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1544.

berouffe & par un Prince du Sang de France, pour enlever à un Prince Chrétien la feule place qui lui reftât.

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Il ne falloit plus s'étonner des » fuccès des Infidèles, ils formoient » toutes leurs entreprises à coup sûr. » La Chrétienté portoit dans fon » fein un Prince plus infidèle qu'eux » qui les avertiffoit du moment fa»vorable, qui les inftruifoit de toutes les divifions de l'Allemagne & de l'Italie que lui-même 35 il avoit foin de faire naître ou » d'entretenir, qui concertoit, qui » exécutoit avec eux les projets les » plus funeftes au nom Chretien ; >> il falloit écrafer ce ferpent domeftique, la Chretienté ne pouvoit » trop tôt se réunir contre lui, & » comment pouvoit-elle espérer de repouffer l'ennemi étranger, tan» dis qu'elle fouffroit au milieu » d'elle cet ennemi plus dangereux " qui attiroit l'autre, qui le recueil»loit dans fes ports, qui l'intro» duifoit dans le centre de l'Eu-> rope. »

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L'hyperbole venoit enfler, la ca

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lomnie venoit envenimer le peu que 1544. la vérité fourniffoit. Toutes les Puiffances étoient follicitées par les intérêts les plus facrés, par tous les motifs de la religion & de la politique à s'unir avec l'Empereur mais toutes ne furent pas également entraînées par fes déclamations.

Le Pape à qui l'alliance des Turcs devoit infpirer le plus d'horreur, fut celui qui la vit avec plus le de fang froid, il perfifta dans fa neutralité, il offrit fa médiation. Le Roi d'Angleterre encore nouvellement détaché de l'obéiffance du S. Siége étoit pour les Italiens & pour le Pape un objet de haine plus direct & plus préfent que le Turc. Le Pape voyoit que l'Empereur, malgré toutes les proteftations qu'il lui avoit faites de ne s'unir jamais. avec le Roi d'Angleterre, venoit de contracter avec ce Prince une alliance offenfive & défenfive. Il ne voyoit dans tous ces traités, dans tous ces mouvemens, dans toutes ces guerres, que l'avide politique envifagée fous différens points de Tome IV.

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vue,

reproduite fous différentes formes, & toujours parée de belles couleurs; il ne vouloit point fe plonger dans ce cahos profane d'intérêts qu'on vouloit faire regarder comme facrès.

Les Vénitiens furent ébranlés, & fans l'éloquence de Jean de Montluc, (1) Evêque de Valence, Ambaffadeur de France auprès de la République, qui fçut entraîner le Sénat, les intrigues de l'Empereur alloient triompher; Montluc justifia l'alliance Ottomane, comme avoit déjà fait un autre Evêque, Georges d'Armagnac, Evêque de Lavaur ; il fit voir aux Vénitiens qu'elle leur avoit été avantageufe, qu'elle avoit dirigé les efforts des Turcs contre l'Empereur feul, au lieu qu'auparavant la flotte Ottomane portoit fes ravages fur toutes les côtes de l'Italie indiftinctement, & fouvent fur les terres des Vénitiens;

(1) Frere de Blaife de Montluc, il fervit auffi cinq Rois dans les négociations, comme fon frere dans les armées.

que grace à la vigilance de Paulin (1) les terres de la République avoient été refpectées dans cette campagne & qu'elles le feroient toujours tant que les Turcs & les François agiroient de concert.

:

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Les déclamations de l'Empereur eurent le plus plein fuccès auprès des Princes d'Allemagne à la Diéte de Spire Proteftans, Catholiques, tout fe réunit. L'Empereur fçut perfuader à tous que François I. étoit le feul auteur de leurs divifions ainfi que de leurs difgraces dans la guerre contre les Turcs; lui feul auffi empêchoit qu'on ne tint un Concile, où tous les diffé- Belcar. 1. 23. rens de religion feroient aifément ". ss. terminés, il ne craignoit rien tant que la paix, il n'efpéroit que dans les troubles de l'Empire; la Diéte perfuadée ne fe contenta point de contribuer fortement à l'expédition que l'Empereur méditoit contre la France, elle voulut encore entraîner les Suiffes, elle leur écrivit pour

(1) Voir le chap. 4. du liv. 6.

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Id. 1. 23.

n. 7.

les détourner de l'alliance de François I, pour obtenir du moins qu'ils ceffaffent de lui envoyer des troupes. Les Suiffes répondirent en alliés fidèles de la France, ils fe rendirent garants des vues pacifiques du Roi, & protefterent qu'ils lui fourniroient pour la guerre tous les fecours dont il auroit befoin.

François I. s'attendoit bien à être vivement attaqué par l'Empereur dans la Diéte de Spire, il ef péroit du moins qu'on lui permet→ troit de s'y défendre, mais on re fufa de l'entendre ; il envoya un Hérault demander un paffeport pour fes Ambaffadeurs, (i) qui étoient en chemin pour fe rendre à Spire. On permit feulement au Hérault de remettre au Chancelier de Gran velle les lettres du Roi adreffées à l'Empereur & aux Princes de l'Empire. On le fit fortir auffi-tôt, &

(1) Le Cardinal du Bellay, François Olivier, Préfident au Parlement de Paris, depuis Chancelier de France, & Affricain de Maillei, Baillif de Dijon.

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