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1542.

plut point, elle leur ôtoit le com mandement. D'Annebaut de fon côté, voulant tout faire par luimême, n'eut peut-être pas affez d'égard pour les avis de Langei. Les du Bellay dans leurs Mémoires lui imputent d'avoir manqué volontairement deux expéditions propofées par Langei, & dont le fuccès étoit infaillible, l'une pour furprendre Cafal, l'autre pour enlever entre Carmagnole, Ville d'Eftellon & Quiers l'armée Impériale, qui étoit alors très-affoiblie.

Langei fut fenfible au mépris qu'il crut que d'Annebaut faifoit de fon expérience & de fes lumieres. L'amour du bien public, le zèle pour le fervice du Roi, peut-être quelques mouvemens de cet orgueil que rien n'étouffe, & que les grands talens nourriffent, tout lui perfuada qu'en ne l'écoutant point, on ruinoit les affaires Françoifes; il voulut aller lui-même faire au Roi fur ce fujet des représentations Bellay, 1.9. qu'il croyoit utiles à fon service; il partit comme avoit fait autrefois

Mém. de du

dans

dans des circonftances à peu près pareilles le vieil & fier Maréchal de Trivulce, il brava les rigueurs de la faifon, les infirmités qui l'accabloient, les approches de la mort qui le pourfuivoit & qui l'arrêta en chemin à S. Saphorin fur la Montagne de Tarare, le 9 Janvier 1543.

1542.

Belcar. 1. 231

11. 19.

Sleidan,

Commentar.

1.

Cette hiftoire nous a fourni bien des occafions de vanter fon courage, fon activité, fon intelligence dans les affaires, fa profonde connoiffance des intérêts des Princes, fon art d'être préfent pour ainfi dire à tous les confeils & à tous les événemens par des efpions bien payés & fidéles, fon caractère à la fois infinuant & obligeant, qui lui avoit fait des amis utiles dans toutes les Cours où il avoit négocié, enfin tous fes talens d'homme de guerre & d'homme d'État ; il nous refte à publier, felon le devoir de l'hiftoire, à qui la réputation des grands hommes eft confiée, avec quel zèle défintéreffé, généreux, il employa tous fes talens, tous fes amis, tout fon bien, tout fon être au fervice Tone IV.

F

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1542.

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du Roi & de la Patrie. Cet honneur de les fervir lui parut mériter les plus grands facrifices. Lorfqu'il prit poffeffion du Gouvernement de Piémont, foible récompenfe de fes fervices on le vit nourrir à fes dépens & fur fon crédit toute cette Province que les guerres avoient ruinée. Martin du Bellay fon frere, & fon héritier, paya à un feul Mém. de du homme jufqu'à cent mille francs de Bellay, 1. 8. cette glorieufe dette, contractée pour le bien de l'Etat, & rendit avec joie à Langei le noble témoignage qu'il ne lui challoit de la dépenfe, moyennant qu'il fit fervice à fon Prince.

&5.

Charles - Quint fit peut-être un plus bel éloge encore de Langei. Cet homme, dit-il en apprenant fa mort, m'a fait feul plus de mal que tous les François enfemble.

Après le départ de Langei fi-tôt fuivi de fa mort, Martin du Bellay fon frere entreprit de foumettre divers Châteaux fitués fur une Montagne du Montferrat, & qui domi

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noient Turin au point qu'on ne
pouvoit ni entrer, ni fortir, ni in-
troduire de vivres dans la place, ni
en aller chercher dans le Montferrat,
fans être apperçu. La rigueur dont
il ufa envers la garnison du premier
de ces Châteaux, en faifant pendre
le Commandant & paffer tous les
défenfeurs au fil de l'épée, intimida
tellement les garnifons des autres
Châteaux, qu'elles fe rendirent
toutes fans réfiftance. Il alla join-
dre enfuite d'Annebaut devant
Coni, dont ce Général faifoit le
fiége. Ce fiége entrepris trop tard,
fut d'ailleurs affez mal conduit,
fi l'on s'en rapporte à Martin du
Bellay qui n'eft nullement fa-
vorable à d'Annebaut. Ce qu'il y
a de certain, c'est
que d'Annebaut
fut obligé de le lever, après un
affaut où il perdit beaucoup de
monde & même plufieurs Officiers
diftingués; ce fut par cette mal-
heureuse expédition que d'Anne-
baut termina la campagne en Italie,
comme il l'avoit terminé dans le
Roufillon par la levée du fiége de

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1542.

Mém. de du Bellay, 1.9.

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23. n. 2c.

Perpignan ; il s'étoit feulement em→ paré dans le Piémont de quelques petites places que les Impériaux avoient abandonnées entre le Pô & le Tanaro, telles que Villeneuve d'Aft, Poiring, Cambian, Rive de Quiers, places mille fois prifes & reprises dans cette guerre; il laissa Boutieres pour commander en fon absence dans le Piémont, & partit. Belcar. lib. Son paffage en France tint lieu d'une expédition malheureufe, il fut très-fatal aux gens de fa fuite, & penfa l'être à lui-même. D'Annebaut prit fa route par le Mont Cenis. Or dans cette route, pour aller de Ferriere à Lanebourg, il falloit paffer par un défilé très-étroit entre deux montagnes fort élevées. Là il s'éleve fréquemment des tempêtes, qui précipitant la neige par gros pelotons dans le fonds de défilé en forment pour ainfi dire de nouvelles montagnes, fous lefquelles les voyageurs & leurs équipages reftent quelquefois enfevelis; ou bien, perdant entiérement la trace du chemin, ils tombent dans des

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