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furpris, mais ce qui dut beaucoup furprendre, ce fut de voir Boutieres dont la fidélité n'avoit jamais été fufpecte, les accompagner à Pignerol. Langei ainfi abandonné, diftribua fes troupes dans différentes places & prit le parti de fe faire porter à Turin. L'activité de fon efprit formoit un contrafte fingulier avec les infirmités corporelles. Ce paralytique, demi-mort & prefque éteint, qu'on portoit en chaife dans tous les voyages & dans toutes les expéditions, étoit ce même Général fi vigilant, fi agiffant, dont les intrigues & les entreprises mettoient tout le Piémont en mouvement. Du Guaft enhardi par la retraite de Langei, envoya un détachement paffer le Pô à Carignan & s'emparer du Château, ce qui s'exécuta fans obftacle. Auffi-tôt que le Roi eut reçu la nouvelle de la prise de ce Château, il envoya ordre à Langei de tenter l'impoffible pour le reprendre. Lorfque le Courier arriva, l'ordre étoit déjà exécuté; Langei Mém. de du avoit envoyé Martin du Bellay fon Bellay, 1.9.

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frere, s'informer de l'état de fa place, des forces de la garnison, & obferver fi le Marquis du Guaft fe difpofoit à paffer le Pô avec le reste de fes troupes; il fe trouva heureufement que le nouveau Gouver neur du Château de Carignan pour les Impériaux, étoit ami d'un des principaux Officiers qui accompa→ gnoient Martin du Bellay ; cet Offi cier prit langue avec le Gouver neur, il lui fit entendre qu'il étoit envoyé pour investir la place, qu'il étoit fuivi de toute l'armée Françoife & qu'il feroit impoffible aux Impériaux de fe défendre ; il joignit à cet avis le ton de l'intérêt & les confeils de l'amitié ; il fit fi bien qu'enfin foit par inclination, foit par crainte, le Gouverneur confentit à remettre la place à Martin du Bellay. Peu de jours après le Marquis du Guaft voyant qu'il ne pouvoit paffer le Pô à Carignan, le paffa près de Crescentin, & alla mettre le fiege devant Chivas. Le Gouverneur, Jérôme de Birague, le lui fit lever après deux affauts inu

tiles, & du Guaft fe retira à Cafal. Le malheureux Céfar de Naples youlut furprendre Gazelle, pour affurer aux Impériaux la route d'Ulpiano à Turin il ne réuffit pas mieux que dans fes autres entre prises.

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Langei voyant le Marquis du Guaft retiré à Cafal, chargea Bou tieres, qui étoit toujours à Pignerol, d'aller s'emparer de Barges, petite place qui empêchoit la communication de Pignerol avec le Marquifat de Saluces, Boutieres obéit, il força un couvent où trois cent Espagnols s'étoient fortifiés, il les paffa au fil de l'épée, il en◄ tama le Château avec fon artillerie, ce qui obligea la garnison de capituler on ftipula que fi dans fix jours le Marquis du Guaft ne fe préfentoit pour faire lever le fiége, le Château feroit rendu ; la garnison donna des ôtages. Du Guaft accourut en effet avec toutes fes forces. Boutieres trop foible pour continuer le fiége à fa vue, rendit les ôtages & ramena fes troupes à Pi

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1542. gnerol. Du Guaft courut à Quiers pour veiller fur la conduite de Lan→ gei, qui de Turin faifoit diverses tentatives dans le voifinage, & qui malgré toute la diligence de du Guaft, furprit divers Châteaux dans le Montferrat. C'étoit un fpectacle intéreffant pour les gens de guerre que l'attention avec laquelle ces deux grands Capitaines s'obfervoient, s'attaquoient, fe défendoient s'approchoient, s'éloignoient, profitoient de tous leurs avantages, s'en procuroient, s'attachoient à détruire ceux de l'ennemi, fe transportoient fans ceffe d'un lieu daus un autre pour faire ou pour empêcher quelques entreprises. Langei non-content des petits fuccès qu'il venoit d'avoir voulut abfolument prendre Barges; ce ne Bellay, 1. 9. fut plus Boutieres qu'il employa pour cette expédition, foit qu'il fe défiât de fes talens ou bien de fon zèle ; ce fut Vaffé, Gouverneur de Pignerol; celui-ci bien inftruit par. Langei, vint à bout de gagner le Gouverneur de Barges, nommé Paul

Mém. de du

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eux

Monnet. Le réfultat de leur con'vention fut qu'on dressa fur le champ contre la place quelques foibles batteries, Vaffé & les Officiers qui l'accompagnoient, mettant mêmes la main à l'ouvrage, & fer vant de canoniers & d'ingénieurs qui manquoient, parce qu'on n'avoit pas compté faire un fiége fi promptement; cette artillerie ainfi fervie, ayant battu apparemment des endroits foibles, peut-être indiqués par le Gouverneur, fit en deux heures une brêche, qui fervit de prétexte à celui-ci pour remettre la place à Vaflé, il paffa lui-même enfuite au fervice de France.

Cependant les troupes qui avoient échoué devant Perpignan, pouvoient fervir encore, fur-tout en Italie, où la guerre fe faifoit prefque tout l'hyver; le Roi eut foin de les envoyer en Piémont fous la conduite de d'Annebaut; c'étoit revenir à l'ancien fyftême & prendre le meilleur parti. Il paroît par les Mémoires des du Bellay que cette arrivée de d'Annebaut ne leur

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Belcar. 1. 237

n. 19.

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