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pas faire des obfervations de ce genre? Alors on connoîtroit bientôt quelle eft l'intensité du fluide électrique dans un lieu plutôt que dans un autre, & conféquemment quelle eft fon influence fur l'économie tant animale que végétale. En employant cette méthode, on procédéroit des effets à la caufe, ce qui eft la voie la plus fure pour connoître la vérité.

Le célebre Linnæus a penfé avec raifon qu'on pouvoit niveler les montagnes par des obfervations botaniques, & juger de leur hauteur, & des élévations de leurs différentes parties par la nature des plantes qui y croiffent, ( * ) idée fuperbe qui ne peut être

(*) Ce grand botaniste herborisant fur les montagnes de la Dalecarlie jugeoit, par l'efpece des végétaux qu'il rencontroit, de la hauteur où il étoit refpectivement à celles de la Laponie qu'il avoit réellement mefurées & dont il connoiffoit parfaitement l'herborisation locale. Tournefort rapporte dans for voyage au levant : « qu'il trouva dans les plaines, au bas » du fameux mont Ararat, les plantes ordinaires de l'Arménie; » en avançant au pied de la montagne, il reconnut celles qui font propres à l'Italie; après avoir monté à une certaine hauteur, il vit celles des environs de Paris; plus haut, celles » de la Suede; & enfin auprès des Neiges qui couvrent le » fommet de l'Ararat, & dans lefquelles les Arméniens croient » encore que les débris de l'arche font enfevelis, fe pré» fentent les plantes des Alpes & celles de la Laponie. » Ce fait curieux & important à encore été vérifié par M. de la Tourrette, fecrétaire perpétuel de l'académie des fciences de Lyon, dans fon voyage au mont Pila, ouvrage qui annonce le profond

que le fruit d'une fuite de longues & pénibles obfervations. Ne pourroit-on pas conjecturer, avec beaucoup de vraifemblance, qu'un jour viendra où les fciences feront affez perfectionnées pour juger d'après l'inf pection de la germination, de la feuillaifon, de la floraison, de la maturation des végétaux; pour juger des degrés de l'intensité & de l'énergie du fluide électrique dans un tems & dans un lieu plutôt que dans un autre. Cette conjecture peut n'être pas du goût de ces efprits froids, timides & circonspects, plus propres à rétarder les progrès des sciences qu'à en reculer les limites; mais qu'ils pensent qu'il n'y a peut-être pas cinquante ans quel le projet de mefurer les hauteurs des montagnes par la connoiffance des plantes auroit été traitée d'idée chimérique, que cependant elle eft aujourd'hui regardée comme une vérité démontrée, qu'il n'y a rien à oppofer aux mefures que le botaniste Suédois a prifes avec le plus grand fuccès, en comparant les montagnes de la Dalécarlie & de la Laponie, &c. &c.

naturalifte. Plufieurs autres favans botanistes l'ont également prouvé par l'observation; & on regarde actuellement comme certain que la plupart des végétaux font les mêmes dans les terres fituées fous les mêmes climats & à des élévations égales.

Quoiqu'il en foit de cette affertion, il eft fûr que les raifins qu'on a recueillis dans les terroirs volcaniques font bien plus propres à faire d'excellent vin que ceux qui croiffent dans un fol éloigné. Cet effet eft fi marqué qu'il a lieu, non-feulement dans les endroits où les volcans font allumés, mais encore dans ceux où ils font éteints. J'ai fait cette derniere observation dans plufieurs contrées du Languedoc. Les vins de volcan des environs de la montagne de St. Loup, près d'Agde, qui eft couverte de pierres ponces, de laves & de pozzolane, font connus & confirment cette vérité. M. Jam a remarqué que dans quelques endroits de la Bourgogne, où l'atmosphere étoit plus chaude que dans des lieux voifins, & dans lefquels on voyoit quelquefois fortir des feux du fein de la terre le vin étoit beaucoup meilleur, toutes choses égales. M. d'Auteroche m'a également confirmé ce fait. J'ai auffi obfervé que dans divers terrains où les eaux thermales existoient, la végétation y étoit plus vigoureuse. M. de Julienas a fait cette remarque dans des endroits où le fol étoit très-ingrat, la végétation y étoit refpectivement plus forte que dans ceux qui fous le même climat en étoient dépourvus.

L'auteur du voyage pittorefque de la Grece (pag. 36.) dit : dans l'ifle de Santorin

« le

le côté oppofé à celui du volcan eft affez » fertile; & la terre, quoique couverte de » pierres ponces, produit pourtant une » grande quantité de vignes qui donnent » d'excellent vin. On y recueille auffi beau→ » coup d'orge & de coton, mais peu de

>> froment. >>

La pratique, fuivie en quelques endroits. de l'Italie, de mêler dans la terre végétale des débris pulvérifés de laves & d'autres matieres volcaniques dans les vafes où font plantés des orangers, confirme merveilleusement ce que nous venons d'établir, puifque par cette méthode ces arbres profperent beaucoup mieux. Ces matieres qui font électriques, (*) peuvent par différentes causes, par exemple, par divers mouvemens ou frottemens, être mifes dans un état actuel d'électricité, &c.

(*) Les matieres basaltiques & volcaniques étant vitrifiées par art, font, du moins un certain nombre d'entr'elles, trèsélectriques. On a fait dans le Languedoc des bouteilles de verre avec ces fortes de matieres dans une verrerie de cette province, & celles que j'ai éprouvées m'ont paru plus électriques que d'autres bouteilles faites à l'ordinaire dans la même verrerie ce ne font pas les feules différences qu'on peut remarquer entr'elles, car les premieres ont non-feulement une couleur diverse, mais font beaucoup plus légeres que les autres. Pour être affuré de la nouvelle propriété dont je parle, j'ai adapté ces bouteilles volcaniques à des machines de rotation, & elles ont donné des fignes d'électricité plus rapides & plus

N

Pour ne laiffer rien à défirer fur les effets de l'influence de l'électricité atmosphérique fur la végétation, tels que la germination, la production des tiges, des feuilles, des fleurs & des fruits, & leur multiplication, que nous avons prouvés, foit par le moyen de l'électricité artificielle, foit par celui de l'électricité naturelle, en rapportant des expériences & des obfervations directes, j'ajouterai encore une nouvelle confirmation de tout ce qui a été dit. J'ai placé dans un jardin pendant les différentes faifons de l'année, le petit & le grand électromêtre que j'ai décrits dans l'article premier du chapitre V de la premiere partie, & j'ai obfervé que toutes les fois que les boules par leur répulfion annonçoient, d'une maniere fenfible, l'électricité de l'atmosphere, la germination des graines qu'on avoit femées dans les différentes faifons étoit plus rapide; que des graines qui avoient demeuré plus de tems pour lever depuis qu'elles avoient été mises en terre dans des jours où l'électricité de

nombreux que n'en ont fourni des bouteilles de verre commun. D'après cette découverte on pourroit faire des plateaux circulaires de verre vo'canique ou des globes & des cylindres de même matiere, ainsi que des jarres semblables, alors les effets électriques qu'on en obtiendroit feroient certainement bien plus énergiques

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