Telle en travail d'enfant, & pouffant de longs cris, Sans Sage-femme, une montagne fiere Si vous me mettez en lumiere, Chez l'Epicier, chez la Beurriere Peut-être notre espoir fera-t-il confondu, A des emplois fi bas serois-je destiné ? Que ce preffentiment ne foit pas inutile: Va fur moi répandre fa bile, Et diftiller fon noir poison. Ne crains rien, cher enfant d'une verve fertile, Répondit le présomptueux ; Je ne te verrai pas gémir d'un fort contraire, Ni fervir l'Epicier aux dépens du Libraire. Tu ne manqueras point de protecteurs fameux: J'irai pour toi partout mandier des fuffrages s Les grands fuccés qu'ont mérité, Et qu ont obtenu mes ouvrages, Te font garants de l immortalité. Je ferai cabales, & brigues; Dans les Cafez je te réciterai; Tant & fi bien, qu au moins par mes in- Et que En ce fiecle on t'eftimera, chez nos neveux un jour on te lira. Il échouia, dés qu'on le vit paroître s Nul fuccés nul approbateur : Des critiques malins, mais bien fondez peutêtre, Fronderent le Livre & l'Auteur. L'un s'écrioit, celui-ci ne voit goûte; La Fable veut du fimple, du naïf: Ce Fabulifte eft encore apprentif. vre, Comme un chef-d'œuvre on vantera fon Nouvel Icare il prouve que fouvent L'ambitieux fe perd en s'élevant. L'amour propre eft aveugle: un auteur qui fe flate Qu'au public il plaira, fe flate vainement: Ne prévenons jamais fon jugement; *3+*23+*3+3+3+*£3*+E3 FABLE V I. Le SOLEIL EN COLERE. Hoebus depuis long-tems caché dans un PHob nuage Aux mortels allarmez refufoit fes faveurs Ils. effuioient chaque jour quelque orage; L'Eté ne faifoit point reffentir fes ardeurs : Les élémens fembloient leur déclarer la guerre. Ils coururent en foule au temple d'Apollon, Vous cherchez vainement à calmer mon cour roux; Je ne veux plus luire fur vous, Je n'éclairerois que le crime. Le lendemain, le jour d'aprés, & le fuivant, Ils revinrent encore au temple, & firent tant Qu'il s'appaifa les Dieux ne font point infle xibles; Et ce n'eft qu'à l'extrémité Qu'ils font tomber fur nous leurs châtimens terribles. Je consens, ajoûta Phoebus, que ma bonté De mon courroux prenne la place; Je vous rend ma plus vive & plus pure clarté ; Mais fi vous ne changez de mœurs, je vous me Ingrats, êtes-vous fatisfaits, Vous méconnoiffez leur puiffance. |