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plus propres à remplir la deftination pour laquelle ils ont été créés; c'est l'époque marquée pour la confervation de l'efpece. Pendant les premiers âges de la plante, ainsi que dans ceux de l'animal, la transpiration eft plus abondante, & le befoin de fe nourrir plus vif & plus fréquent que dans l'âge avancé. Dans la vieilleffe les végétaux se dépouillent de cette brillante parure, dont leur tête étoit couronnée : tout languit chez eux comme dans les animaux; la foibleffe, les infirmités, les maladies, la décrépitude & la mort font les degrés rapides par où paffent également les plantes & les animaux.

Le petit nombre de différences accidentelles qu'on pourroit oppofer à cette reffemblance naturelle, foutenue par des rapports non moins nombreux qu'effentiels; ce petit nombre de différence n'eft de nulle confidération, & il fuffit de les rappeller en peu de mots pour en être convaincu. Il eft des difficultés qu'on ne détruit jamais mieux qu'en les expofant fimplement: le fens naturel dont le germe exifte, fans doute dans toutes les têtes, fuffit pour venger la vérité des chicanes déteftables & des travers infidieux auxquels une fauffe & coupable fubtilité n'a que trop fouvent recours. Que les plantes n'aient pas, comme la plupart des animaux,

une faculté locomotive, une analogie marquée & très-foutenue n'en exiftera pas moins entre ces deux claffes d'êtres; le pouvoir de changer de lieu, n'eft pas de l'effence de l'animalité. Combien ne connoît-on pas d'êtres vivans qui font condamnés à refter éternellement au fond des abymes de l'Océan, ou fur les vaftes & nombreux rochers qui tapiffent fes bords immenfes? Ces coquillages parafites qui fe fixent fur la premiere fubftance immobile où tombe leur germe, ontils la faculté de changer de lieu? Ces glands de mer, ces conques anatiferes, ces pouffepieds qui restent fixés dans la partie de l'efpace où leur paifible deftinée les a placés; ces pholades & ces dails qui vivent au fein des pierres & des rochers couverts des ondes de la mer; ces madrepores, ces millepores, ces efcarres, ces rétépores, ces aftroïtes, ces tubipores, ces méandrites, ces fongipores nombreux, ces coraux, ces litophites, dont la variété des formes le difpute à la beauté même; ces alcyons divers, ces éponges rameufes, ces corallines, ces coralloïdes, ces kératophites, dont les panaches brillans fe jouent au fein des ondes; tous ces polypiers de formes fi variées, font privés de la faculté locomotive, & n'en font pas moins animés. Pourquoi exigeroit-on néceffairement

des

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des plantes, ce qu'on ne croit pas effentiel aux animaux ? Mais, dira-t-on, les plantes n'ont pas un cerveau, un poumon, un cœur, des arteres & des veines, &c. comme les animaux. Jufques à quand aura-t-on donc cette miférable manie de bâtir des fyftêmes fans fondement? Quoi! parce que les grands animaux qui ont plus de rapports avec nous ont des organes de telle forme il faudra refuser l'animalité à tous ceux dans lefquels on en obfervera de différens! Eh! ces infectes qui rampent à vos pieds, ou voltigent fur les fleurs, ces coquillages, que le reflux de la mer vous permet d'appercevoir, ces mollufques divers, qui flottent au gré des ondes, ont-ils un cervelet, des nerfs un cœur, un foie, &c? Croyez-vous que la main de l'Éternel, qui a façonné lés mondes, ait été affervie à un petit nombre de formes prototypes, & que fa puiffance & fa fageffe foient circonfcrites dans les mêmes limites que tracent fi fouvent nos foibles conceptions?...

lui

On ne peut donc douter qu'il n'y ait entre les végétaux & les animaux la plus grande analogie, puifque les différences qu'on pourroit y remarquer ne font qu'accidentelles, & que les rapports nombreux & conftans qu'on obferve font fondés fur la nature même des chofes. Cette analogie établie, il

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en résulte évidemment que les plantes feront foumifes à l'influence de l'électricité de l'atmosphere, puifqu'il eft indubitable que les animaux y font exposés : ainfi la classe nombreufe des corps organifés, fera fujette à l'action continuelle que le fluide électrique, répandu dans l'air, exerce fur tous les êtres qui y font contenus.

CHAPITRE III

De l'influence de l'électricité aérienne, démontrée par les effets dépendans de la fluidité. L'ÉLECTRICITÉ de l'atmosphere est un fait de la plus grande certitude, comme nous l'avons prouvé : il n'eft pas moins évident qu'elle eft une matiere, car elle produit des effets très-fenfibles. L'impreffion qu'elle fait fur nos organes & fur tous les corps qu'on lui préfente, ne laiffe aucun doute fur cette vérité. La grande mobilité de fes parties, le mouvement rapide, & l'agitation finguliere & conftante qui regne entre toutes fes molécules, fa tendance perpétuelle à l'équilibre, annoncent affez hautement que cette matiere eft un vrai fluide. Cette affertion eft fi généralement admife, que ce feroit fe

donner une peine fuperflue, que de chercher à l'étayer par un appareil de d'expériences faciles à indiquer.

preuves

Mais tous les fluides ont une influence réelle fur les êtres qui y font plongés; car les fluides, dont toutes les parties font continuellement agitées d'un mouvement inteftin, doivent néceffairement, felon les loix de la collifion des corps, communiquer aux corps environnans une quantité proportionnelle de leur agitation. Auffi remarque-t-on que des corps diffolubles font bientôt attaqués par les fluides qui les environnent, & que la diffolution eft relative à l'affinité qu'ils ont avec eux. La preffion que les fluides exercent en tout fens, & felon toutes les directions poffibles, fuffiroit encore pour produire fur tous les corps qui en font environnés une action très - fenfible, quand même on refuferoit aux fluides le mouve ment de fluidité que l'expérience leur affure; car cette preffion eft un effort qui conféquemment doit agir fur tout ce qui peut y être foumis. Or cet effort, cette action, ce mouvement communiqué, produifent néceffairement une influence. Il fuffit donc d'établir que la matiere électrique qui regne dans l'atmofphere eft un vrai fluide, pour pouvoir en conclurre qu'elle a une influence réelle fur les

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