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ques coups de main dans ces cantons & dans les fauxbourgs même de Binche, tandis que le Comte d'Aumale, allant provoquer les Impériaux jufqu'au bord des foffés d'Avefne, pouvoit à peine les amener à quelque foible efcarmouche tant ils redoutoient fa valeur ou dédaignoient fes bravades.

La facilité avec laquelle on étoit prefque entré dans Binche, engagea les François à en faire le fiége; on avoit appris des prifonniers faïts dans les fauxbourgs que la garnifon de cette place étoit très-foible, mais on ne fçavoit pas que les Impé riaux avertis du danger de Binche par l'allarme même qu'on y avoit donnée, avoient renforcé la garnifon, de douze ou quinze cent Lanfquenets. Le Dauphin & l'Amiral s'engagerent par ordre du Roi dans ce fiége; ils fe croyoient fi sûrs d'un prompt fuccès qu'ils n'avoient pris des vivres que pour deux jours; cette circonftance fut fçue des affiégés, & ne contribua pas peu à les rendre fermes dans leur défense. La Tome IV.

G

1543.

Mém. de du Bellay, 1. 10,

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1543.

jeune nobleffe dont le Dauphin étoit accompagné, voulut fuivre les élans de fa témérité ordinaire & s'avancer jufqu'au bord des foffés ; il en coûta la vie à plufieurs Seigneurs diftingués, entr'autres à d'Alégre qui ajoutoit à la gloire de fon nom par fa bravoure; Gafpard de Coligny-Chatillon (1), trop célèbre depuis dans les guerres civiles de France, déjà rival de valeur du Comte d'Aumale, dont il devoit un jour être l'ennemi mortel, reçut à la gorge un coup d'arquebufe. qui mit fa vie dans le plus grand danger. C'est sous le regne de François I. que fe forment tous ces héros dont le concours caufa tant de troubles fous les regnes malheureux de fes petits-fils, tels que le le Duc de Vendome, depuis Roi de Navarre (2) & fes freres, les Guifes, les Colignis, &c.

(1) C'est le fameux Amiral de Coligny la principale victime de la S. Barthelemy.

(2) On ne prétend vanter ici dans le Roi de Navarre Antoine que fa valeur, on sçait combien

Le Dauphin voyant que le fiége de Binche devenoit une entreprise difficile, n'en fut que plus ardent à le preffer; il fit prier le Roi de lui envoyer des troupes, fur-tout des provifions de guerre & de bouche en abondance. Cette propofition embarraffa le Roi; il auroit voulu aller lui-même avec le refte de fon armée continuer ce fiége devenu digne de fa préfence, mais il ne pouvoit abandonner les fortifications de Landreci ; il fe fouvenoit qu'en 1537. fa précipitation à quitter le camp de Pernes avoit rendu inutiles les fortifications qu'il avoit fait faire avec tant de foin à S. Pol; les Impériaux raffembloient leurs forces à Mons & au Quefnoy; le Roi ne pouvoit dans ces conjonctures ni abandonner fon camp de Marolles, d'où il couvroit les travaux de Landreci, ni refter dans ce camp avec peu de troupes ; il

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il fe montra foible, irréfolu & fouvent contraire. à fes intérêts dans les funeftes démêlés des Princes de fa Maison avec les Guifes.

Méni. de du

prit donc le parti affez dur de faire 1543 revenir le Dauphin, qui eut deux Bellay, 1. 10. années de fuite l'humiliation d'é chouer devant des places qu'il avoit cru emporter. Bonneval s'empara de Trelon & de Glayon, deux petites places fituées entre Avefne & Chimay, & d'où les Autrichiens pouvoient faire des courfes fur les confins de la Thierache & de la Champagne. Lorfque les fortifica tions de Landreci furent achevées & que la place fut abondamment pourvue de vivres & de défenfeurs, (c'étoit vers la fin de Juillet) le Roi quitta fon camp de Marolles, & impatient de porter du fecours au Duc de Cleves, qui étoit plus impatient encore d'en recevoir, il entreprit de pénétrer jufqu'à lui par le Luxembourg & prit la route de cette province. A peine s'étoit - il mis en marche que le Comte de Roux & le Comte de Roquendolff ayant raffemblé toutes les forces des Pays-Bas, s'avancerent le long de la forêt de Mormaux pour venir furprendre Landreci, mais ils le

trouverent en état de défense, & il fallut en faire le fiége dans toutes les régles. Cette expédition devint une affaire d'éclat entre les deux partis. On fçavoit avec quelle ardeur le Roi avoit fait fortifier Landreci, ce fut une raison pour les Impériaux de l'attaquer, pour les François de le défendre avec la même ardeur. La jeune nobleffe Françoise courut s'y renfermer comme elle eût couru à une bataille; on y voyoit raffemblé tout ce que la Cour avoit de plus brillant pour la naiffance & pour la valeur, les d'Aumale, les Châtillon, les Nevers, les la Rochefoucault, les Bonnivet, les Creve-cœur, les Brézé, &c. C'étoit le Capitaine la Lande, Officier d'une valeur diftinguée, qui commandoit dans la place; mais fon autorité ne fuffifoit pas pour contenir cette ardente nobleffe que l'attrait du péril entraînoit toujours. Le Comte de Roquendolff vint tendre des piéges à leur témérité. Il fe mit en embufcade dans un vallon, & envoya un corps

de qua

1543.

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