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fon infanterie trois gros bataillons fur un même front & il les fit foutenir par de la cavalerie répandue fur les aîles. La droite étoit compofée de fix mille vieux foldats tant Efpagnols qu'Allemans, qui avoient fuivi l'Empereur dans fes expéditions de Tunis & d'Alger. Ils étoient commandés par Dom Raimond de Cardonne. La gauche avoit pour Chef le Prince de Salerne & étoit compofée de dix mille Italiens. Le corps de bataille formé par dix mille Lanfquenets, étoit commandé par Alifprand de Madruce. La cavalerie qui foutenoit l'aile droite, c'eft-à-dire le corps des Espagnols, étoit commandée

par

le Prince de Sulmone, fils du feu Comte de Lannoi, Viceroi de Naples; celle qui foutenoit la gauche, avoit pour Chef Rodolphe Baglioné, & celle qui entouroit le corps de bataille, étoit commandée par du Guaft lui-même. Ces trois corps de cavalerie étoient de fept à huit cent chevaux chacun.

La difpofition de l'armée Fran

1544.

Paul Jov.

hiftor. fui temporis,

1. 44.

"Mém. de du

Bellay, 1. Ic

1544.

çoise étoit à peu près la même. A la droite étoit l'infanterie Françoise commandée par de Thais & foutenue par la cavalerie légere de de Termes. A la gauche l'infanterie Italienne & Gryerienne, commandée par ce Charles de Dros, Piémontois qui, l'année précédente avoit défendu Montdovi. Le corps de Gendarmerie qui la foutenoit, étoit conduit par Dampierre. Le corps de bataille étoit formé par les Suiffes au nombre de trois mille, le Comte d'Anguien avoit partagé en deux le corps de cavalerie destiné à les foutenir; il avoit donné la droite à Boutieres, comme s'il eût voulu partager avec lui dans cette journée Î'honneur du commandement ; il le plaça donc avec un corps de cavalerie entre les Suiffes & l'infanterie Françoife & fe mit à la gauche entre ces mêmes Suiffes & l'infanterie Italienne & Gryerienne fur laquelle il croyoit néceffaire d'avoir les yeux pendant l'action; il ne fe trompoit pas. Ces Gryeriens étoient ainfi nommés › parce

que

que le Comte de Gryeres ou
Gruyeres, attaché au fervice de
la France, les avoit levés dans
fes terres fituées en Suiffe & dé-
pendantes en partie du Canton de
Fribourg, en partie du Canton de
Berne; c'étoit donc en quelque
forte des Suiffes, mais qui dégé-
néroient bien de la valeur de leur
Nation. Du Bellay en les comparant
aux Suiffes leurs voifins, dont on
avoit efpéré qu'ils imiteroient le
courage, dit que c'étoient des ânes
déguifés en courfiers. Ils étoient au
nombre de cinq mille. La Gendar-
merie qui foutenoit ces différens
corps d'infanterie, étoit affez peu
nombreuse. On avoit tiré des diffé-
rentes compagnies d'infanterie, tant
Françoife qu'Italienne de quoi for-
mer un corps d'environ fept ou
huit cent Arquebufiers, qu'on mit
à la tête pour fervir d'enfans per-
dus, c'étoit Montluc qui les com-
mandoit, il en étoit bien digne.
Du Bellay faifoit avec Monneins
les fonctions d'Aide de Camp, &
couroit par-tout où l'appelloient les
Tome IV.
K

1544.

conjonctures, portant les ordres du 1544. Général, & les provoquant par le compte qu'il lui rendoit à tous momens de l'état de la bataille. Beau-. coup de jeunes Seigneurs, accourus de la Cour en pofte, n'ayant pas eu le temps de fe procurer des chevaux, combattirent à pied au premier rang de l'armée.

Les Impériaux avoient deux batteries de dix piéces chacune, les François en avoient deux de huit.

Les Arquebufiers de part & d'autre commencerent une efcarmouche, qui dura depuis le lever du foleil jufqu'à onze heures. Près de cinq. mille Arquebufiers formoient un combat particulier devant les deux armées avant qu'elles s'ébranlaffent; la bataille s'engagea enfin & devint générale. Les deux armées firent long-temps les plus grands efforts pour fe prendre en flanc; toutes les rufes de la guerre furent épuifées de part & d'autre pour parve nir à ce but, mais ce fut fans fuccès, parce que les deux Généraux fçavoient le pénétrer. Le plus terrible

choc fut entre les deux corps de bataille, c'est-à-dire entre les Lanfquenets Impériaux & les Suiffes de l'armée Françoife. Du Bellay a la bonne foi très-eftimable d'avouer fans donner de mérite à cet aveu, qu'il faifoit une faute en faifant avancer les Suiffes contre les Lanfquenets, parce qu'il les expofit au feu de l'artillerie, & il donne au Capitaine Flori qui commandoit les Suiffes., l'honneur de lui avoir confeillé d'attendre les Lanfquenets, qui en s'avançant, venoient fe placer entre les batteries & les Suiffes.

L'infanterie Françoife marcha au fecours des Suiffes trop foibles en nombre pour réfifter aux Lanfquenets. Ainfi réunis, ils forcerent les Lanfquenets de reculer & ouvrirent dans ce gros bataillon un passage à la Gendarmerie de Boutieres, qui les perça & les mit en déroute ; du Guaft le vit, & n'ofa entreprendre de les foutenir avec fa cavalerie.

Mais tout alloit bien autrement au combat de l'aîle droite des Im

1544.

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