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543.

dans cette campagne les quatre grandes Puiffances de l'Europe, gouvernées par les quatre héros du fiécle, François I, Soliman II, Charles - Quint, Henri VIII, unis deux contre deux ; il ne manquoit plus à la pompe de ce fpectacle politique & militaire que de voir ces quatre Souverains en préfence les uns des autres à la tête de leurs armées.

La flotte Françoise étoit commandée par le Comte d'Anguien. héros auffi fans être Roi & oncle d'un Roi héros (1).

Quelque temps avant l'arrivée de Barberouffe, Grignan, Gouverneur de Marseille, crut avoir pratiqué des intelligences sûres dans le Château de Nice, unique place qui restât encore (2) au Duc de Savoie dans

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(1) De Henri IV. Le Comte d'Anguien étoit frere d'Antoine, Duc de Vendôme, depuis Roi de Navarre; de Louis I, Prince de Condé, tige de la branche de Condé & de la branche de Conti actuellement exiftantes; du Cardinal de Bourbon, Roi de la Ligue, fous le nom de Charles X; de Jean, tué en 1557, à la bataille de S. Quentin.

^ (2) Voir le chap. 12. dú liv. 4.

1543

le Piémont; trois foldats Piémontois avoient promis à Grignan de lui livrer ce Château. Grignan avoit fait part de ce projet & de toutes fes circonftances au Comte d'Anguien, qui en fit part au Roi. Le Roi l'approuva, le Comte fut chargé de l'exécuter; Grignan ré pondit qu'il n'y avoit aucune furprife à craindre,mais le Comte d'Anguien joignoit à fa bravoure une vertu qu'on a bien rarement à fon âge (1), la prudence. Quatre galères feulement s'approcherent de Nice, portant entr'autres foldats Mém. de du les trois Piémontois qui avoient Bellay, l. 10. promis de livrer le château, le Comte d'Anguien fuivit avec le refte de fa flotte, mais il s'arrêta en pleine mer à la hauteur de Nice, pour être à portée, en cas de trahifon, ou de fecourir fes quatre galères, s'il étoit affez fort pour cela, ou de fe retirer fans danger, fi les forces des ennemis étoient

trop fupérieures ; précaution raison

(x). Il avoit alors 22 ans,

543.

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nable & juftifiée par l'expérience de tant de prétendues trahisons, qui n'étoient que des piéges tendus par les Commandans des places qu'on difoit vouloir livrer. A peine les galères étoient-elles arrivées aux pieds du Château, qu'André Doria, Mém. de du qui étoit en embuscade derrière le Bellay, 1. 10. Cap, dit de S. Soupir, vint fondre fur elles avec fix galères, fuivies à l'inftant de quinze autres commandées par Jannetin Doria (1). Ce fut envain que les quatre galères Françoises, fe voyant furprifes, forcerent de rames pour gagner le port d'Antibes, elles furent prifes & conduites à Villefranche; un des quatre Commandans, nommé Magdalon, frere du Baron de S. Blancard, fut tué d'un coup de canon qui lui fracaffa la cuiffe. Le Comte d'Anguien ayant vû à la faveur de la lune (2) le nombre des galères de Doria, s'écarta promptement & regagna fans perte le port de Toulon.

(1) Neveu d'André, ainfi que Philippin.
(2) Cette expédition fe faifoit pendant la nuit.

Lorfque

Lorfque la flotte Ottomane fut

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1543. arrivée & eut joint celle de France Belcar. 1. 23. à Toulon & à Marseille, le Comte n. 43. d'Anguien & Barberouffe pour fe vanger de la prife des galères Françoises, réfolurent d'aller mettre le fiége devant Nice. Le Commandant, qu'ils fommerent de fe rendre, répondit: Je me nomme Montfort. mes armes font des Pals, & ma devife: IL ME FAUT TENIR. Tout cela étoit fort beau à dire, mais Montfort ne tint point. Il rendit promptement la Ville, content d'obtenir qu'elle ne fût pas pillée. Il prit fa revanche dans le Château où la garnifon fe retira, emportant tout jufqu'aux cloches. Les Turcs mécontens de ne rien trouver à leur ufage dans la Ville, avoient grande envie d'y mettre le feu, le Comte d'Anguien les en empêcha, il veilloit fur Barberouffe que l'habitude de faire la guerre en Corfaire étoit toujours prête à entraîner. C'étoit un avantage réel que l'Europe & les ennemis même de François I. Tome IV.

I

Id. Ibid.

11.44a

Sleidan. Commentar. 1. IS.

tiroient de fon alliance avec les 1543. Turcs. Si ces deux Puiffances, fans traiter ensemble, avoient fait féparément la guerre à l'Empereur, elle auroit été bien plus destructive de la part des Turcs.

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Le fiége du Château de Nice n'étoit pas une entreprise facile : la nature & l'art concouroient à conferver au Duc de Savoie cette derniere place, la fituation du Château fur le haut d'un rocher escarpé le rendoit prefque inexpugnable; les approches en étoient dangereufes, l'ufage des mines ne pouvoit avoir lieu d'ailleurs le Comte d'Anguien intercepta des lettres qul lui apprirent que le Duc de Savoie marchoit avec le Marquis du Guaft au fecours de fon unique poffeffion. Ces raifons déterminerent les deux Généraux à lever le fiége. Barberouffe ramena fa flotte à Toulon, le Comte d'Anguien ramena la fienne à Marseille, & fur le bruit répandu alors que le Roi alloit livrer bataille à l'Em

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