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V.

S. I.

Septiémement, le fruit du Régne de CHAPITRE J.C. qui eft Roi de juftice & de fainteté, eft de nous mériter une juftice & une fainteté qui foit à toute épreuve, & qu'aucune tentation ne puiffe vaincre parce qu'il n'eft Roi à notre égard, qu'autant que nous lui fommes fideles. Or la tentation la plus forte n'eft pas la feule douleur, ni l'oprobre feule; mais les deux enfemble, fans mélange de pitié, de confolation, & des témoins de notre patience. La gloire de Jesus-Christ, confiste à rendre fes fujets vainqueurs de tous les obftacles qui s'oposent à la fainteté, à la piété, & à leur mériter cette force, en triomphant le premier par la patience de tout ce que la malice des hommes a pû inventer, pour tâcher de la pouffer à bout.

Apoc. ch.

S. v. 10.

1. Pet. ch.

2. V. 9.

Huitiémement, tous les véritables fujets de Jefus-Chrift, font Rois & Prêtres, ils régnent, & ils facrifient. Vous nous avez fait Rois & Prêtres pour notre Dieu, & nous régnerons fur la terre. Vous êtes la race choifie, l'ordre des Prêtres Rois, la Nation fainte, le peuple conquis. Mais ils ne font Rois qu'autant qu'ils font vainqueurs, qu'autant qu'ils triomphent de leurs ennemis.

Ils

CHRIST

ACUSE'

Ils ne facrifient qu'autant qu'ils font eux-mêmes victimes, à l'éxemple de JESUSJefus-Chrift qui n'eft Prêtre, que parce qu'il eft victime. Ideò victor quia DEVANT victima, & ideò Sacerdos quia facrifi- PILATE cium. Mais de quoi les Saints font-ils S. Aug, 1. vainqueurs, & de quels ennemis, fi ce 10. Confef. n'eft de tout ce qui s'opofe à la per-ch. 43. fection de l'obéïffance & de l'amour qu'ils doivent à Dieu ? Et quelle victime peuvent-ils ofrir, fi ce n'eft celle qui doit mourir, afin que la juftice vive & régne dans eux? Dès qu'ils mettent des bornes à cette obéiffance, dès qu'ils craindront quelques ennemis, ils font vaincus & dégradez du Sacerdoce, & d'une Royauté inféparable du Sacerdoce.

Neuviémement, il n'y a donc rien de plus parfait, de plus convenable, de plus conforme à tout le plan de la Religion, que tout ce que foufre Jefus-Chrift, en qualité de Rbi des Juifs & des Gentils. Toute autre voye d'établir fon Régne, y auroit été contraire,on l'auroit à moins obfcurci.

Et ayant fait une couronne d'épi-« A.XXVIL nes entrelaffées, ils la lui mirent fur « 29,

la tête.

H

CHAPITRE

v.

§. II.

S. I I.

Cruauté des Juifs en impofant la couronne
d'épines fur la tête de Jesus-Chrift.
1. Ils ne fe contenterent pas de luš
faire un diadême d'une fimple branche
épineufe, mais ils en entrelafferent plu-
fieurs, dont les pointes répondoient
à divers endroits de la tête ; & ils ne
fe contenterent pas de mettre cette
couronne d'ignominie & de douleur,
fans apuyer fur elle; mais ils la firenz
entrer avec éfort, comme on le doit ju-
ger de l'inhumanité des foldats, qui
afectoient de joindre la cruauté à la
dérifion & à la moquerie, qui frape-
rent fouvent la tête de Jefus-Chrift,
avec la canne ou le rofeau qui lui tenoit
lieu de Sceptre.

2. Comme l'Ecriture eft notre régle, c'eft fur ce qu'elle nous dit plutôt que fur aucune tradition humaine, que nous devons nous arrêter. Ainfi quelque refpectable que foit la tradi tion de quelques Eglifes, qui croyent avoir en dépôt la couronne d'épines, ou des morceaux de la vraye Croix = c'eft moins à ces gages précieux que

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nous devons penser, qu'à l'objet dont ces gages nous font fouvenir. L'ob- JESUS. CHRIST jet eft certain, & digne d'une pro-CUSE' fonde vénération. Et cela fufit pour DEVANT rendre très-légitime, le refpect qu'on PILATE. rend à la Croix, & à la couronne d'épines, quoique les preuves de leur vérité phyfique, ne foient pas d'une entiere évidence.

S. III.

Jefus-Chrift a porté la couronne d'épines pour faire ceffer la premiere malédiction de la terre, dont les épines étoient le figne.

1. Pour entrer dans cet adorable Myftere, il faut remonter jufqu'à la premiere malédiction de l'homme pro- Gen, ch 3. noncée en ces termes : Maledica ter- v. 17. ra (in opere tuo) fpinas & tribulos germinabit tibi; au lieu d'in opere tuo, I'Hébreu porte, propter te, quoiqu'en changeant une lettre très femblable à celle qui eft dans le texte, on puiffe traduire,in opere tuo» la terre fera « maudite à caufe de vous. elle vous c produira des ronces & des épines. 2. Ce qu'il y a d'extérieur & de

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CHAPITRE

naturel dans cette malédiction, n'eft. que le voile de ce qu'il y a de plus fecret, & de plus terrible. Et la maniere §. III. dont Lamech pere de Noë, en par

V.

Fleb.ch. 11.

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le, eft une preuve que les anciens juf Genese ch, tes l'avoient bien compris. Lamech en3.0.29. gendra un fils qu'il nomma Noë, en difanticelui-ci nous confolera de nos travaux & des œuvres de nos mains, dans la terre que le Seigneur a maudite. Noë ne fit pas que la terre naturelle fût moins féconde en épines, ni qu'il falût employer moins de travail pour les aracher & Jesus-Chrift même n'a pas levé cette malédiction. Mais l'éxemple de fa juftice, dont il étoit le Pré--dicateur auffi bien que l'héritier, mit quelques bornes à l'inondation del'iniquité, qui étoit une funeste fuite de la malédiction générale. Et ce feul jufte, ex omni terra, étoit la figure du jufte par excellence, qui devoit arrê-ter le cours dela malédidiction prononcée contre toute la postérité d'Adam.. 3.Il faut donc regarder la malédiction de la terre fertile en épines, comme le fimbole d'une autre malédiction qui condamnoit l'homme à une ftérilité univerfelle pour le bien véritable,

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