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Enmille trois cens vingt-qua tre, Dame Clemence Ifaure de la Maifon des Comtes de Toulouse, y convoqua tous. les Poëtes & les Trouveres du voisinage, & promit de donner une violette d'or à celui qui feroit les plus beaux Vers. Elle donna enfuite un fonds, dont le revenu devoit être employé à ce prix. On peut dire qu'elle fe fonda par-là des louanges éternelles on va toutes les années répandre des fleurs fur fon tombeau; on en couronne fa ftatue, qui eft à l'Hôtel de Ville, avec celles des gens illuftres de Languedoc, & l'on fait une Piece en Latin à fa gloire. Aprés la mort de cette Dame, dont la me

moire eft fi celebre, les Magiftrats de Toulouse, où l'ef prit eft fi generalement répandu, ordonnerent que tout ce qu'elle avoit inftitué feroit exactement obfervé à l'avenir. Ceux, qui jugeoient des Ouvrages, étoient appellez les Mainteneurs de la Gaye Sciences le lieu, où l'on s'affembloit, étoit orné de fleurs; le prix étoit une violette; on la donnoit le premier jour de May: toutes ces raifons firent appeller cette inftitution Jeux floraux. Pour donner plus d'émulation aux Poëtes, on ajoûta encore deux prix, qui furent un Souci,. & une Eglantine, qui eft une efpece de Rofe:Celui,qui rem portoit les trois fleurs, étoit reçû

Docteur en Science Gaye: on demandoit le Doctorat; on étoit reçû, & les Lettres étoient expediées en Vers.

Celui,qui remportoit le premier prix,étoit honnoré du nom de Roi, & donnoit les cannevas fur lefquels, on devoit travailler l'année fuivante.

On faifoit ordinairement un Chant de trois ou quatre Stances; le dernier Vers de la premiere, devoit fervir de refrain aux autres,& parce qu'on adreffoit cet Ouvrage au Roi, dont nous venons de parler, on l'appelloit Chant Royal on fit enfuite des Balades, qui étoient moins longues que le Chant Royal.

Ordinairement à la fin de ces

deux Poëmes, on mettoit en cinq Vers un abregé du fujet, qu'on appelloit envoi, parce qu'on l'adreffoit au Roi, pour fe le rendre favorable.

C'eft du Chant Royal & dela Balade, que font venus le Lay, le Virelay, le Rondeau,le Triolet, & tous les petits Ouvrages dont le refrain fait l'agrément. L'inftitution des Jeux Floraux ranima un peu la Poëfie dans le Languedoc, & dans le refte du Royaume; mais elle eut bientôt aprés un furieux contre

tems.

Charles le Bel étoit mort fans enfans, Philippe de Valois, Oncle des trois derniers Rois fut élevé fur le Trône: Edouard III. Roi d'Angleterre, préten

doit, malgré la Loi Salique, heriter de cette Couronne, comme Fils d'Ifabelle de France Sœur de Charles. Cette prétention chimerique fut la fource des longues guerres, qui coûterent tant de fang, & aux François & aux Anglois : dés qu'elles furent allumées; les rebellions, les ligues, les cabales troublerent tout le Royau me, & les Muses furent entierement negligées. Sous Jean Premier, Charles-le-Sage, & Charles-le-Bien-aimé, le Maire de Belges & Andrelin furent les feuls Poëtes, qui s'acquirent quelque réputation; le dernier ne fe picquoit que de faire beaucoup de Vers, parce qu'on les lui payoit au cent, & qu'on les

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