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même au-devant de l'Empereur jufqu'à Châtelleraud (1), où il lui 1539. donna des fêtes fuperbes, ainfi qu'à Amboife, à Blois, à Orléans à Fontainebleau, mais rien ne put égaler la pompe de l'entrée de l'Empe- 1540. reur dans la capitale, on peut en lire la description dans Belleforêt; nous nous contenterons d'observer ici que les Princes du Sang, les Cardinaux, tous les grands de la Cour, le Parlement, l'Univerfité, toutes les Compagnies municipales, tous les Corps de Magiftrature accompagnoient fa marche. Le Connétable de France marchoit devant lui l'épée: nue à la main comme devant le Roi. Dans toutes les Villes où l'Empereur paffoit, il délivroit les prifonniers & exerçoit tous les actes d'autorité bienfaifante. C'est le plus grand honneur qu'un Souverain puiffe rendre dans les Etats à un Souverain étranger, que de lui céder ainfi le droit. de faire du bien & de mériter l'amour. Mais au milieu de ces fêtes & de ces honneurs, l'Empereur n'é

( 2 ) Sleindan dit que ce fut jufqu'à Loches feulement, qu'il place mal à propos en Berry.

Sleidan, Commentara 1. 12.

toit

pas fans inquiétude, il fentoit 1539 ce que fa fituation avoit de déli

Belcar. 1. 22.

48.33.

cat. Rien n'étoit indifférent à fes yeux, rien ne lui paroiffoit fait par hazard, il voyoit du deffein formé par-tout un accident, un jeu d'enfant, une plaifanterie, tout l'allarmoit.

Mém. de du A Amboise le feu prit, on ne Bellay, 1.8. fçait comment, à une tapifferie de foie, en un moment la falle fut fi remplie de fumée que l'Empereur penfa être étouffé (1): il ne dit pas ce qu'il en penfoit. Le Roi-fit d'inutiles recherches pour découvrir l'auteur de l'incendie ; il fit mettre en prison ceux fur qui les foupçons pouvoient tomber, mais l'Empereur exerçant la noble prérogative, les fit mettre en liberté comme les autres prifonniers.

Dupleix raconte que le Chancelier Poyet (2) étant allé pour le fa

(1) Dupleix dit que ce fut par des parfums, & que François auroit fait pendre le Parfumeur, l'Empereur n'eût demandé grace pour lui. Le Ferron avoit dit la même chofe.

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(2) Poyet avoit fuccédé dans la dignité de Chancelier à du Bourg, qui avoit fuccédé à Du prat, Voir ci-après le 4e chap. du live s

&

luer à fon dîner, accrocha la queue de fa longue robe à une bûche, qu'en la fecouant mal-adroitement, il fit tomber la bûche fur la tête de l'Empereur, qui fut fort bleffé, mais qui diffimula pendant le dîner la douleur qu'il fentoit, & n'eut rien de plus preffé enfuite que de fe faire panser par fon Chirurgien.

Un jour le Duc d'Orléans, jeune Prince gai, folâtre & très - agile, fauta fur la croupe du cheval de l'Empereur, & le tenant embraffé, s'écria: Votre Majefté Impériale eft actuellement mon prifonnier ; ce mot ainfi que l'action, fit treffaillir l'Empereur, il se remit pourtant & prit le parti d'en rire.

Le Roi lui dit un autre jour, en lui montrant la Ducheffe d'Etampes, Voyez-vous, mon frere, cette belle Dame? Elle eft d'avis que je ne vous laiffe point fortir de Paris que vous n'ayez révoqué le traité de Madrid; l'Empereur déconcerté fe contenta de répondre avec une froideur qu'il cherchoit à rendre ferme : fi l'avis eft bon, il faut le fuivre. Il trembla

1539.

cependant que la générofité natu1539 relle du Roi ne cédât enfin aux inftances de fa maîtreffe, & il crut devoir la mettre dans fes intérêts. Il imagina des galanteries ingénieufes. Dès le lendemain allant fe laver les mains pour se mettre à table, il tira de fon doigt un diamant d'un très-grand prix, & le laiffa tomber aux pieds de la Ducheffe, qui lui préfentoit la ferviette ; elle ramassa le diamant & voulut le rendre. L'Empereur refufa de le reprendre, & la pria d'une maniere fi galante de l'accepter, qu'il fallut obéir, & apparemment ménager dans la fuite un Prince fi magnifique & fi habile. L'Empereur refta environ huit jours à Paris; il lui tardoit d'en être forti par les raifons que nous 1540. venons de dire, & qu'il ne difoit pas; l'impatience d'aller réduire les Gantois, lui fervoit de prétexte. Sur fa route, il s'arrêta à Chantilly, dèslors un des plus beaux lieux du Royaume; le Connétable de Montmorenci l'y traita magnifiquement, & le conduifit enfuite jufqu'à Va

Sleidan, Commentar. 1. 12.

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lenciennes (1). Là il lui demanda l'exécution de fa promeffe. L'Em- 1539. pereur embarraffé, ne voulant point encore montrer fon infidélité à découvert, parce qu'il pouvoit être obligé d'avoir recours au Roi pour foumettre les Flamans, fe contenta de répondre qu'il falloit lui laiffer le temps de délibérer avec fon Confeil fur la forme & fur les conditions de l'inveftiture, que d'ailleurs il étoit naturel qu'il commencât fes propres affaires , que la plus preffée étoit de réduire les Gantois après quoi fon premier foin feroit de fatisfaire le Roi fon Frere; le Connétable revint avec cette réponse, affez mal content du fuccès de fon voyage.

par

Belcar. 1. 220

Les Gantois ayant vu leur projet Mém. de du échouer contre la générofité du Roi, Bellay, 1. 8. & ayant perdu toute efpérance d'être n. 38. fecourus, fe foumirent à l'Empereur.

Il entra en vainqueur dans la Ville

de Gand, défarma les habitans, abolit leurs privileges, fit mourir fept

(1) Les Princes l'accompagnerent auffi jufqu'à Valenciennes, & le Roi l'avoit reconduit jufqu'à S. Quentin. (Sleidan, Commentar. 1. 12.)

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