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1539.

ou huit des plus féditieux, & ne pardonna aux autres qu'à condition qu'ils impoferoient eux-mêmes le joug fur leur tête, en faifant conftruire à leurs dépens une citadelle, dont ils entretiendroient auffi la garnifon. Il eût peut-être été plus sûr pour l'autorité de l'Empereur, que cette garnison eût été entretenue à fes dépens, mais il n'avoit point d'argent, & les Gantois en avoient.

George de Selve, Evêque de Vabres, étoit refté auprès de l'Empereur pour lui rappeller fes engagemnes & tirer de lui une réponse Mém. de du définitive fur l'affaire du Milanès. Il Bellay, 1. 8. la demanda avec inftance. L'Empereur bien sûr alors de n'avoir pas befoin des François, leva honteufement le mafque, &. ofa nier qu'il eût rien promis. Le Roi avoit beau s'attendre à cette infidélité, elle étoit fi contraire à fon caractere, qu'il ne pût s'empêcher d'en être indigné. L'Europe attentive à cet événement, dût admirer François, le plaignit peut-être, & reconnut Charles-Quint.

CHAPITRE II.

Autres artifices & intrigues de l'Empereur.

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LA facilité de réduire les Gantois n'avoit pas été le feul avantage que l'Empereur eût tiré de fon paffage par la France. Toujours occupé de combinaisons politiques, & n'oubliant jamais que François I étoit Mém. de du effentiellement fon ennemi, il s'étoit Bellay, 1. 8. attaché à lui nuire autant que François s'étudioit à l'obliger. Il lui avoit nui même par fa feinte amitié, dont il faifoit retentir les vains témoignages dans toute l'Europe, afin de refroidir ou d'aliéner les Alliés de la France. Les Miniftres Impériaux dans les différentes Cours ne parloient que de la réconciliation 'des deux rivaux, de leurs traités, de leur intelligence fraternelle.

'Le Roi d'Angleterre regardoit déjà François comme l'ami de celui qu'il regardoit comme fon ennemi

mais auquel il n'avoit pas fait plus 1539. de mal dans le cours de la derniere guerre qu'il n'avoit fait de bien à François I.

à

Soliman étoit très-mécontent de François, & il avoit raifon de l'être. François, dont le courage n'étoit pas encore bien affermi fur cette alliance Ottomane fi décriée dans l'Europe, fembloit ne s'être allié avec le Turc que pour manquer toutes les claufes de cet engagement, & Soliman II fe perfuadoit que tous ces Princes Chrétiens ne fçavoient que tromper. Si pourtant François trompoit dans cette occafion, ce n'étoit que parce qu'il n'ofoit garder sa foi aux Infideles.

Sur cet article de l'alliance des Turcs, l'Empereur avoit un grand afcendant fur fon rival, & fi l'on peut dire que François fut la dupe de Charles, ce fut dans une fauffe démarche où il fe laiffa entraîner alors. Il s'agiffoit des Vénitiens & des Turcs.

Jufques-là un intérêt commun avoit uni les Vénitiens avec l'Em

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pereur contre les Infideles, mais les Vénitiens voyant que cette guerre nuifoit à leur commerce & réuffiffoit mal, prenoient alors le parti de traiter avec Soliman. L'Empereur Mém. de du vouloit rompre cette négociation, Bellay,'1. 8. afin de ne pas refter seul exposé aux armes Ottomanes; il n'ofa pas propofer à François I de s'unir avec lui contre les Turcs mais il le pria de l'aider au moins à conferver Venise pour alliée ; il ne falloit pour cela qu'avouer hautement devant le Sénat de Venise l'amitié qui fembloit unir alors les deux Princes. François eut la foibleffe d'y confentir; il ordonna au Maréchal d'Annebaut d'accompagner à Ve- Conimentare nife le Marquis du Guaft que l'Em- 1. 12. pereur y envoyoit. Du Guaft affura les Vénitiens de la parfaite réconciliation, de l'union intime des deux Monarques; il dit qu'on touchoit au moment de la réunion de tous les Princes Chrétiens contre la Puiffance Ottomane, que loin de fonger à traiter avec elle, il falloit tenter un dernier effort, qui alloit être univerfellement fecondé.

Sleidan;

Heureufement pour François I.

1539 les fages Vénitiens lurent dans fon ame, & confulterent mieux fes intérêts que lui-même.

Pâques, le 28
Mars.

» Si l'Europe entiere, dirent-ils 1540. » à du Guaft, fe ligue contre le » Turc, nous ne ferons pas des der"niers à concourir à cette guerre » fainte; mais où font les preuves » de la réunion des deux grands » Monarques dont vous nous par»lez? Nous voyons des procédés » honnêtes, généreux, des égards, » des honneurs, tout ce qui fe rend » à un ennemi couvert comme à » un ami; mais nous ne voyons » point d'affaire conclue, de droits » fixés, d'intérêts fatisfaits. Quel » eft donc le ciment de cette ami» tié que vous nous vantez? Quel >> eft entre ces Princes le fondement » de paix affez folide pour que

nous puiffions en faire la bafe de » nos arrangemens? L'Empereur se » détermine-t-il à donner au Roi de » France ou à fon fils, l'inveftiture » du Milanès ? Sans cette condition il ne peut y avoir de véritable

paix

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