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Si c'est amour auffi, pour Dieu quelle chofe eft-ce ?

Stelle eft bonne, comment nous met-elle en détreffe?

Si mauvaife, qui fait fi douce fa rigueur?

Si j'ars de mon bon gré, d'où me vient tout ce pleur?

Si maugré moy, que fert que je plore fans ceffe?

Omal, plein de plaifir! ô bien, plein de trifteffe!

• joie douloureuse douleur!

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ô joyeuse

O vive mort! comment peux-tu tant fur mon ame,

Si je ne confens point? mais fi je me confens,

Me plaignant à grand tort, grand tort je me blâme.

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Amour, bon ou mauvais, bon gré, maugré, je fouffre, Heureux & malheureux, & bien & mal je fens,

Et me plains de fervir où moimême je m'ouffre.

:

Le Roi écrivoit fort bien en Vers il aimoit beaucoup la chaffe, & fit l'Art de la Venerie. On voit pourtant dans cet Ouvrage, qu'il ne croyoit pas qu'étant né pour donner des loix, il dût s'affujettir à toutes celles de la Poëfie.

Sous le regne d'Henri III. Ronfard n'eut prefque plus d'accés à la Cour : il en marqua oUvertement fon chagrin, par ces Vers, où il parle de fa Fran

ciade, qu'il refolut de laiffer imparfaite :

Si le Roy Charles eut vefcu, J'euffe achevé ce grand Ouvrage, Si-tôt que la mort l'eût vaincu Sa mort me vainquit le courage.

Malgré tous les partifans, qu'avoit eu ce Poëte, il ne laiffa pas de s'appercevoir, que fon ftile enflé n'étoit plus imité, & que l'on commençoit à écrire plus naturellement que lui. Pibrac s'appliqua à la Poëfie Gnomique ou fententieuse, & fit ces Quatrains, qui ne font peutêtre méprifez que des gens qui n'ont jamais pris la peine de les lire. Etienne de la Boëtie compofa quantité de Sonnets fur

les matieres les plus abftraites de la Religion; & Montaigne en fit le fujet d'une Differtation, que l'on peut voir dans fes Effais. Defportes acheva presque de purger la Poëfie, du barbarifme qui s'y étoit introduit, & ramena les Mufes Françoises au langage de leur Païs; il se forma fur les Italiens, & apprit d'eux à répandre dans fes Vers un noble enjouëment, tel qu'eft celui de ce Sonnet à une Dame :

Ah, je vous entens bien, ce propos gracieux,

Ces regards derobez, cet aimable foûrire,

Sans me les déchiffrer, je fear qu'ils veulent dire,

C'est qu'à mes ducatons vous faites les doux yeux.

Ti

Quand je conte mes ans, thon n'eft pas plus vieux, Je ne fuis deformais qu'une mort qui refpire,

Toutefois vôtre cœur de mon amour foûpire,

Vous en faites la trifle, & vous plaignez des Cieux.

Le Peintre étoit un fot, dont l'amoureux caprice,

Nous peignit Cupidon,un enfant fans malice

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Garni d'aris & de traits, mais nud d'acouftremens.

Il falloit pour carquois, une bourfe luy pendre,

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