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tiftote, diftinguent plus un Poëme d'une fimple narration, que les Vers, dont il eft compofé. Nous avons plufieurs Ouvrages de ce tems-là, entre lesquels on voit le Tornoyement de l'Antechrift qui eft un combat des vertus & des vices.

Une Satyre contre toutes fortes de gens, que donna Guyot fous le nom de Bible, parce que s'il faut l'en croire, elle ne contient que des veritez. En voici les premiers Vers:

Dou fiecle puant & horrible, Meftuet* commencer une Bible, Pour poindre & pour éguillonner Et pour bons exemples donner: Ce n'est pas Bible menfongiere, Maus fine & voire droituriere. De toutes ces productions, Giifj

*j'ai envie.

celle qui acquit plus de gloire à fes Auteurs, fut une imitation de l'Art d'aimer d'Ovide:Loris qui en fit la premiere partie, l'appella le Roman de la Rofe, parce que fa Maîtreffe s'appelloit ainfi. Voici comme elle

commence :

que en

Maintes gens dient fonges, N'a fenon fables & mensonges; Mais on peut tels fonges fonger, Qui ne font mie menfonger. Quand il mouroit un Auteur on faifoit examiner fes Ouvrages; s'il en laiffoit d'imparfaits, on chargeoit quelqu'un de les achever. Loris mourut dans le tems qu'il travailloit à la derniere partie de fon Roman, & long-tems aprés Jean

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de Meun fe chargea de la finir: il vomit tant d'injures contre les Dames de la Cour, qu'elles "refolurent de s'en vanger : elles l'entourerent un jour, armées de verges, & alloient lui faire fentir l'effet de leur van geance; mais il fçut fe tirer de ce danger en homme d'efprit: Que celles que j'ai juftement offenfées, dit-il, me donnent les premiers coups; à ces mots toutes les Dames difparurent. Ce Roman fut fi fort eftimé pendant plufieurs années, que chacun fe picquoit d'en fçavoir quelques endroits, & les Prédicateurs, qui en trouvoient les maximes dangereuses,tâcherent long-tems en vain de le décrier.

Outre les Romans, il y avoit alors des Fables & des Hiftoriettes, qu'on appelloit Fabels ou Fabliaux tel fut celui que fit Yves Pianceles,pour un mari en divorce avec fa femme: if commence ainfi;

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Yves Pianceles qui trouva Cil Fabel, par raifon prouva Que cil qui a femme robefte * Eft garni de mavvaife befte. Guyar en compofa un, dans lequel il enfeigne à un Amant plufieurs moyens de fe guérir de l'amour, & lui dit en parlant de fa Maîtreffe:

Le matin va la voir, ains qu'elle foit levée,

Et que de fon fardet foit ceinte ni fardée.

Quand Saint Louis eut fondé

x opiniâtre.

PHôpital des Quinze-Vingts, Rutebeuf en fit cette defcrip

tion:

Ly Roys a mis en un repaire, Mais je ne sçai pas pourquoi faire,

Trois cens Aveugles tofto à tofto:
Parmi Paris en va trois paires,
Toto jor ne finent de braire,
As trois cens qui ne voyent goto,
Ly un fache, ly autre boto
Et fe donnent mainte fecoffo.

Tout devenoit favorable à la Poëfie, & fous Philipe le Hardy, il y avoit des Maîtres de rime & de verfification, comme nous en avons aujourd'hui de Mufique & de Danfe; s'ils n'enseignoient pas à penser, du moins pouvoient-ils enfeigner à bien exprimer une penfée, &

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