, c'eft-à-dire, Riche, & fuivant Paufanias (3), il avoit un Temple fous ce nom chez les La- (2) In Lacor. cédemoniens. De Phyficus, & alors il étoit pris phyfiquement pour l'air ou l'Ether, fuivant le témoignage des Anciens. De Panomphaus, parce que fes louanges étoient dans la bouche de tout le monde. De Caraus, comme qui diroit élevé, ainsi que l'explique Hefychius. D'Hecatombaus, d'où le premier mois Antique a pris fon nom, quoique quelques Mythologues difent que ce nom appartenoit plus particulierement à Apollon De Mamactes,comme qurdiroit, furieux ; ducinquième mois Attique,où commence l'hyver:c'eft du moins l'étymologie qu'Harpocration tire de ce nom. De Lyceus, d'une montagne d'Arcadie, où felon Paufanias (4),Lycaon se fit honorer, & inftitua en fon honneur des Jeux qui furent auffi nommés Lycéens. De Labradæus,& alors on le reprefentoit fous la figure d'une hache, que les Cariens adoroient. Plutarque dit que ce Dieu porte la hache au lieu de la foudre, ou du fceptre, pour la raifon qui fuit. Après qu'Hercule eut tué l'Amazone Hippolite, il donna fa hache à Omphale. Les Rois de Lydie la porterent enfuite, & elle paffa à leurs fucceffeurs, jufqu'à-ce que Candaule croyant que cela n'étoit pas de fa dignité, la donna à un de fes Courtifans pour la porter. Elle tomba depuis. la défaite de Candaule entre les mains des Cariens, qui firent une Statue à Jupiter, & lui mirent cette hache entre les mains. D'Expiator, parce qu'il étoit cenfé expier les hommes des crimes qu'ils avoient commis. De Martius, parce que les

(4) In Arc.

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Guerriers l'invoquoient au commencement des combats. De Palæftes, parce que, comme nous l'apprend Lycophron, Hercule s'étant prefenté au combat de la lutte, & perfonne n'ayant ofé fe mefurer contre lui, ce Dieu avoit accepté le combat, & lutte contre fon fils. De Meliffæus, du nom d'une de fes nourriffes. De Xenius, c'est-à-dire, Hofpitalier. Virgile l'invoque fous ce nom. D'Herfaus, parce que fes Autels, furtout dans les maifons des Princes, étoient à découvert dans un lieu enfermé de murailles. C'eft près d'un de ces Autels que Priam fut tué dans fon propre Palais, au rapport de Vir(1) In Eneid. gile (1).De Maragetes, parce qu'ils croyoient que les Parques étoient fous fa conduite; quoiqu'à dire vrai, cette qualité convenoit mieux au Deftin, dont elles executoient irremiffiblement les ordres, comme nous le dirons dans l'hiftoire de ces trois Déefles.

Liv. z.

Mais en voilà affez; ceux qui voudront en fçavoir davantage, trouveront encore d'autres furnoms & d'autres épithethes de Jupiter, dans Paufanias & dans Lilio Gyraldi : il fuffit d'avoir expliqué ceux qui pouvoient fouffrir quelque difficulté.

ARTICLE V.

De quelle maniere on reprefentoit Jupiter, & quel culte
on lui rendoit.

1o. On trouve dans les Anciens, & l'on voit fur les monumens que le temps a refpectés, & fur les Medailles en particulier, plufieurs reprefentations de Jupiter; mais la maniere la plus ordinaire dont on le peignoit, étoit fous la figure d'un homme majeftueux, & avec de la barbe, affis fur un trône, tenant de la main droite la foudre, & de l'autre une victoire, ayant à fes pieds une Aigle les ailes éployées, qui enleve Ganymede : ce Dieu ayant la partie fuperieure du corps nue, & la partie inferieure couverte. Les Mytholorendent de cette attitude des raifons que je ne dois pas omettre. Le trône, difent-ils, par fa ftabilité, marque la fûreté de fon Empire. La nudité de la partie fuperieure de fon

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corps, montroit qu'il étoit visible aux Intelligences & aux Parties célestes de l'univers ; comme la partie inférieure couverte, faifoit voir qu'il étoit caché à ce bas monde. Le fceptre, ou la foudre qu'il tenoit de la main gauche, annonçoit fa puiffance fur les Dieux & fur les hommes. La Victoire qu'il tenoit à la main droite, annonçoit qu'il étoit toujours victorieux; & l'Aigle, qu'il étoit le maître du Ciel, comme cet oiseau l'eft de tous les autres. C'eft ainfi qu'expliquent ces fymboles Porphyre, Phurnutus, Eufebe, & Suidas.

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Mais cette maniere de reprefenter ce Dieu, quoique la plus ordinaire, n'étoit pas uniforme. Paufanias (1) parlant de (1) In Eliac. la Statue de Jupiter Olympien, dit « que ce Dieu eft repre» fenté affis fur un trône; il eft d'or & d'yvoire, & il a fur » la tête une couronne qui imite la feuille d'olivier. De la » main droite il tient une Victoire, qui eft elle-même d'or » & d'yvoire, ornée de bandelettes & couronnée; de la gau» che un fceptre d'une extrême délicateffe, & où réluisent "toutes fortes de metaux L'oifeau qui repofe fur le bout de » fon fceptre eft une Aigle. La chauffure & le manteau du Dieu, font auffi d'or: fur le manteau font gravés toutes » fortes d'animaux, toute forte de fleurs, & particulierement des lys. Le trône du Dieu est tout brillant d'or & de pierres précieuses: l'yvoire & l'ebene y font par leur mélange une agréable varieté; la peinture y a mélé auffi divers animaux, & d'autres ornemens ».

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- La foudre, fymbole le plus ordinaire de Jupiter, eft figurée de deux manieres fur les Medailles, & fur les anciens Monumens ; l'une eft une efpece de tifon flamboyant par les deux bouts, qui en certaines images ne montre qu'un bout enflammé; l'autre une machine pointue des deux côtés, atmée de deux fleches: la légion qu'on nommoit Fulminatrice', avoit cette derniere marque fur les boucliers des foldats. Lu cien qui dit que la foudre de Jupiter avoit dix coudées de long, femble auffi lui donner cette forme, lorfqu'il introduit fort plaifamment Jupiter, fe plaignant de ce qu'ayant depuis peu lancé fa foudre contre Anaxagore, qui nioit l'exiftence des Dieux, il l'avoit manqué, parce que Periclès

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avoit détourné le coup, qui avoit porté fur le Temple de Caftor & Pollux, & l'avoit réduit en cendres ; que la foudre avoit été prefque brifée contre la pierre, & que les deux principales pointes en étoient fi émouffées, qu'il ne pouvoit plus: s'en fervir fans la racommoder.

Pour l'Aigle, autre fymbole ordinaire de Jupiter, outre ce que je viens d'en dire, Lactancius Firmicus affûre que la raifon en eft que Jupiter partant de l'Ifle de Naxe pour aller combattre les Titans, & offrant un facrifice fur le rivage, une Aigle avoit volé jufqu'à lui, qui lui avoit été d'un favorable augure: felon d'autres, cette Aigle s'étoit arrê¬ tée fur fa tête. Servius ajoute que dans le combat contre ces Titans, l'Aigle lui avoit mis la foudre en main.

Les habitans de l'Ifle de Crete reprefentoient Jupiter fans oreilles, pour marquer que le Maître du monde ne devoit écouter perfonne en particulier, mais être également propice à tous. Les Lacédemoniens au contraire, lui en donnoient quatre, afin qu'il fût plus en état d'entendre les prieres, de quelque part qu'elles vinffent. Les habitans d'Heliopolis, fi nous en croyons Macrobe, reprefentoient Jupiter tenant la main droite élevée, avec un fouet à la main, comme cocher, & de la gauche la foudre & des épis. Arrien rappor (1) Histor. 4. tę (1) après le Sophiifte Anaxarchus, que la figure de la Juftice accompagnoit toujours celle de Jupiter, dont la raison eft affez fenfible. On joignoit quelquefois à la Juftice, les Graces & les Heures, pour marquer que ce Dieu devoit toujours écouter les voeux des hommes gratieufement. Martia(2) De Nup- nus (2) represente ainfi Jupiter dans l'affemblée des Dieux. Il a, dit-il, fur la tête une couronne enflammée, & für les épaules un manteau, ouvrage de Minerve, & par-deffus une robe blanche parfemée d'étoiles; tenant de la main droite deux globes, l'un d'or, & l'autre d'ambre, pendant qu'il s'appuyoit de la gauche fur une tortue. Il avoit à fes pieds des fouliers verts, dont il preffoit un roffignol: on voit que cet équipage annonce le maître de toute la nature, fans qu'il foit befoin d'expliquer plus particulierement ces fymboles; fouvent fa couronne étoit de chêne ou d'olivier. Lorfqu'au

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lieu d'une couronne il avoit un boisseau fur la tête, c'étoit alors Jupiter Serapis, ce Dieu fi refpecté en Egypte, dont nous avons parlé dans le premier Tome, Livre VI. & quand il paroiffoit avec des cornes, il reprefentoit ce Jupiter Ammon si célebre par l'Oracle qu'il avoit dans la Libye.

Ne diffimulons pas que la plupart de ces fymboles venoient, ou du caprice des Ouvriers, ou de la fantaisie de ceux qui en faifoient faire des Statues, comme on va le voir dans le détail des Monumens qui nous reftent. N'oublions pas à ce propos un beau paffage de Ciceron. Cotta un de fes interlocuteurs, parlant de l'idée qu'on s'étoit formée des Dieux, « Mais s'il n'eft pas vrai, dit-il, qu'un Dieu se presente toujours à nous fous une forme humaine, vous obftine» rez-vous encore, Velleius, à défendre ces fortes d'abfurdités? Pour nous, nous pouvons avoir quelquefois cette » idée, parce que nous connoiffons Jupiter, Junon, Miner» ve, Neptune, Vulcain, Apollon, & les autres Dieux, aux traits que leur a donnés le caprice des Peintres & des Sculpteurs; & non feulement aux traits, mais encore à l'âge, » à l'habillement, & à d'autres marques (1)

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On trouve dans les Cabinets des Curieux, un Jupiter avec la foudre aux deux mains; dans Tristan, un Jupiter enfant monté fur une chevre, avec la Legende, Jovi crefcenti. Dans Bonanni, ce Dieu porte une couronne flamboyante, une patere à une main, & un roulleau à l'autre. Le revers d'une Medaille de Beger prefente une Aigle qui tient au bec une couronne, & qui foule la foudre des deux pieds. Une figure de ce Dieu, dans Boiffard, a cela de fingulier que Jupiter y eft affis, ayant au-deffus de lui le Petafe, & le Caducée de Mercure, pour marquer que la Prudence doit toujours accompagner la force & la puiffance: & dans un autre du même Auteur, il a deux Sphinx au bas de fon trône par où l'on voit que l'on a voulu joindre à la force & à la prudence, la fagacité & la pénétration. Dans une Medaille donnée par du Choul, Jupiter eft affis fur un Belier: il tient un fceptre de la main droite; c'eft Jupiter Serapis Tome II.

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(1) De Nat Deor. liv. 1.

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