Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Avec familiarité

Elle fe plante fur la table,

Goûte de tous les mets, dérange tous les plats.

Le maître ne s'en fâche pas,

Au contraire ; il en rit; & trouve délectable Cet enjoüiment: bien- tôt elle s'émancipa: L'abus de fa faveur n'en demeure point là. L'audacieufe impudemment arrache

La perruque du Maître, enfuite fa moustache. De fon peu de refpect le Patron irrité Honteufement la disgracie;

Et commande que l'on châtie

L'excés de fa témérité.

Grands, à vos favoris ne laiffez jamais prendre Tant de pouvoir, & tant de liberté : Souvent ces indifcrets ofent trop entrepren

dre,

Quand ils ont trop d'autorité.

[ocr errors][merged small][merged small]

LE

Je fuis incommodé, j'ai perdu l'appétit ;

Daignez pár grace finguliere

Faire aujourd'huy pour moi le guet pendant la nuit.

Il l'obtint à l'inftant. Le lendemain encore

Il vint trouver l'obligeante pécore ;
La conjura qu'elle fouffrit

Que de fon lait il fe nourrit

Pendant deux ou trois jours; fa fanté languif

fante

Pourroit fe rétablir. La Brebis bienfaifante
Y confentit ; il l'en remercia.

Il revint à la charge au bout de la femaine ;
Et de nouveau la supplia

De lui faire un don de fa laine,
Pour le couvrir : je fuis indifposé,

Et tous les jours à la bise exposé,

J'en ai befoin vous êtes plus robufte,

Et beaucoup plus jeune que moi.
Ho, c'en est trop, il n'eft pas jufte
Que je me dépouille pour toi
Lui répondit la Brebis en colere;

Quoi qu'elle ne s'y mette guere.

A te rendre service on a beau s'empresser ;
C'eft toûjours à recommencer...

Que de gens à ce chien femblables

Des bontez d'autrui font abus!
Des demandeurs infatiables-

Les importunitez meritent des refus.

BIE ME ME HIS HIS HE IS

FABLE XIII.

PRIAPE & les ARBRES.

L

Es Arbres pour élire un Roi,

Comparurent devant Priape.

Chacun foûtint fe's droits : le Chêne dit, pour

moi

Je ne crois pas que le Sceptre m'é

chape:

Je fuis le favori du Souverain des Cieux;
Ma vie eft en longueur à nulle autre feconde ;
Mon ombrage eft charmant; & mes premiers

ayeux

Ont nourri les mortels dans l'enfance du

monde,

Le Grenadier prétendoit être né
Pour jouir de l'éclat de la grandeur fupréme ;
Puifque la nature elle même

D'e fes mains l'avoit couronné.
La Vigne alleguoit l'avantage,

La bonté de fes fruits utiles, précieux;

Et les plaifirs délicieux

Que procuroit leur doux breuvage. L'Oranger produifoit d'affez bonnes raifons; De fes parfums exquis il vantoit l'excellence; Toûjours verd, il portoit avec grande abon

dance

Fleurs d'argent, & fruits d'or dans toutes les

faifons.

7

Le Laurier prenant la parole, ́

On connoît ma vertu, dit-il, chez les humains.
La foudre me refpecte; & dans le Capitole
J'ai couronné le front des Empereurs Romains,
De la Paix je fuis le fymbole ;

Elle fera toûjours par moi, dit l'Olivier,
Entretenue, & ménagée

Chez mes fujets. A ce dernier

La couronne fut adjugée.

Il n'étoit point de droits mieux fondez que les

fiens.

La Paix eft un des plus grands biens.

« AnteriorContinuar »