fa beauté dans le commencement; mais bien-tôt aprés on l'affaifonna d'un fel acre & pi-quant. Mimnerme s'appliqua à divertir les gens, en leur attendriffant le cœur, & en leur arrachant même des larmes, par des plaintes d'Amans defefperez, c'est ce qu'on appella Elegie elle n'étoit pas toûjours plaintive comme elle eft aujour d'hui, fi les Amans, qui n'éprouvoient que les rigueurs de leurs Maîtreffes, s'en fervoient pour raconter leurs fouffrances, les Amans heureux s'en fer-voient auffi pour ch nter leurs. felicitez. Theognis, qui fe propofa d'inftruire & de divertir les Lec teurs, inventa le Poëme Gno mique ou Sententieux. En plufieurs lieux de l'Attique, on célebroit tous les ans une Fête en l'honneur de Bacchus , pour lui demander la fertilité des vendanges; on lui facrifioit un Bouc en haine du dégât qu'un animal de cette efpece avoit fait aux vignes d'Icarius, qui le premier avoit enfeigné à les planter, & qui avoit inftitué cette Fête, aprés le Sacrifice l'on chantoit & l'on danfoit autour de l'Autel on appella pendant quelque tems cette réjouiffance Trigodie, c'eft à-dire, Chanfon de vendange; on l'appella enfuite, Tragodie, qui ne fignifie autre chofe queChanfon de Bouc, & c'est de-là qu'eft venu le mot de Tragédie. Les Atheniens voulurent auffi celebrer cette Fête; ils lui donnerent de nouveaux embelliffemens, ils y ajoûterent des danfes reglées, & des Chœurs de mufique, qui chantoient des Hymnes en l'honneur de Bac-chus. Les hommes ont toûjours aimé ce qui les fait fortir d'euxmêmes, où ils ne trouvent que des fujets de reflexions triftes & defagréables. Ce fpectacle, qui eft le premier dont nous avons quelque connoiffance, plût à tout le monde; les Habitans des Campagnes voifines d'Athenes l'introduifirent dans leurs réjoüiffances, & parce qu'ils n'y chantoient que des chan- fons groffieres, on appella cat amufement, Comedie, qui veut dire, Chanfon de Village. Pendant plufieurs années, la Tragédie ne fut qu'un Chœur, tel à peu prés, que celui dont nous venons de parler : Thefpis y fit enfin paroître un Açteur, qui déclamoit plufieurs fois dans la Piece, & donnoit du tems aux Muficiens de refpirer ces déclamations étoient des fables, ou des hiftoriettes, dans lefquelles on inferoit ordinairement les louanges, de Bacchus on épuifa ces fujets, & l'on commença à faire declamer des ouvrages, qui n'avoient nul rapport aux Fêtes qu'on celebroit. Les Prêtres de Bacchus fe plaignirent de ce que : ; ces déclamations ne faifoient qu'interrompre le culte de leur Divinité, & les appellerent Epifodes, c'eft-à-dire, pieces ajoûtées, & délors les Poëtes s'appliquerent à les faire naître fi à propos du principal fujet, que fans en détruire l'ordre, on n'auroit pas pû les en féparer. A peu prés dans ce tems-là, il parut à Athenes des Tragédies d'une nouvelle espece, qu'on appelloit Satyres, parce qu'on y faifoit parler des Dieux de Forêts avec des Heros; ce n'étoit qu'un mélange confus de bagatelles & de grands évenemens, de difcours férieux & de comiques; ces pieces n'étoient pas uniquement destinées aux Fêtes de Bacchus, on les. |