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M. Priestley, & fur tout de M. InghenHousz, les plantes donnent de l'air déphlogiftiqué, principalement au foleil; mais elles ne fourniffent un air déphlogistiqué que parce qu'elles fe font approprié le phlogiftique de l'air qu'elles ont auparavant respiré ou abforbé. Les feuilles des végétaux doivent donc être regardées comme les filtres que la nature emploie pour déphlogistiquer l'air. Ce qui confirme encore merveilleusement cette doctrine, c'est que les arbres réfineux font de tous les végétaux ceux qui donnent le plus d'air déphlogistiqué; ou en d'autres termes, ceux qui s'approprient une plus grande quantité de phlogistique, & qui, comme l'expérience le prouve, font les plus électriques. On fait que l'électricité eft plus abondante dans les hautes régions que dans celles qui font baffes; & l'observation prouve encore que plus les plantes font élevées audeffus du niveau de la mer, plus elles font réfineufes, c'est-à-dire, électriques. Le romarin, le pin, le fapin, le meleze le picea, &c. &c. en font des preuves de la plus grande certitude.

CHAPITRE XIIL

Des vertus électrico-nutritives & médico-élec triques des végétaux.

LA prééminence que les plantes ont fur

les divers alimens que nous employons, s'étend encore fur les différens remedes qui font en ufage; & leur utilité est égale, soit qu'il s'agiffe de conserver la santé, soit qu'il faille la rétablir. L'hygiene & la thérapeutique peuvent s'en occuper avec le même fuccès.

Le fucre, ainfi que nous l'avons prouvé dans le chapitre précédent, existe non-feulement dans la canne à fucre, mais encore dans la plupart des plantes, & probablement dans tous les végétaux. Nous avons vu que M. Margraf en a retiré beaucoup des racines de plufieurs des plantes qui croiffent dans nos potagers, & qui fervent à notre nourriture; d'un grand nombre de plantes farineufes encore vertes, & même de quelques arbres; résultat qu'il a obtenu par le procédé le plus fimple, par le moyen d'un diffolvant (l'efprit-de-vin) qui fépare ce fel effentiel des fubftances extractives & vifqueufes

qui l'enveloppent. Le fucre eft même fi univerfellement répandu par-tout, qu'on peut le regarder, avec le plus grand nombre des bons chymiftes, comme la matiere premiere de toutes les fubftances nutritives.

Cette fubftance, la meilleure de toutes celles qui contiennent des principes doux, dit M. Durade, annonce fon prix par les attraits de fa faveur; néanmoins quelques perfonnes peu éclairées la rangent dans la claffe des poifons. «Il plut autrefois aux favans de l'Arabie de le qualifier ainfi; & d'après eux on a dit enfuite qu'il échauffoit, qu'il étoit un cauftique dangereux, qu'il avoit des appas perfides: on n'a pas même distingué l'excès de l'ufage; mais fon prétendu tort eft d'être la plus agréable & la meilleure des fubftances. Les animaux indiquent par leurs geftes combien elle flatte leur goût; ils fe hâtent de la faifir dès qu'ils la rencontrent, & ils la devorent comme s'ils étoient affamés. On voit jufqu'aux infectes en être avides, c'eft un aimant qui les attire en foule. On pourroit découvrir bien des arbres dont la feve eft chargée de fucre par le nuage qu'ils forment fur leur écorce. Un objet défiré fi univerfellement, feroit-il pernicieux? Non, c'eft au contraire un aliment utile,

A la Cochinchine on mange du fucre au lieu de pain: l'élite des gardes de l'empereur, ses trois cents plus beaux hommes ont chacun trois livres de ce prétendu poison dans la ration de leur journée, comme ce qui peut les mieux nourrir. Les negres marrons ne vivent, la plupart du tems, dans les bois, que du fucre des cannes; les abeilles occupées uniquement à enlever celui des fleurs, ne recevant la vie qu'à cette fin, entretiennent du plus pur la cour de leur fouveraine, & fe nourriffent du refte. Ce qu'il y a de fingulier, c'est que par une méprise plaifante, les Arabes modernes qui le condamnent le mangent eux-mêmes, & le louent la plupart du tems fans s'en douter. Les bons fruits dont ils ne craignent point de fe raffafier, ne méritent des éloges que lors qu'ils font devenus fi doux, fi fucrés par une maturité exquife, qu'ils peuvent exactement tenir lieu de fucre. » Et c'eft avec beaucoup de raifon que M. Macquer dit que les ufages du fucre & de toutes les fubftances faccarines font des plus étendus & des plus importans, & que l'on peut les regarder comme la base & la matiere premiere de toutes les matieres alimenteufes.

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Mais le fucre eft une fubftance idioélectrique, ainfi que nous l'avons vu; deux

morceaux de ce fel frottés l'un contre l'autre donnent une lumiere électrique, de même que deux morceaux de verre qui éprouvent un frottement femblable: d'où nous devons conclure que la bafe des fubftances nutritives est une matiere idioélectrique, c'est-à-dire, électrique par nature, puifque nous la retrouvons dans tous les alimens végétaux qui font les meilleures nourritures, & qui fervent à la nutrition & à l'accroiffement même des animaux qu'on fert fur nos tables. Dans le lait, ce premier aliment de l'homme & de la plupart des animaux, existe un fucre qu'annonce la faveur fucrée qu'il excite. Par le moyen de l'art on vient à bout d'en retirer de cette fubftance, & c'eft ce qu'on nomme fucre de lait, lequel réfulte de l'union du fel effentiel de lait & d'une matiere extractive de la nature des fucs fucrés qui y eft même en affez grande quantité.

Le miel qui eft de toutes les productions végétales la mieux travaillée, & le favon végétal le plus exquis, fervit autrefois, prefque feul, de nourriture à tant de folitaires qui fournirent la plus longue carriere; il ne differe pas du fucre par fa nature & par fes principes, & l'on fait que les abeilles le recueillent du nectar des fleurs d'où il fuinte fous forme fluide. Si le chocolat eft une

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