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Bientôt par leur fouffle obftiné

Le Saule fut déraciné.

Un vieux Chêne lui dit, tu péris par ta faute:
Ton orgiieil imprudent devoit fe contenir
Sans ambitionner une place fi haute

Où tu ne peux te foûtenir.

De fa condition heureux qui fe contente ; Tenons-nous dans la Sphere où le Ciel nous a

mis:

Dans un pofte élevé toujours mal affermis
Craignons une chute éclatante.

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Entaffoit tréfor fur tréfor.

A compter fes ducats il s'occupoit fans ceffe, Sans ceffe il méditoit quelques nouveaux

moyens

D'accroître fon domaine, & d'augmenter fes

biens.

Pour en venir à bout, fourbe, rufe, fineffe,

Tout étoit bon. N'étes-vous point hon

teux ?

Difcit certain Prodigue à ce séxagenaire :

Que je vous trouve malheureux

De tant vous tourmenter ! pour qui ? pour des

neveux

Qui riront à votre inventaire;

Et voudroient déja voir votre Extrait mor

tuaire.

Fonds, revenus, en dépit d'eux,

Dépenfez tout, vous ne pouvez mieux

faire :

Croyez-moy; chez Pluton nous ferons tous

égaux ;

Les morts n'emportent rien au ténébreux ri

vage:

Servez-vous de votre avantage;

Et jouffez de vos travaux.

Et vous, mon bel ami, lui répondit l'Avare; Vous me faites pitié; votre ranon s'égare.

Je connois mieux que vous mes interêts.

+

Ne croyez point par votre remontrance
D'une œconome prévoyance

Arrêter les heureux progrés.

Je veux vivre long-tems, ou du moins je l'ef

pere ;

A marcher fur vos pas vous m'exhortez en

vain:

Il est vrai qu'aujourd'huy vous faites bonne

chere;

Mais demain vous mourrez de faim. Le Prodigue imprudent à fes voeux qui fe livre,

Vit comme s'il alloit mourir ;

Et l'Avare fans ceffe empressé d'acquérir, Comme s'il devoit toûjours vivre.

* ff ff ff ff ff. fe & fe fe of f†4&fpf

FABLE X.

La LINOTE, & le MOINEAU.

Ne jeune Linote avec un vieux Moi.

UNC

neau,

Unis par le deftin, vivoient en même cage, Ne pouvoient fe fouffrir: en un lien nouveau Ils auroient bien voulu changer leur escla

vage;

Mais envain. Par le fort ils étoient condamnez

Au joug d'une éternelle chaine :

Le feul trépas pouvoit finir leur peine. A tout moment débats, plaintes, cris forcenez,

Querelles, coups de bec, regrets : le voifi

nage

Retentiffcit du bruit de leur mauvais mé

nage.

L'un par l'autre tirannifez,

Victimes de l'antipathie,

Ils gémiffoient; & de leur vie

Les

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