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Le Duc de Cleves pour mériter 1542. & accélerer le fecours qu'on lui portoit, avoit envoyé lui-même au Duc d'Orléans un fecours de deux mille chevaux Clevois, commandé par le Maréchal de la Gueldre, Mém. de du nommé Martin Roffen. Ces CavaBellay, 1.9. liers s'étant joints avec un corps Commentar. de dix mille Lanfquenets que Lon

Sleidan,

1. 14.

gueval avoit levés dans les Duchés de Gueldre & de Juliers; prirent leur route par le Brabant qu'ils ra vagerent, s'avancerent jufqu'aux portes d'Anvers, & ayant été atteints au bourg de Hoeftrat par le jeune Prince d'Orange (1), lui li vrerent bataille, le défirent, lui enleverent canons, enfeignes, bagages, & lui firent plus de quatorze cent prifonniers. Rossen eût pu faire de ce côté d'utiles conquêtes, mais il fe laiffa gagner par l'argent des Marchands d'Anvers & de Louvain; il hâta fa marche vers le Luxem

(1) Fils du feu Comte de Naffau, neveu par fa mere du dernier Prince d'Orange de la Maifon de Châlons, tué devant Florence en 1530.

bourg, où il joignit le Duc d'Or

léans à Yvoi.

Ces commencemens étoient heu reux & promettoient des fuccès folides, lorfque par une impatience & une légéreté dignes de fon âge, le Duc d'Orléans fur le bruit qui courut que tout fe difpofoit à une bataille en Rouffillon, où commandoit le Dauphin, interrompit toutes fes conquêtes pour aller ravir fa part de la gloire de fon frere. Telle étoit alors la jeuneffe Françoise, Au feul mot de bataille, fou~ gueufe, impatiente, elle dévoroit d'avance les lauriers qui s'offroient; ni raison ni devoir ne pouvoient la retenir. Le Duc d'Orléans prit la pofte pour se rendre à Montpellier auprès du Roi; en partant il chargea le Duc de Guife de défendre fes conquêtes du Luxembourg, mais craignant que les Impériaux en fon abfence n'attaquaffent ou la Picardie ou la Champagne, il donna fes ordres pour que les Lanfquenets fuffent ramenés à portée de ces deux Provinces, ce qui affoi

1542.

bliffant l'armée du Luxembourgi 1542. la réduifit à une défenfive laborieufe & difficile; les Impériaux reprirent la Capitale de ce Duché & Montmedy, mais le Duc de Guise recouvra promptement cette derniere place.

Belcar. 1. 23.

n. 16.

Bellay, 1. 9.

Le Roi fçut très-mauvais gré au Duc d'Orléans de fon zèle étourdi, & le reçut très-mal. L'expérience lui avoit appris à n'eftimer que la valeur docile, difciplinée, foumise aux regles du devoir, parce que c'eft la feule qui ferve utilement l'Etat.

La guerre de Rouffillon ne réuf fiffoit pas. Ceux qui avoient con→ Mém. de du feillé de porter la guerre en Espa gne, ne s'étoient pas tous accordés fur la Province par où l'on devoit entamer cet Etat. Le Roi & la Reine de Navarre vouloient qu'on attaquât la Navarre, & leur propofition fut rejettée peut-être parce que leur intérêt étoit trop fenfible. Montpefat étoit celui qui avoit le plus infifté pour le fiége de Perpignan, il

1542.

croyoit (1) avoir des avis sûrs du mauvais état de la place, qui fe trouva cependant pourvue, finon d'une forte' garnifon, du moins de toutes les munitions néceffaires de bouche & de guerre, fur-tout d'une artillerie fi puiffante & fi bien difpofée le long des remparts fur des plattes-formes, que du Bellay compare la place à un porc- épic qui darde fes pointes de toutes parts. Il eft vrai que le Dauphin n'avoit pas fait toute la diligence que Montpefat avoit demandée & qu'on lui avoit promife. On étoit convenu que Perpignan feroit d'abord invefti par un corps nombreux de Cavalerie, pour que la place ne pût recevoir Belcar. 1. 23. aucun fecours, & cette précaution n. 17. décifive avoit été négligée. On attendit que toutes les troupes fuffent raffemblées, qu'on eût fait toutes les provifions néceffaires pour leur fubfiftance, ou plutôt qu'on en eût fait affez pour entretenir à l'armée

(1) On a déjà dit qu'il étoit Lieutenant-Géné. ral pour le Roi en Languedoc.

le luxe de la Cour. De tels pré1542. paratifs ne purent être faits promptement, & l'Empereur eut le temps de mettre Perpignan dans le meilleur état de défenfe. Les approches furent lentes & difficiles ; les travaux faits avec peine & fans folidité dans une terre fabloneuse étoient à tous momens ruinés par l'artillerie des Impériaux ; on parvint pourtant à couper à la Ville toute communication avec la mer, on envoya de Termes avec des Chevaux-légers pour s'emparer des gorges & des cols de Montagnes par où il pouvoit venir des fecours de l'Arragon; mais tout cela fe faifoit trop tard, la Ville avoit reçu tous les fecours dont elle avoit befoin; les affiégés fatiguoient les François par des forties meurtrieres, il y en eut une où ils fe faifirent des batteries & déjà ils renverfoient les canons dans leurs foffés, lorfque Briffac, Colonel de l'Infan terie Françoise, accourut avec une poignée de monde, les chargea fi vigoureusement qu'il les força

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