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couverte de ronces : c'est une vérité regardée de tout tems comme inconteftable. Ainfi le feu électrique uni, fixé & combiné avec les molécules terreftres, les rend plus propres à la végétation des plantes, parce qu'il eft le principe le plus néceffaire à l'économie végétale. Le fluide électrique n'est donc pas feulement avantageux par la division & l'atténuation qu'il produit dans les terres, mais encore par fon union, fa fixation & fa combinaison avec les parties intégrantes qui entrent dans la compofition des terres.

L'observation nous attefte cette propriété, ainfi que nous l'avons vu, puifque dans les faifons où le fluide électrique eft plus abondant, la végétation eft plus vigoureuse, les plantes profperent, ce qui ne peut être fans que le fol ne foit devenu plus fécond, de quelque maniere que ce dernier effet foit produit. L'expérience nous le montre auffi directement j'ai pris de la terre végétale dans un même lieu; l'ayant partagée en deux portions égales, j'en ai électrifé une feulement, foit en l'ifolant fimplement, foit par des étincelles foit auffi par commotion, mon but étant de divifer le plus qu'il étoit poffible cette terre, & d'y fixer le plus que je pourrois le fluide électrique : enfuite j'ai femé dans chaque portion de terre une égale

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quantité de graines de violiers jaunes, de pieds d'alouette, de reine-marguerites; & j'ai conftamment obfervé que, quoique la culture, l'expofition, &c. fuffent égales, les plantes de la terre électrifée étoient nées plutôt, avoient été mieux fournies de feuilles; que la végétation entiere m'avoit paru plus vigoureufe, que les fleurs & les graines avoient été plus nombreuses que celles de la terre non électrifée; effets qui dépendent néceffairement de la fécondité que le fluide électrique a communiqué dans un degré supérieur à la terre électrifée.

Ce que M. Jeffop dit dans le fecond volume de l'Abrégé des Transactions philofophiques, page 182 fur les cercles appellés anneaux magiques que la foudre forme felon MM. Priestley, Price, &c. confirme parfaitement notre fentiment touchant l'influence de l'électricité de l'atmosphere, & particuférement de celle du tonnerre fur les terres, relativement à la végétation. « J'ai fouvent été embarraffé, dit le favant dont nous venons de parler, pour expliquer ces phénomenes qu'on appelle communément cercles magiques; j'en ai vu beaucoup & de deux fortes, les uns ras de vingt ou vingt-quatre pieds de diametre, formant un fentier circulaire d'un peu plus d'un pied de large, avec

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du gazon verd dans le milieu; les autres pareils, mais de différentes grandeurs, & environnés d'une circonférence de gazon, peu près de même largeur, beaucoup plus frais & plus verd que celui du milieu. Mais M. Walker, mon digne ami, me donna une pleine fatisfaction d'après fa propre expérience. Il lui arriva un jour d'aller fe promener dans une prairie que l'on fauchoit (où il étoit allé peu de tems auparavant) après un grand orage de tonnerre & d'éclairs, qui, à en juger par le bruit & par les éclats de lumiere, en avoit paru fort proche. Il obferva un cercle d'environ douze ou quinze pieds de diametre, dont le bord étoit, dans la largeur d'environ un pied, nouvellement brûlé & ras, comme le montroit clairement la couleur & la fragilité des racines du gazon. Il ne sût à quoi l'attribuer, fi ce n'eft au tonnerre qui, outre les caprices bizarres qu'on remarque particuliérement dans ce météore, peut bien, de même que les autres feux, fe mouvoir circulairement, & brûler davantage aux extrêmités que dans le milieu. Après que le gazon fut fauché, il vint l'année fuivante plus frais & plus verd dans l'endroit brûlé que dans le milieu; & au tems du fauchage, il fe trouva beaucoup plus long & plus épais. »

On ne doit pas être plus furpris de la fixation du fluide électrique dans les terres, dans les plantes, dans les animaux, &c. que de voir de l'eau, de l'air & du feu fixés dans les corps fublunaires. Qui eft-ce qui ignore qu'on retire des plantes une grande quantité d'air fixe ? Les expériences brillantes de M. Hales le démontrent merveilleufement. Pourquoi refuferoit-on au fluide électrique la même propriété, lui qui a tant d'affinité avec les diverfes fubftances de la nature ? Pourquoi n'admettroit-on pas un feu électrique principe, comme on admet un air principe? Y a-t-il plus de difficulté à admettre une eau principe, & une eau de végétation qu'un fluide électrique principe, un fluide électrique de végétation? Non fans doute, puifque les raifons qui militent de part & d'autre font au moins égales. Cette fixation dont nous parlons peut avoir lieu de plufieurs manieres, foit qu'elle fe faffe fimplement, foit qu'elle s'exécute par le moyen de quelques intermedes, foit qu'elle s'opere par l'effet de quelque décompofition; & il n'eft pas ici de notre deffein d'entrer dans ces difcuffions; nous nous en tenons feulement au fait, quelle qu'en foit la caufe.

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TROISIEME PARTIE.

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LEs plus brillantes fpéculations, quelque importantes qu'elles paroiffent d'abord, fi elles ne peuvent être ramenées à des objets d'utilité, ne dédommagent jamais des peines, hélas! au prix defquelles on, les a achetées. Le but des fciences eft de fe rapprocher des befoins de l'homme ces befoins toujours impérieux, toujours multipliés & fans ceffe renaiffans. Chercher les moyens les plus efficaces & les plus fimples pour les fatisfaire & pour en diminuer la fomme, c'eft faire le plus digne ufage de cette activité & de cette induftrie dont la nature libérale nous a pourvus; avantages réels qui nous dédommagent amplement de tous ceux qu'elle nous a refufés, & que trop fouvent dans le délire de nos. conceptions nous fommes tentés de defirer.

Les effets que l'électricité de l'atmosphere produit fur les plantes, font par eux-mêmes. très-avantageux ; ils font relatifs à l'économie végétale, & font des dépendances de ces loix générales que la nature a établies, & par lesquelles elle régit ce vafte univers & les êtres nombreux dont il eft peuplé. Mais

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