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1544.

fuadé des enthousiastes tels que
que
lui, mais combien ces fanatiques
de la gloire étoient eftimables!

Le Roi dit à Montluc, en le prenant par le bras d'un air careffant > Montluc recommande» moi à mon coufin d'Anguien & » à tous mes Capitaines; dis leur » que c'est ma grande confiance » dans leurs talens qui me fait con» fentir à leur volonté; qu'ils com» battent donc, puifqu'ils le veu» lent, mais qu'ils vainquent. Voilà » Sire, répondit Montluc, un nou» vel aiguillon pour leur courage ; > j'exécuterai vos ordres & ils rem»pliront vos espérances. »

כל

Montluc porta au camp François la permiffion de combattre & la promeffe que du Bellay le fuivroit bien-tôt avec de l'argent pour payer les troupes ; mais il étoit plus aifé de leur permettre de combattre que de leur envoyer de l'argent. Au lieu de trois cent mille livres & plus, qu'il auroit fallu leur donner, du Bellay n'apporta que quarante mille écus, & n'arriva qu'à

travers beaucoup de périls & de peines avec des escortes foibles & mal sûres dans un pays tout plein de garnisons & de partis ennemis.

Sur le bruit de la permiffion accordée au Comte d'Anguien de livrer bataille, toute la jeune noblesse prit la pofte pour se rendre en Piémont, la Cour refta déferte, & pour avoir trop de braves fujets le Roi n'avoit plus de courtifans. Leur arrivée fut d'un grand fecours au Général dans le befoin où il étoit d'argent; il leur fit entendre qu'il ne fuffifoit pas de payer de fa perfonne, qu'il falloit encore payer de fa bourse; au premier mot, toutes les bourfes furent ouvertes. On aimoit alors la gloire & la patrie. Boutieres même, oubliant fes chagrins, accourut comme les autres à l'armée, & vint fervir fous fon fucceffeur.

Du Guaft s'irritant par les difficultés, ne fit que donner encore une plus vafte étendue à fon plan. Voyant que les François s'étoient emparés de Carmagnole, il réfolut

1544.

I544.

d'aller paffer le Pô fur ce pont de
de bateaux que le Comte d'Anguien
avoit conftruit aux Sablons entre
Carignan & Montcallier
& aux

,

deux bouts duquel il avoit bâti des forts pour fa défenfe, ayant compté en avoir befoin pour le retour. Du Guaft entreprit de forcer ce pont, ou bien fi les François s'avançoient pour le défendre, il devoit paffer par les derrieres de Carmagnole, mettant entre lui & les François des Marais que ceux-ci n'oferoient franchir pour l'attaquer; il pafferoit le Pô fur un pont de bateaux dont il portoit les piéces toutes préparées ; il pénétreroit dans le Marquifat de Saluces, où il y avoit trente mille facs de bled qui l'attendoient, il en trouveroit quinze mille à Coni, il jetteroit la moitié de ces provifions dans Carignan garderoit l'autre moitié pour la fubfiftance de fon camp, enfermeroit l'armée Françoife entre le Pô & le Tanaro, dans ce pays ruiné, où elle fe confumeroit faute de vivres. Pour mieux en affurer la perte,

,

il feroit le dégât dans tout le refte du Piémont, brûleroit tout le platpays, enleveroit tout le bétail pour qu'on ne pût labourer les terres, & après avoir pourvû à la sûreté des places qu'il voudroit conserver, il marcheroit à Yvrée, il y trouveroit dix mille hommes de renfort que l'Empereur avoit donné ordre au Comte de Chalan de lever, il pafferoit avec toutes fes forces par le Val d'Aofte dans la Savoie & dans la Breffe, il s'avanceroit jufqu'à Lyon par où il entameroit la France, tandis que l'Empereur l'attaqueroit du côté de la Cham

pagne.

Le Marquis fe mit en chemin pour exécuter toutes ces vastes idées qui vinrent échouer à Cerifoles visà-vis Carignan.

1544.

Mém. de da

Bellay, 1. 10.

Belcar. 1. 23.

n. 49. 50. 51g

52.

Le Comte d'Anguien fentant la néceffité de le prévenir, marcha à fa rencontre. Les armées furent en préfence, le jour de Pâques 13 Avril. L'armée Françoife fe fit voir fur 13 Avril. des hauteurs d'où elle efcarmoucha fans engager une action déçifive,

Pâques, le

1544.

Du Guaft par une rodomontade Espagnole, fit fommer à la vûe des Francois le petit Château de Sommerive, dont les défenfeurs pour toute réponse, montrerent l'armée Françoife rangée en bataille sur les montagnes, & bien-tôt le bruit de Commentar. l'artillerie Françoife obligea le Marquis du Guaft à quitter Sommerive.

Sleidan,

1. 15.

Si les François trop fatigués par la chaleur extrême, qui avoit fuccédé prefque fans milieu aux rigueurs exceffives de l'hyver, euffent été en état d'attaquer ce jour-là les Impériaux, la victoire n'eût peutêtre pas coûté cher, les Espagnols étant reftés en arriere pour débarraffer quelques piéces de canon embourbées, étoient abfolument féparés du refte de l'armée.

Le foir les François firent la faute de quitter leurs hauteurs dont les Impériaux s'emparerent, joignant ainfi l'avantage de la fituation à la fupériorité des forces, qui étoit de plus d'un tiers.

Le Marquis du Guaft forma de

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