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dit horrible. Charles de Dros aupa vant Gouverneur de Montdovi, qui conduifoit les Italiens, fe fit tuer ainfi que le Colonel des Gryeriens, ils balancerent en quelque forte par leur mort glorieuse la honte de l'indigne corps qu'ils commandoient. François de Genouillac, dit d'Affier, fils unique du célébre Galiot, mourut des bleffures qu'il reçut dans cette bataille. Son pere avoit eu un preffentiment affez naturel de fon fort; le voyant partir pour fe rendre en Piémont fur le bruit de la bataille prête à fe livrer, il avoit paru vouloir le retenir, mais d'Affier ayant prononcé les mots d'honneur & de devoir, mots facrés pour fon pere, ce pere éperdu lui avoit dit jufqu'à deux fois en l'embraffant & Brant. hom. en foupirant: Va donc, mon cher fils, va chercher la mort en pofte, je ne te verrai plus.

illuft. art.

Galliot.

L'armée victorieufe fut ramenée à Carmagnole pour s'y rafraîchir. On fe hâta de mander cette grande victoire aux Ambaffadeurs François dans toutes les Cours pour

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qu'ils la publiaffent le Comte d'Anguien ne perdit pas un moment pour en répandre la nouvelle dans les Cours d'Italie, où elle pouvoit ouvrir la route à de nouveaux fuccès.

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La conquête de Carignan & de Belcar. 1 231 prefque tout le Montferrat fut le n. 58. premier fruit de la bataille de Cérifoles; les places du Montferrat n'oppoferent prefque aucune réfiftance, il n'en fut pas de même de Carignan, qui tint encore de- Mém. de du puis le quatorze Avril, jour de la Bellay, 1. 10. bataille, jufqu'au 26 Juin, manquant de pain, manquant de tout, excepté de conftance; risquant tous les jours quelque fortie & quelque efcarmouche. On voyoit quelquefois les habitans, hommes & femmes, fe précipiter du haut des rem❤ parts au fond des foffés pour venir mandier quelques morceaux de pain daus le camp François. Le Gouverneur, Pierre Colonne ne fe rendit enfin qu'après avoir éprouvé les dernieres horreurs de la famine, & qu'en obtenant l'hon

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de fortir avec armes & ba→ gages; mais ces armes, ils n'avoient plus même la force de les porter; les foldats exténués fuccomboient fous ce poids & fe jettoient par terre, renonçant à la vie ; on fut obligé de leur fournir des voitures pour les tranfporter au-delà de l'Adda où la capitulation les envoyoit.

Le Comte d'Anguien ardent à recueillir tous les fruits de cette victoire par laquelle il venoit de s'immortalifer à vingt-trois ans, fit propofer au Roi la conquête du Milanès qu'il croyoit facile. En effet cette victoire avoit confidérablement fortifié le parti François en Italie. Plufieurs Seigneurs Italiens, neutres jufqu'alors ou attachés au parti Impérial, fe déclaroient pour la France; il faifoient avec la plus grande facilité à Rome & dans le refte de l'Italie d'affez fortes levées, qui devoient s'affembler à la Mirandole & joindre dans le Milanès l'armée du Comte d'Anguien. Le Marquis du Guaft au contraire fit battre le tambour dans

toute l'Italie pendant vingt jours entiers, fans qu'il fe préfentât perfonne pour s'enroller.

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Le Roi goûta d'abord le projet du Comte d'Anguien, mais bientôt fur l'avis des immenfes préparatifs que l'Empereur faifoit fur le Rhin de concert avec Henri VIII, & de l'orage qui s'apprêtoit à crever fur la France il crut devoir rappeller fes forces dans l'intérieur du Royaume pour défendre fes frontieres & il donna ordre au Comte d'Anguien de faire revenir en France la meilleure partie de fes troupes. Du Bellay déclare nettement qu'on ne pouvoit prendre une plus mauvaise réfolution, il eft perfuadé que fi le Roi eût pourfuivi fes conquêtes en Italie, l'Empereur auroit été obligé de partager fes forces, & que fans doute il auroit préféré le foin fi naturel de défendre fes propres Etats à l'efpérance fi incertaine d'envahir ceux de fon rival; mais par la même raison François I, ne devoitil pas préférer le foin de défendre

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la France au projet de s'aggrandir en Italie ? Il eft vrai que la France n'étoit encore que menacée par l'Empereur, au lieu que le Milanès étoit actuellement entamé par le parti François; car tandis que le gros de l'armée du Comte d'Anguien, en attendant les ordres du Roi, avançoit toujours par le Montferrat vers le Duché de Milan, la petite armée d'Italie qu'on avoit affemblée à la Mirandole & qui étoit de dix mille hommes d'infanterie, fe mettoit en marche fous la conBelcar, 1. 23. duite de Strozzi. Les peuples mécontens du joug Efpagnol la groffirent confidérablement fur fa route; le Cremonez & le Plaifantin lui fournirent des vivres en abondance, peu s'en fallut qu'elle ne furprit Milan, mais ayant appris que le projet de la conquête du Milanès avoit été rejetté à la Cour de France, elle ne fongea plus qu'à fe mettre en sûreté par une prompte jonction avec l'armée Françoife. En pourfuivant fa route, l'armée de la Mirandole rencontra fur les

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