Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors][merged small]

encore en mettant de fortes garnifons dans Carignan fitué au Midi de Turin, & dans Vulpiano fitué au Nord de cette Capitale, fatiguer par des courfes continuelles les François retirés à Pignerol fous la conduite de Boutieres, & peutêtre leur enlever avec Turin, tout ce qui étoit entre les Alpes & le Pô du moins on leur ôteroit la communication avec toutes les places fituées au Levant & au Midide Carignan. Tel étoit le plan du Marquis du Guaft; pour en prévenir l'exécution, Boutieres fe voyant hors d'état de conferver Carignan, le faifoit démolir, mais la diligence de du Guaft le prévint, il chaffa les travailleurs, il paffa fur le ventre aux troupes Françoises qui voulurent les foutenir, entra en vainqueur dans Carignan, dont il fit réparer les fortifications & qu'il rendit une des plus fortes places de l'Italie. Les reftes des troupes Françoises échappés à du Guaft devant Carignan, fe fauverent à Montcallier dont la garnison vint favo rifer leur retraite.

Quelques levées faites en Provence, en Dauphiné, en Suiffe, ayant remis Boutieres en état de tenir la campagne, il s'avança vers le Nord du Piémont, prit quelques petites places, & alla mettre le fiége devant Yvrée ; mais ce fut là le terme de fon commandement. Le Roi avoit conçu des talens de Boutieres une très-foible idée; il lui imputoit la perte de Carignan que Boutieres, felon lui, auroit pû. empêcher, s'il eût employé tout ce qui lui reftoit de forces à la défenfe de ce pofte, il eft vrai du moins que Boutieres auroit dû le défendre en perfonne contre le Marquis du Guaft. Le Roi étoit perfuadé d'ailleurs que Boutieres: ne fçavoit infpirer à fes troupes ni confiance ni foumiffion. Réfolu de rétablir folidement fes affaires dans. le Piémont, if envoya le Comte d'Anguien prendre le commandement de cette armée. Le Comte: arrivé fur la frontiere, mande à Boutieres de lui envoyer à Chivas: une escorte qui pût le conduire

Fy

1543.

[ocr errors]
[ocr errors]

sûrement à l'armée. Boutieres par 1543. un mouvement de dépit & d'humeur, qui dans un Général difgracié tenoit un peu de la révolte obéit beaucoup plus qu'on ne vouloit, il leva le fiége d'Yvrée mena toute l'armée au-devant du Comte fous prétexte qu'il ne pouvoit lui donner une meilleure escorte, & fe retira mécontent & chagrin dans fes terres en Dauphiné..

CHAPITRE V.

Campagne d'Italie en 1544.

[ocr errors]

1544.

N vit alors deux Généraux ennemis, dignes l'un de l'autre, fe mefurer avec des forces à peu près égales, ils continuerent la guerre pendant tout l'hyver, & cet hyver fut un des plus mémorables par l'excès du froid: on peut juger de la violence de la gelée par ce feul trait: le vin devenu une masse solide fe vendoit au poids, & on le tiroit des tonneaux à coup de hache; (1) Mém. de da mais rien ne fut capable d'arrêter l'impatiente ardeur qu'avoit le Comte d'Anguien de mériter par d'utiles exploits le commandement confié à fa jeuneffe. Cette ardeur n'étoit pourtant pas indocile, le Comte commença par tenir un grand Confeil où l'on traça le plan général de la campagne; chacun

(1) On juge que ce vin devoit être bien affoi. bli, mais le peuple apparemment s'en contentoit.

Bellay, 1. 10.

Belcar. 1. 23.

n.45.

1544.

Id. ibid.

[ocr errors]
[ocr errors]

fut confulté on écouta tout le monde; mais on ne suivit que l'avis des fages & de ceux qui avoient une parfaite connoiffance du pays. Le mécontentement que le Roi avoit montré de la perte de Carignan, invitoit affez à reprendre cette place ce fut auffi l'objet principal que le Comte d'Anguien Te propofa, objet difficile ; Carignan étoit défendu par une garnifon de quatre milles hommes des meilleures troupes Impériales. Les vivres y venoient en abondance de tous Les lieux voifins que Carignan dominoit, ou avec lefquels il avoit communication. Il s'agiffoit de détruire cette communication. Le Comte commença le blocus, de Carignan; il fit d'abord brûler un pont par où la garnifon recevoit des rafraichiffemens continuel's des places d'entre le Pô & le Tanaro, fur-tout de Quiers & d'Aft où le Marquis du Guaft étoit logé. Plufieurs foldats dans cette expédition eurent les pieds & les mains gelés. Le Comte pour ôter auffi à Ca

« AnteriorContinuar »