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végétaux qui vivent dans fon fein; puisqu'alors ils feront perpétuellement exposés aux chocs, fans ceffe renaiffans, de cette matiere agitée; que les molécules de ce fluide électrique agiront fur les végétaux, comme des boules en mouvement qui frappent des corps en repos; que toute la furface des plantes fera foumife à une preffion continuelle que le fluide électrique exercera conftamment fur elles & de divers côtés, à peu près comme l'enfant, de toutes parts environné d'eau, dans le fein de fa mere, ou le poiffon dans le fein des

ondes.

La grande loi de l'équilibre qui regne dans tous les fluides, & qui fuit évidemment de la mobilité de leurs parties, de leur agitation inteftine, & de leur preffion en tout fens, est encore une preuve de l'influence dont nous parlons. En vertu de cette loi, la matiere électrique de l'atmosphere doit, comme tous les fluides, fe répandre par-tout uniformément, tendre à l'égalité, & faire des efforts conftans pour fe rétablir à l'équilibre, s'il a été troublé. Cette tendance, perpétuellement existante, est une influence continuelle que l'électricité, répandue dans l'atmosphere, exerce fur tous les végétaux qui couvrent la furface de la terre.

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L'électricité de l'atmosphere étant un fluide actif, pénétrant & analogue au feu, doit influer fur les végétaux.

C'EST dans la nature même des choses qu'on doit chercher leurs propriétés; trop fouvent les philofophes fe font livrés à de vaines fpéculations qui n'avoient d'autres fondemens que ceux que leur prêtoit une imagination exaltée. Examinons donc l'effence du fluide électrique; peut-être trouverons-nous qu'il doit néceflairement influer fur les végétaux qui peuplent & embelliffent. la furface de notre globe.

Les premiers phyficiens qui furent témoins des merveilles de l'électricité, furent portés à penfer que le fluide électrique n'étoit autre chofe que l'air : par le moyen de cette fuppofition, ils expliquoient paffablement le petit nombre d'effets produits par l'électricité qu'ils connurent d'abord : c'étoit bien fe preffer de bâtir des fyftêmes; & on ne doit pas s'en étonner, car telle a été toujours la paffion de l'efprit humain. Mais cette idée eft abfolument infoutenable; &, pour

en être convaincu, il fuffit de favoir que les propriétés connues de l'électricité font abfolument différentes de celles qui exiftent dans l'air. Le fluide électrique pénetre facilement au travers des métaux les plus denfes, quelle que foit leur forme, leur longueur, leur épaiffeur, leur denfité, leur température, &c. L'air, au contraire, ne peut pas être tranfmis par le moyen des fubftances métalliques: il en eft de même de l'eau, qui eft un bon conducteur de l'électricité. Dans le récipient d'une machine pneumatique où on a fait le vuide, on peut dire que, dans un fens, il n'y a point d'air : cependant, dans cet état des chofes, le fluide électrique peut se montrer fous les formes les plus brillantes. La vîteffe du fluide électrique eft fi grande, que, malgré les expériences les plus multipliées des phyficiens les plus exacts, on n'a jamais pu observer un instant, bien difcernable, entre sa production & fa transmiffion dans des espaces très-confidérables; c'eft ce qui l'a fait regarder comme prefque inftantanée. Jamais la vîteffe du vent le plus rapide, ni celle du fon le plus fort, n'ont pu être comparées à celle du fluide électrique, qui, probablement, ne le cede ne le cede pas même à celle de la lumiere.

Quelques-uns, dans les premiers âges de

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l'électricité, s'étoient imaginés que le fluide électrique n'étoit compofé que des émanations des divers corps qui exiftent dans l'atmofphere, & que la chaleur où le frottement en détachoient: mais, quelle que foit la tenuité des parties d'où réfultent ces effluves matériels, jamais ils ne pourront trouver un libre paffage au milieu des corps les plus durs, qui cependant font perméables au fluide électrique. Le verre, les métaux, & généralement tous les corps électrifés ont une odeur marquée d'ail ou de phofphore urineux; odeur qu'on n'obferve jamais dans ces corps dès que l'électrifation a ceffé.

:

D'ailleurs cette odeur devroit varier comme la nature des corps, fi le fluide électrique confiftoit dans les émanations des divers. corps de plus, toutes les autres propriétés de ce fluide merveilleux cefferoient d'être communes aux différentes fubftances qu'on électriferoit. Tous les corps électrifés par frottement ou par communication, préfentent des aigrettes lumineufes, ou des étincelles de feu, comme l'expérience le prouve; mais jamais les parties les plus fubtiles qui s'échappent des divers corps fublunaires n'ont paru fous une forme auffi brillante.

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Les propriétés que l'expérience vient de nous faire découvrir, nous ont montré que

le fluide électrique étoit un fluide capable de fe communiquer à tous les corps; qu'il étoit très actif, qu'il étoit des plus pénétrans, puifqu'il traverse les corps les plus denfes avec une extrême facilité; qu'il étoit lumineux & même étincelant. D'où nous devons conclurre qu'il eft un fluide analogue au feu, lequel eft, comme tout le monde' fait, un fluide très-actif & fort pénétrant. Mais un fluide de cette nature ne peut manquer d'avoir une influence fur les plantes; il agira certainement fur la substance des végétaux par fon activité par fa grande fubtilisation; il pénétrera jufques dans les détours les plus cachés de leur profondeur; ce qui eft de toutes les influences poffibles, fans contredit, celle qui mérite mieux ce nom. Et voilà comme la méthode analytique nous a conduit, par la confidération même de la nature de ce fluide, déterminée par l'expérience, à reconnoître & à prouver la réalité de l'influence de l'électricité répandue dans l'atmosphere fur tous les végétaux.

Qu'on ne croie pas cependant qu'en disant que le fluide électrique eft un feu ou un fluide analogue au feu, nous voulions le confondre entiérement avec cet élément; il en differe à quelques égards; car un animal ifolé ne fent point qu'on l'électrife, lorsqu'on

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