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mes. La réfiftance eût été impoffible, il fallut recourir à la rufe. Du Bellay fit monter à cheval tous les payfans qui conduifoient les facs de farine, & les mêlant avec le peu qu'il avoit de cavalerie, il étala aux yeux des Impériaux un corps nombreux qu'ils crurent redoutable & qu'ils n'oferent attaquer. Ils s'écarterent & le convoi entra heureusement dans Landreci. Le Roi en reçut la nouvelle, c'étoit recevoir la nouvelle du falut de cette place. Ses braves défenfeurs furent récompenfés comme ils le méritoient. D'Effé fut fait Gentilhomme de la Chambre, la Lande, Maître d'Hôtel ordinaire, ainfi que la Chapelle, qui fous eux s'étoit le plus diftingué pendant ce fiége; les fimples foldats eurent pour leur vie les priviléges de la nobleffe ; les Gentilhommes volontaires reçurent auffi des récompenfes proportionnées à leurs fervices.

Il n'étoit plus néceffaire de livrer bataille à l'Empereur, du moins cette bataille n'étoit plus qu'une affaire d'honneur & non un objet

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de politique militaire; les deux rivaux étoient en présence & s'obfervoient, les efcarmouches étoient 'continuelles, les deux armées campées fur deux montagnes oppofées avoient entr'elles un vallon coupé par un petit ruiffeau que la hauteur de fes rives rendoit difficile à paffer. L'Empereur fit paroître de la cavalerie-légere fur l'extrêmité de la montagne qu'il occupoit, & fit defcendre dans le vallon quelques bataillons de Lanfquenets, foutenus de Gendarmes, comme s'il eût voulu infulter le camp François, les Impériaux ne pafferent pourtant point le ruiffeau. Briffac impatient de les réprimer, le paffa, pouffa les Impériaux jufqu'au pied de la montagne, puis voyant leurs bataillons s'étendre pour l'envelopper, il s'arrêta ; il y eut un moment où l'on crut que l'affaire alloit devenir générale. Mém. de du Le Roi, le Dauphin, le Duc d'OrBellay, 1. 10. léans, le Duc de Vendôme le

Duc de Guife tout fe mit en

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bataille, tout s'ébranla, mais les

Impériaux paroiffant peu difpofés à defcendre de leur montagne, le Roi ne le fut pas davantage à la franchir pour les attaquer dans un pofte fi avantageux, il fe contenta d'envoyer l'Amiral au fecours de Briffac avec un corps de troupes fuffifant feulement pour favorifer fa retraite elle fe fit avec peu de perte; l'Amiral & Briffac pourfuivis jufqu'au ruiffeau le repafferent à la vue des Impériaux, qui n'oferent le paffer à leur fuite trouvant les bords trop efcarpés, & fur-tout l'armée Françoife trop bien difpofée à les recevoir.

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Le ravitaillement de Landreci ayant ôté aux Impériaux l'efpérance de le réduire, & le pays ruiné par le féjour de tant de troupes, & gâté par les pluies ne leur permettant pas de refter plus longtemps devant cette place, on ne fongea plus de part & d'autre qu'à décamper; l'armée Françoife, entourée dans ce pays ou de fes conquêtes ou de fes anciennes poffellions devoit être la moins im

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patiente de s'éloigner; elle devoir ce femble, refter pour obferver & pour troubler la retraite des Impériaux. Ce fut elle qui fit fa retraite la premiere. Le Roi avec le Duc d'Orléans & le Duc de Guife conduifoit l'avant-garde, le Dauphin avec l'Amiral & le Comte de S. Pol étoit à la tête du corps de bataille, Briffac commandoit l'arrière-garde. Cette retraite fe fit pendant la nuit, les Impériaux n'en furent inftruits que le lendemain matin. Auffi-tôt Gonzague fut envoyé pour attaquer l'arrière-garde, qu'il efpéroit atteindre & mettre aifément en défordre, à caufe des bois qu'on étoit obligé de traverfer , & où l'on ne pouvoit paffer qu'à la file, mais il trouva que l'armée, l'artillerie, les bagages, tout avoit déjà paffé le bois, où l'on avoit feulement laiffé les arquebufiers pour arrêter les Impériaux, s'ils tentoient de troubler la retraite. Gonzague ayant voulu tâter ce bois à différentes reprises & avec des détachemens toujours plus forts,

fut toujours repouffé. L'Empereur s'étant lui-même approché du bois avec le refte de fes troupes, le Dauphin rangea fon corps d'armée en bataille derrière celui de Briffac. Les Impériaux pafferent enfin le bois, & tout parut encore annoncer une affaire générale. Le bruit en vint jufqu'au Roi qui déjà s'étoit avancé jufqu'à l'Oife, & qui revint précipitamment fur fes pas au fecours de fon fils, mais la Cavalerie-légere de Briffac, foutenue par les Arquebufiers cachés dans le bois & par la Gendarmerie qui s'avançoit de la plaine vers ce même bois, fuffit pour forcer les Impériaux de le repaffer avec tant de perte qu'ils n'oferent plus reparoître & que l'armée Françoise continua fa route vers Guife fans obftacle.

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Les Auteurs ont jugé diversement Mém. de du de cette retraite. L'Empereur affecta Bellay, l. 15. de la regarder comme la revanche

Commentar.

de celle qu'il avoit faite en 1521, Sleidan, à Valenciennes ; il eft sûr pourtant 1.15. que celle de François I. fe fit en beaucoup meilleur ordre, fans pré

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