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contre le mérite & la vertu eft capa- BLASPHES

ble d'aller ?

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le

» Les Sénateurs auffi - bien que Peuple, & les Princes des Prêtres » avec les Docteurs de la Loi fe moquoient de lui.

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§. III.

Quelle indécence & quelle inhumanité pour des hommes de ce rang, & qui s'étoient portés pour accufateurs & pour juges, d'infulter à un malheu

reux !

1. Convenoit-il à des perfonnes de ce rang, dont plufieurs étoient honorées du Sacerdoce, & qui étoient même les chefs, ou les premiers des vingtquatre familles Sacerdotales

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de fe. trouver avec le peuple dans le lieu où l'on éxecutoit les criminels? Leur convenoit-il de fe nourrir avidement d'un tel fpectacle, & d'y porter des yeux pleins d'homicide: Leur convenoit-il d'ajoûter la moquerie à la fureur, & de le faire d'une maniere fi publique, fi indécente & fi fcandaleufe? Il n'y

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MES DES
PRESTRE S.

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CHAP. II. avoit que quelques heures qu'ils avoient prétendu être les Juges de

,

6. III. Jefus-Chrift, & qu'ils l'avoient éfectivement condamné dans leur confeil. Comment une pudeur naturelle ne les avertiffoit-elle pas que la qualité de Juge ne pouvoit s'allier avec la barbarie & l'infolence, qu'ils ne prenoient pas même foin de cacher? Ils l'avoient accufé avec opiniâtreté devant Pilate & ils avoient araché de lui, malgré fes proteftations, une fentence de mort. La qualité d'accufateurs ne devoit-elle pas leur interdire la vûë de fon fuplice, & plus encore les railleries qui font alors outrage à la nature? Mais il falloit que tout concourut aux fouffrances & à la juftifica tion de Jefus-Chrift, que fes ennemis fuffent fans humanité & fans pudeur, & qu'ils fe rendiffent indignes d'être crus, que leur injuftice & leur haine n'euffent aucunes bornes, & qu'elles fuffent auffi les crimes uniques de Jefus-Chrift.

Ils

BLASPHES

» Ils fe moquoient de lui entr'eux, MES DES » difant, il en a fauvé d'autres, PRESTRES, » & il ne fçauroit fe fauver lui

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» même.

تاریخ

§. IV.

Ils avoient que Fefus-Chrift en a fauvé d'autres, & par-là ils fe condamnent. Ils vouloient par orgueil faire douter les autres des miracles de Jefus-Chrift, quoiqu'ils n'en dontaffent pas eux-mêmes.

1. C'est ici un aveu très-important: Il en a fauvé d'autres : fes ennemis en conviennent. La vérité arrache d'eux ce témoignage, & il ne peut être fufpect dans des bouches fi pleines de fiel & de venin. Le moïen en effet de nier la réfurrection du Lazare, la guérifon de l'aveugle né, la fanté & la force rendues en un moment à un malade de trente-huit ans, que tout le monde avoit vû dans une entiere impuiffance de profiter du mouvement miraculeux de la pifcine? C'étoit les Prêtres eux-mêmes avec les Phari

fiens, qui avoient rendu certains ces

E

§. IV.

,

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CHAP. II. miracles & beaucoup d'autres, en les éxaminant févérement & avec le deffein de les obfcurcir ou même d'en prouver la fauffeté. C'étoit eux qui,deux ou trois jours avant celui-ci, avoient pris la réfolution infenfee & cruelle de faire mourir Lazare, parce que fa réfurrection attiroit beaucoup de Difciples à Jefus-Chrift. Ils étoient donc forcez d'avouer qu'il en avoit fauvé plufieurs ; & leurs railleries impies le fupofent, puifqu'elles font fondées fur ce qu'il ne peut faire pour luimême, ce qu'il a fait pour beaucoup

d'autres.

2. Mais s'il les a effectivement fauvez, & fi la maniere dont il leur a rendu ou la fanté ou la vie, a été furnaturelle & miraculeufe, pourquoi n'avezvous pas crû en lui? II n'a jamais rien fait d'extraordinaire, qu'avec le deffein

de
prouver que fa miffion étoit divi-
ne; qu'il étoit la lumiere du monde,
qu'il étoit avant Abraham, qu'il étoit
celui que les Prophêtes avoient pré-
dit pourquoi ne pouvant contefter
les preuves, vous êtes-vous obftinez
contre ce qu'elles prouvoient? Pour-
quoi les miracles les plus évidens.

BLASPHES

n'ont-ils fait qu'enflammer votre haine & votre envie contre lui? Si verum eft, MES DES quod alios falvos fecit, cur illa tot PRESTRES. &tanta miracula,quæ fub publico facta s. Leo ferm. funt confpectu,in nullo cordis veftri du- 17. de pa.

ritiam mollierunt?

3. On pourroit penfer que les Prêtres & les Sénateurs, en difant, il en a fauvé d'autres, & il ne fe fçauroit fauver lui-même, avoient deffein de rendre fes miracles douteux, en leur opofant fon impuiffance actuelle d'en faire aucun pour fe délivrer; & cette pensée eft très-vraïe, fi l'on n'y ajoûte pas qu'eux-mêmes douteroient de la vérité de ces miracles,car ils en étoienr convaincus malgré eux; mais il leur importoit d'en afoiblir l'idée dans l'efprit du peuple, de fe juftifier de ce qu'ils n'avoient pas crû en lui, & de prouver qu'ils avoient eu raifon de ne pas s'abandonner à une crédulité populaire, & d'attendre une preuve décifive, telle qu'un miracle qui le délivreroit de la croix, ou une réelle impuiffance de s'en détacher. Ces hommes profondément corrompus, dont plufieurs infectez de l'héréfie des Sadducéens,n'efpéroient & ne craignoient

n. 2.

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