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du récipient eft couverte de mastic, on ne voit plus de bulles d'air; elles reparoiffent fron coupe feulement un pouce de l'extrêmité fupérieure, car alors l'air entre par la fection. Il est également prouvé que les racines & les feuilles abforbent l'air avec une grande force.

Nous ne devons donc point être furpris de la grande quantité d'air que contiennent les végétaux, puifque ce fluide entre par tous les pores de la furface de leurs feuilles de leurs branches, de leur tige & même de leurs racines. M. Hales a retiré par la diftillation d'un demi pouce cubique de cœur de chêne 128 pouces cubiques d'air, c'est-àdire, une quantité égale à 256 fois le volume du morceau de chêne soumis à l'expérience. Un pouce cubique de pois produifit, par le même moyen, 396 pouces cubiques d'air, ou 113 grains, qui font plus du tiers de la pefanteur des pois. Une once de graines de moutarde, 270 pouces cubiques d'air : un pouce cubique d'huile d'anis fournit 22 pouces cubiques d'air; une pareille quantité d'huile d'olives donna 88 pouces cubiques d'air. De 12 pouces cubiques de raifins fecs de Malaga, mis en fermentation avec 18 pouces cubiques d'eau, on obtint 489 pouces cubiques d'air; fi ces raifins avoient été frais, ils en auroient

fourni une bien plus grande quantité: car 26 pouces cubiques de pommes écrasées produifirent, en treize jours, 968 pouces cubiques d'air; ce qui fait quarante fois leur volume. Après tout ce que nous avons dit, nous ne devons pas être plus étonnés de la grande quantité de nourriture que prennent les végétaux. Le même M. Hales a prouvé qu'en vingt-quatre heures il entre & fort dix-fept fois plus de nourriture, à proportion des maffes, dans les vaiffeaux feveux d'un foleil, que dans les veines d'un homme.

Avoir prouvé que les végétaux abforbent par tous les pores de leur fuperficie l'air & l'eau qui font répandus dans l'atmosphere c'eft avoir démontré qu'ils reçoivent en même tems le fluide électrique atmosphérique ; car perfonne n'ignore que ce fluide a une trèsgrande affinité avec toutes les fubftances déférentes ou anélectriques, & que l'eau, diffoute par la maffe d'air qui nous environne, eft un excellent conducteur. Cette eau rece-vant très-facilement & tranfmettant de même la matiere électrique, ainfi qu'on l'a établi plus haut, communiquera donc aux plantes l'électricité de l'atmofphere; effet qui fuppofe néceffairement une influence.Dès que les végétaux par le moyen de leurs pores abforbans pomperont, pour ainfi dire, l'eau

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répandue dans l'air ambiant, ils recevront en même tems, par le moyen de cet intermede, le fluide électrique qui lui eft uni. Les exhalaifons conductrices, élevées de différentes fubftances & qui, flottent dans l'atmosphere, étant, comme nous l'avons prouvé, d'excellens véhicules de l'électricité, ferviront encore à tranfmettre cette matiere à la fubftance des plantes par leurs pores inhalans. La grande quantité de particules aqueufes, & d'émanations diverses de nature conductrice & qui flottent dans l'atmosphere, étant très-considérable, la quantité de fluide électrique communiquée aux plantes, fera dans la même proportion. L'air même absorbé, tout idioélectrique qu'il eft, deviendra accidentellement un déferent par l'intermede des fubftances anélectriques, & principalement des vapeurs avec lesquelles il a une grande affinité : alors le fluide électrique, par ces intermedes divers, contractera une union, & même une certaine adhérence avec les molécules de l'air; & celles-ci, étant continuellement afpirées par les plantes, leur communiqueront l'électricité de l'atmosphere. Sans qu'il foit néceffaire d'en prévenir, on conçoit bien que cette affinité d'intermede n'auroit pas lieu, fi l'air étoit absolument féparé de toute humidité & de toute efpece

d'exhalaisons, ou que fi l'air, étant parfaitement fec, il ne fût uni qu'avec des émanations non conductrices.

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L'influence de l'électricité de l'atmosphere fur les végétaux, déduite des phénomenes qu'on remarque lorfqu'ils font mis dans le vuide & dans un air non renouvellé.

C'EST un dogme incontestable qu'il y a dans l'atmosphere un fluide électrique qui y existe conftamment ; nous avons prouvé cette vérité; & quoique nous touchions prefque à l'époque de cette découverte faite de nos jours, on ne trouve perfonne qui la révoque en doute. Toutes les vérités nouvelles n'ont pas éprouvé autant de facilité à s'établir. Souvent on a vu les paffions, les préjugés oppofer les plus grands obstacles à l'établiffement des découvertes les plus utiles; mais celle dont nous parlons s'eft d'abord montrée avec un appareil fi impofant, que les miférables efforts qu'on fit à l'époque où elle parut, ne fervirent qu'à rendre fon triomphe plus brillant, & à lui attirer des fuffrages univerfels. Ce fluide électrique, qui

eft

eft fi généralement répandu dans l'atmosphere, doit avoir une certaine influence fur les végétaux; & la néceffité indifpenfable où font toutes les plantes de vivre dans l'air, m'en paroît une preuve non équivoque.

En effet, l'expérience prouve que les plantes périffent bientôt dans le vuide de la machine pneumatique; les germes ne s'y développent pas, ou font bientôt étouffés & anéantis. Les jeunes plantes, comme celles qui font adultes, ne peuvent pas foutenir cette privation; elles ne tardent pas à fe flétrir & à mourir, quoiqu'on ait foin de les arrofer à l'ordinaire & même plus fouvent. Boerhaave (Chym. t. I. p. 428.) cite des expériences qui prouvent que les lentilles d'eau, les mouffes & toutes les plantes même périffent auffitôt dans le vuide. Il en eft de même si l'air dans lequel vivent les plantes ne fe renouvelle pas. Dans les Commentaires de Bologne ( tom. III, pag. 43 & 143.) on voit que des graines femées dans une terre bien préparée, humectée à propos, & convenablement échauffée, n'ont pu germer comme dans l'air. Selon les obfervations de Montius dans les Tranfactions philofophiques, les corps les plus propres à fournir la moififfure ont perdu dans le vuide cette propriété. Mais dès que l'air fut rentré dans le récipient de la machine

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