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tendre de l'attendrir tout d'un coup par un fujet déplorable. On retrancha de la Comédie tout ce qu'elle avoit de férieux & de trifte; elle ne reprefenta que des chofes rifibles qui fe paffoient entre des perfonnes privées: on laiffa à la Tragédie les grands évenemens,& ce que les paffions des Heros ont de violent & d'extraordinaire:fous le nom de Poëme Dramatique, qui fignifie, reprefenté avec action, on comprit la Comédie & la Tragédie, le mot de Scéne fervit à l'une & à l'autre pour fignifier le lieu, où l'action, qu'on reprefentoit, s'étoit paffée, & le changement qu'ap portent au Theatre l'entrée & la fortie d'un ou de plufieurs

Acteurs. Il y eut des Tragédiens & des Comédiens; les premiers ne reprefentoient rien de comi-que, & les derniers ne reprefentoient rien de férieux.

Du tems de Ptolomée Philadelphe,il y eut quantité de Poëtes Grecs, parmi lefquels fept fe diftinguerent on les appella les Poëtes de la Plaïade, nom d'une Conftellation compofée de fept Etoiles, qui paroît fur la poitrine du Taureau.

L'ambition, qu'avoient les Romains de fe rendre maîtres de toute la terre, leur avoit fait négliger long-tems les belles Lettres, & ces redoutables Vainqueurs n'avoient connu pendant plus de cinq cens ans d'autre gloire que celle de foû-

mettre les Nations les plus éloignées, leurs yeux accoûtumez au fang & au carnage dans des guerres continuelles, fe faifoient un agréable amusement des cruels fpectacles d'un Colifée. Les Fecennins étoient naturels lement bouffons & comiques ; ils alloient à Rome pour y re prefenter des Pieces de leur fa çon, qui n'étoient remplies que de bouffonneries & d'équivo ques groffieres; elles amuferent pourtant le Peuple affez longtems on leur en fit fucceder d'autres qui étoient affaifonnées de railleries piquantes, fur toutes fortes de fujets, & parce qu'elles étoient fans ordre, on feur donna le nom de Satyres, qui ne fignifioit alors qu'un

amas confus de differentes cho, fes. Il eft bon d'obferver que ces pieces n'avoient nul rapport avec celles des Grecs, qui tiroient leur nom des Dieux de Forêts, qu'on y faifoit parler; il y eut encore à Rome d'autres Comédies qu'on appelloit Ate, lanes; mais les unes & les autres parurent infipides aprés qu'Andronic & Nevius en eurent donné de leur façon.

Les Grecs, qui depuis longtems foûtenoient la guerre contre les Romains, furent enfin foûmis, & cette fiere Acaïe, qui avoit fubjugué tant de Peuples differens, devint en un jour une Province Prétorienne; il y eut délors un grand commerce entre ces deux Nations, & l'on

enfeigna la Langne Grecque dans les Écoles publiques de

Rome.

Les Poëtes de ce tems-là, moins remplis d'amour propre que ne le font ceux d'aujour d'hui, eurent affez de force d'efprit pour trouver des beau tez dans les ouvrages des Grecs, que les leurs n'avoient pas ; ils ne furent pas même honteux de fe les propofer pour mode des; ils mirent comme eux des Choeurs à leurs Comédies:mais foit que la fymphonie n'en fut pas affez bonne foit que les Poëtes ne voulullent pas pren dre la peine de leur donner une liaifon avec la Picce, ils ne plu rent pas long-tems, on les fup prima infenfiblement, & de

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