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en diroit encore moins que le fimple coup d'oeil de l'obfervation.

Qu'on ne croie pas que nous avons voulu parler d'une reffemblance particuliere, nous nous fommes bornés à celle qui eft générale; car les diverfes efpeces d'animaux comparées entr'elles, nous préfentent des formes bien différentes. Quelle reffemblance particuliere y a-t-il entre la ftructure d'un quadrupede & d'un escargot, entre celle d'un oiseau & d'un ferpent, entre un fcarabée & un poiffon, un crustacée & une baleine, une mite & un chameau, &c? Il y a moins de différence entre un polype & une plante, qu'entre ce finge fi adroit, qui fe joue prefque de l'homme, & ce ver abje& qui rampe à nos pieds. Il n'y a pas tant de diftance du galle-infecte à un fruit, que de l'aigle qui plane dans les airs au - deffus du féjour de la foudre, à cette huître qui dans les abymes de l'Océan eft conftamment attachée à des maffes de rochers, que les vagues en courroux battent fans relâche, &c.

L'analogie interne, toujours plus concluante que celle des formes, nous inftruira mieux des rapports effentiels qui regnent entre ces deux fortes d'êtres. Une matiere ligneufe qu'on doit comparer à la fubftance offeufe, des fibres, des membranes, des

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tiffus cellulaires, des tiffus fibreux, ou veficulaires ou parenchimateux, une moëlle, des vaiffeaux, des fluides dans les plantes. comme dans les animaux ; des racines qui font la fonction de l'eftomac; des trachées qui repréfentent le poumon, des routes pour la circulation ou l'ofcillation des fluides lympathiques & nourriciers, analogues aux veines & aux arteres des animaux ; des étamines & des piftilles, vrais organes de la reproduction; des graines, en tout femblables aux œufs; un pollen fécondant; des glandes fecrétoires & excrétoires, &c. toutes ces parties effentielles annoncent la fimilitude la plus complette qu'il foit poffible d'imaginer.

Les fonctions végétales ne reffemblent-elles pas à celles qu'exercent les animaux? Ne remarque-t-on pas dans les plantes, comme dans les êtres animés, une production, un développement, une nourriture par intusfufception, un accroiffement, une maturité, une décrépitude que fuit la mort, terme fatal où tous les êtres organifés vont enfin fe perdre ? N'observe-t-on pas pendant leur vie une action continuelle des fluides fur les folides, & une réaction constante de ceux-ci fur les premiers? Le mouvement continuel de la feve dans les vaiffeaux propres à la contenir, n'a-t-il pas les plus grands rapports

avec les vaiffeaux fanguins des animaux? L'infpiration & l'expiration conftantes des plantes, n'imitent-elles pas le jeu de la refpiration? Une déperdition journaliere de fubftance, & un befoin permanent de la réparer, ne font-ils pas communs aux deux regnes, &c? Des deux côtes on apperçoit les mêmes loix générales, les mêmes actions, & prefque les mêmes mouvemens, les mêmes effets, & des résultats qui ne different point aux yeux de ceux qui négligent les détails minutieux, pour élever leurs regards vers cet enfemble de la nature, qui eft encore plus admirable qu'étonnant.

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Cependant l'analogie frappante qui regne entre les végétaux & les animaux, ne se refufe pas aux détails de l'examen particulier. Si c'étoit ici le lieu de s'étendre fur cet objet intéreffant nous comparerions espece à efpece celles des deux ordres d'êtres organifés qui ont entr'elles des rapports plus intimes & plus marqués, nous verrions que les polypes d'eau douce, découverts par Trembley, fi bien décrits par Bonnet, font, en prenant ce terme dans toute l'étendue de fa fignification, les émules de plufieurs plantes. Si la fection & la taille, bien loin d'être nuifibles aux végétaux, fervent au contraire à les multiplier, à leur faire pouffer de novvelles

branches, la même opération, produite fur ces finguliers animaux qui portent le nom de polypes, donne naiffance à des phénomenes abfolument femblables, & qui ne nous ont paru plus surprenans dans les animaux, que parce que nous ne réfléchiffons pas affez fur les merveilles que les plantes offrent fans ceffe à nos regards.

En poursuivant ici la comparaison, nous verrions que ces admirables polypes, créés, ce femble, exprès pour nous montrer l'analogie la plus frappante dans des êtres, limitrophes des barrières que l'ignorance & la précipitation de l'efprit humain avoient placées; nous verrions les polypes divers multiplier de bouture & par rejetons, ainfi que les plantes; vivre également, quoique retournés en tout fens comme plufieurs végétaux; fouffrir la greffe, s'unir enfemble par cette opération, & ne former de plufieurs individus qu'un tout, avec la même facilité avec laquelle on obferve chez eux l'unité fe décompofer en plufieurs animaux femblables: merveilles contraires, qui femblent n'avoir lieu que pour étonner & confondre l'efprit orgueilleux de l'homme. Que feroit - ce fi nous examinions les phénomenes furprenans que nous offrent en foule les différentes efpeces de polypes, & que nous présen

taffions fur une même ligne les effets correfpondans des végétaux qu'on peut mettre en parallele avec eux? combien de prodiges femblables ne nous fourniroient pas les polypes en entonnoir ceux qu'on appelle à bouquet, les polypes en naffes, les polypes à bras, & tant d'autres efpeces de zoophites qui peuplent les eaux, & habitent dans la vafe & fur les débris des plantes.

La marche des individus des deux regnes peut encore être mife en regard. La graine, fécondée comme l'oeuf, donne naiffance à un nouvel être ; une nourriture délicate a été préparée & renfermée par la nature prévoyante dans l'enveloppe de l'œuf végétal, pour alimenter le nouvel embryon. Des cotyledons, ou feuilles feminales, femblables au placenta des animaux, fervent au même ufage. Lorfque l'animal-plante s'eft un peu développé, les mamelles végétales qui l'allaitoient fe deffechent; cette liqueur délicate & fucculente fait place à une autre plus folide; la plante paffe, comme l'être animé, par des états fucceffifs d'accroiffement en hauteur en largeur & en épaiffeur. Dans l'état de la jeuneffe, elle a des graces, du coloris & de la beauté; dans celui de maturité, on remarque en elle de la force & de la folidité: c'eft alors que les germes reproducteurs font

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