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à Briffac, mais forcé de la faire par 1544• l'extrême fupériorité des ennemis, il la fit avec autant de courage que d'habileté, tournant tête à tous momens & chargeant les Impériaux, lorfqu'il fe fentoit trop preffé; il fut pris deux fois dans cette occafion & repris toutes les deux fois par les fiens, avec lefquels il parvint enfin jufqu'à Châlons. Trois cent hommes d'infanterie de fa troupe, voyant qu'ils ne pouvoient échapper aux Lanfquenets, prirent le parti de fe faire jour au milieu d'eux & gagnerent une Eglife où ils s'enfermerent; le Comte de Furftemberg les ayant vainement fommés de fe rendre, les brúla tous dans cette églife. Il s'empara en- Belcar. I. 24. fuite de Vitry & s'y fortifia, dit du Bellay, pour faciliter les fourages à l'armée Impériale. Paul Jove dit que Vitry fut brûlé. L'un & l'autre peut être vrai. Le titre de brûlé que l'ancien Vitry conferve encore (1), & la nouvelle Ville

(1) Vitry le brûlé eft fur la petite riviere de

n. 2.

Paul Jov.

hiftor. fui tempor. 1.

45.

544.

de Vitry en Perthois inconteftable ment bâtie par François I. à quelque diftance des ruines de l'ancien Vitry, prouvent que Vitry fut brûlé par les Impériaux fous Charles-Quint, Furstemberg s'y fera

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la Saux, & Vitry le François fur la Marne un pen au-deffus du Confluent de la Saux & de cette riviere. Le premier Vitry fut brûlé trois fois. La premiere fois Louis le jeune dans un transport de colere qu'il crut expier depuis par une croifade beaucoup plus funefte encore, y brûla quinze cent perfonnes dans une églife où elles s'étoient réfugiées; fous Charles VII, Jean de Luxembourg partifan des Anglois, brûla Vitry de nouveau, enfin Vitry fit réduit en cendres fous Charles V, mais ces cendres étoient cheres encore aux habitans de Vitry; la nouvelle Ville, quoique diftinguée par le nom du Roi, décorée de fa devife & de fes armes honorée de fes faveurs, n'attiroit point les habitans de Vitry, qui aimoient mieux pleurer fur leurs ruines; le Roi s'offença de cette indifférence dont le principe eût dû lui être précieux; l'amour de la patrie avoit déjà fait reconftruire quelques maifons à Vitry, le Roi voulut les faire démolir & ordonna aux habitans de fe retirer au nouveau Vitry. Ces malheureux firent des repréfentations touchantes. Les Serpens, dirent-ils, rampent paifiblement dans le lieu qui les a vu naître, laiffez-nous errer avec eux parmi ces débris qui nous affligent & qui nous attachent; le Roi fentit que quand on aimoit ainfi fon pays natal, on devoit aimer l'Etat, il fe rendit à leurs prieres, il confirma leurs priviléges & laifla faire au temps, qui à la longue a fait préférer Vitry le François.

donc fortifié pendant le fiége de
S. Dizier, & l'aura brûlé enfuite
parce qu'il n'en avoit plus befoin
& qu'il ne vouloit pas qu'il pût
fervir aux François. Brantôme dit
que le Comte de Furftemberg, au
lieu de garder Vitry, comme l'Em- ·
pereur le lui avoit ordonné, le
brûla au grand mécontentement de
l'Empereur.

1544

art. Furftem

Cependant S. Dizier arrêtoit les Brant. hom. Impériaux beaucoup plus long- illuftr.& cap. temps qu'il ne l'avoient cru. Les etr. tom. 1. affiégés faifoient de fréquentes for- berg. ties; le neuvieme jour du fiége Le 17 Juillet fut mémorable par la perte qu'on 1544 fit de part & d'autre d'un grand Capitaine. Les François perdirent la Lande, qui l'année précédente avoit défendu Landreci avec tant de fuccès & de gloire contre les mêmes forces qui affiégeoient alors S. Dizier; il eut la tête emportée d'un coup canon, le Comte de Sancerre cacha un jour entier sa mort aux affiégés dont elle pouvoit abattre le courage. Les Impériaux perdirent le jeune Prince commentar,

Sleidan.

1. 150

1544.

d'Orange, (1) qui étant forti de fon quartier pour aller voir l'Empereur à la tranchée, eut l'épaule caffée d'un éclat de pierre dont il mourut au bout d'un jour.

Il y eut deux jours après un des plus furieux & des plus opiniâtres affauts; il dura depuis neuf heures du matin jufqu'à quatre heures du foir. Les Espagnols, les Lanfquenets monterent à la brêche avec une valeur égale, l'armée Impériale fut employée prefque toute entiere à cet aflaut; les divers corps revinrent à la charge jufqu'à trois fois, & finirent par être irrévocablement repouffés avec perte de huit cent hommes, fans compter les bleffés qui étoient en bien plus grand nombre. Leur retraite fe fit avec précipitation & avec quelque défordre; ils laifferent dans le foffé des barils de poudre dont les affiégés profiterent & dont ils avoient befoin. La perte des François fut

(1) De la Maifon de Naffau, le même dont il cft parlé au chap. 1. de ce liv. 6.

de trente ou quarante tant Gendarmes qu'Archers & d'environ deux cent hommes d'infanterie. Le Comte de Sancerre fut bleffé ; un coup de canon lui brifa fon épée dans la main & les éclats lui volerent au vifage. Le lendemain l'Empereur lui envoya offrir une capitulation honorable, Sancerre ne voulut pas feulement permettre que le trompette entrât dans la Ville, de peur qu'il ne tentât le courage des affiégés.

La promptitude avec laquelle la brêche fut réparée, engagea les Impériaux à employer les mines; les affiégés s'en apperçurent & dans une fortie faite de nuit, un Gen tilhomme Picard, nommé Lignie res, avec quelques foldats déterminés, parcourut les tranchées d'un bout à l'autre, chaffa les Efpagnols qui les gardoient, tailla`en piéces ceux qui voulurent réfifter, ruina les travaux & ramena des pionniers par le moyen defquels on fut inftruit de tous les projets des affiégeans.

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1544

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