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LES

CONSTITUTIONS

DU MONASTERE


PORT ROYAL

Chez

D U

SAINT SACREMENT.

MAN

SPRINTXAFIDES

A PARIS,
GUILLAUME DESPREZ, Imprimeur
& Libraire ordinaire du Roi.
ET

JEAN DESESSA RT Z, Lib. rue S. Jacque,
à faint Profp & aux trois Vertus,

M.. DCC. X X I.

Avec Approbation & Privilege du Roia

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A VIS

SUR

LA PUBLICATION

DE CES

CONSTITUTIONS

DE.

PORT ROYAL.

Ln'eft pas difficile de s'imaginer de beaux reglemens, quand on en demeure dans la fpeculation, & qu'on ne defcend point jufqu'à la pratique. L'efprit de l'homme a une fecondité merveilleufe pour fe former de belles idées ; fes fictions

agréent fouvent plus d'abord que la verité, & la vertu réelle ne paroît pas aller fi loin que celle qu'il fe figure. Mais tout cela s'évanouit lorfqu'il s'agit d'executer ces projets fi parfaits en apparence. Il fe prefente des difficultés que l'on n'avoit pas prévûes, on rencontre des inconveniens aufquels on n'avoit pas remedié. Il y a des vertus qui paroiffent oppofées, de forte que la pratique de l'une femble nuire à celle de l'autre. Un gouvernement trop rude itrite & abbat les efprits; & s'il eft trop doux, il les entretient dans la molleffe & dans le relâchement; & outre tout cela,quand on executeroit en partie ces pensées humaines, il eft à craindre qu'on ne le. fît humainement, & par un effort de l'amour propre, qui chérit ses propres ouvrages, plûtôt que par un mouvement de l'efprit de Dieu.

C'estpourquoi nous ne voyons pas que les grands Saints qui nous ont laiffé des regles pour la conduite des Maifons Religieufes fe foient propolé d'abord de faire une regle pour la

faire pratiquer enfuite. Ils n'ont pas d'ordinaire formé ce deffein; ils fe font abandonnés à la providence de Dieu, qui les ayant unis à d'autres perfonnes dans le même defir de fe confacrer tout à lui, leur infpiroit feulement de mener une vie conforme à ce defir, fans avoir au commencement d'autre regle que l'Evangile & le mouvement du Saint Efprit. Il en a été de même des Vierges facrées. Elles ne faifoient point de corps dans les premiers fiecles, mais elles vivoient Teparées, fans avoir d'autres reglemens que les maximes de la pieté Chrétienne. Et depuis qu'elles fe font affemblées, les Saints qui les condui-. foient n'ont point penfé d'abord à leur donner des conftitutions particulieres, mais les ont laiffé agir felon la mesure de leur grace, & l'application de l'efprit de Dieu, fe contentant de quelques obfervances generales, fans lefquelles nulle communauté ne peut fubfifter.

Ainfi dans les maifons faintes d'homS

a iiij

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