reprefentoit le refte de l'année. Thefpisy mit des Perfonnages, qui pour reffembler aux Faunes & aux Satyres, qu'ils reprefentoient, fe barbou lloient le vifage avec du vermillon & de la lie; les Acteurs & les Chaus montoient fur un tombereau,& alloient par la Ville donner des représentations le goût que l'on avoit pour ces repréfenta tions & ces amusemens augmentoit tous les jours, on bâtit un Theatre, & les jours deftinez au culte de Bacchus, on y repréfentoit les plus belles Pie ces; les Acteurs y alloient recevoir des applaudiffemens, & le prix destiné à celui qui avoit le mieux réuffi, étoit un vieux Bouc. Par Par le mot de Theatre, on entendoit un grand édifice, qui contenoit les Spectateurs & les Acteurs: celui, que l'on bâtit à Athenes, étoit orné en dedans de portiques, garni de fieges faits en degrez; l'Orqueftre étoit au milieu, & occupoit un affez grand efpace: on l'avoit terminé fur le devant par un pupitre élevé, & conftruit avec des ais; c'est-là que paroiffoient les Acteurs, & c'eft ce qu'aujourd'hui nous appellons Thea tre. Ce mélange bizarre de férieux & de comique, dont on amufoit les Atheniens, commença à déplaire: Eschyle compofa des pieces, qui n'avoient aucun rapport avec celles qu'on C deftinoit aux Fêtes de Bacchus: il s'affujettit à des regles, il ne choifit que des fujets héroïques, il reforma les Choeurs, & augmenta le nombre des Acteurs, aufquels il donna des mafques, & des habits conformes à ce qu'ils reprefentoient; il leur fit prendre des brodequins, tels que font ceux des Comediens d'aujourd'hui. Sophocle & Euripide encherirent fur Efchile; ils remplirent leurs pieces de beaux fentimens, de narrations énergiques; ils firent foûtenir à leurs Heros la majefté des caracteres qu'ils leur avoient donnez; ils s'attacherent à tenir l'efprit des Spectateurs dans une élevation continuelle, par des accidens merveilleux les Cheeurs & les déclamations n'eurent plus qu'un même fujet, toutes les reprefentations, qui pouvoient choquer la vûë, furent retran chées une feule action qui fe paffoit dans un même lieu, & dans l'efpace d'un tour folaire, fit toute la matiere d'une piece: Pour donner plus de gravité à ceux qui faifoient le rôle des Heros: on leur fit prendre cette chauffure, qu'on appelloit Cothurne, dont le foulier, qu'on faifoit de liege, étoit plus élevé que celui du brodequin, & depuis ce tems-là pour défigner un homme qui parle en style pompeux, on dit en langage fi guré, il chauffe le Cothurne. Le Theatre cut des décorations qui donnoient une idée du lieu, où l'action qu'on representoit, s'étoit paffée: On s'apperçut que la fymphonie ne fervoit pas feulement à chatouiller l'oreille, on la regarda comme un puïf fant mobile, qui mettoit l'ame dans la fituation, où il faut qu'elle fe trouve,quand on veut en exciter les paffions; & les Poëtes s'impoferent l'obligation d'entendre les regles de la mufique, comme fi leur efprit n'eût pas été affez accablé de celles de la Poëfie. Enfin la Tragédie fût alors à ce point de perfection, où depuis ce tems-là jufques en cé fiecle, les feuls François l'ont portée; auffi plût-elle fi fort à Athenes, que de peur que les plaifirs n'en fuffent trou |