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ou fa niéce (1) épouferoit le Duc d'Orléans, l'autre que les Etats dont il auroit l'inveftiture, foit le Milanès, foit les Pays-Bas, ne feroient jamais réunis à la Monarchie Françoise. La Ducheffe d'Eftampes preffoit le Roi de foufcrire à ces deux conditions, quelque contraire que fût la feconde aux intérêts de la Couronne ; mais comme le Roi balançoit encore, comme les fuccès qu'auroient pû avoir les armes Françoifes l'auroient fans doute rendu plus difficile, comme d'ailleurs ces fuccès auroient augmenté la gloire du Dauphin & l'importance de Diane de Poitiers, on affure que la Ducheffe d'Etampes entretenoit une correfpondance coupable avec l'Empereur, qu'elle l'avertiffoit des réfolutions du Confeil & de l'armée, & qu'elle rompoit ainfi toutes les mefures du Dauphin. C'étoit le Comte de Longueval qu'elle employoit dans ces dangereufes intri

(1) La Princeffe Anne, feconde fille du Roi des Romains.

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gues.

La garnison de S. Dizier avoit fçu repouffer la force & réfifter à la faim, elle ne put tenir contre la trahison. Sancerre avoit eu raifon de dire qu'il n'y avoit point de traîtres dans la place, mais il y en avoit au-dehors. Un tambour qu'il avoit envoyé au camp Impérial pour propofer l'échange de quelques prifonniers, retournant dans la place, un inconnu l'aborde lui remet une lettre écrite en chif fres, lui dit qu'elle eft du Duc de Guife, Gouverneur de la Province & qu'elle eft adreffée au Comte de Sancerre. Elle est déchif frée au Confeil de la garnifon c'étoit un ordre que le Duc de Guife donnoit à Sancerre de fe rendre au plutôt & de fauver la garnifon, parce qu'il étoit impofMém. de du fible de la fecourir. Cette lettre Bellay, 1. 10. avoit été fabriquée par le ChanceBelcar. 1. 24, lier de Granvelle, à qui la Du

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cheffe d'Eftampes avoit envoyé par Longueval le chiffre du Duc de Guife. La garnifon fut partagée fur cet ordre; les uns vouloient

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Commen.aré

obéir, les autres réfifter; mais la faim & le défaut de poudre déterminerent le plus grand nombre on confentit à capituler; les Impériaux fe rendirent d'abord difficiles & propoferent des conditions dures; à la fierté avec laquelle on les reçut, ils virent bien qu'il fal- Sleidan, loit changer de ton, ils fe rappro- lib. 15. cherent & finirent par en accorder de très-avantageufes; la garnifon eut la liberté de refter encore douze jours dans la place pour attendre le fecours qui pourroit arriver. S'il n'en arrivoit point, ils devoient fortir en plein midi avec armes & bagages, tambours battans & enfeignes déployées. On leur permit même d'emporter leurs quatre meilleures pieces d'artillerie.

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La nouvelle de la prise de S. Dizier accabla le Roi, il étoit malade alors & gardoit fa chambre. Obligé de dévorer en public fon inquiétude & fa douleur, il fe foulageoit en fecret par des foupirs dont fon peuple n'étoit pas témoin; ils étoient recueillis par le cœur

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compatiffant de la Reine de Navarre fa fœur & fa plus tendre amie, elle feule le confola tandis que fa maîtreffe le trahiffoit. (1 )

L'Empereur continua fa marche le long de la Marne en s'approchant toujours de Paris; il paffa entre Châlons & Notre-Dame de 'Epine, laiffant Châlons à fa gauche, & vint camper vis-à-vis le Dauphin, les deux armées n'étant féparées que par la Marne. C'étoit le braver & abufer de la défense qui lui avoit été faite de livrer bataille. Quelques jeunes Seigneurs François qui s'étoient enfermés dans Châlons, croyant que l'Empereur alloit en faire le fiége, vinrent avec de la cavalerie légere escarmoucher

(1) Brantôme dit qu'après la prife de S. Dizier le Roi allarmé pour Paris, s'écrioit :,, Ah! mon ,, Dieu, que tu me vends cher mon Royaume ! ... Puis dit à la Reine de Navarre :,, Ma mignone » (car ainfi l'appelloit-il), allez vous-en à l'Eglife, à Complies, & là pour moi faites priere à Dieu, que puifque fon vouloir eft tel d'ai,,mer & favorifer l'Empereur plus que moi, qu'il le fafle au moins fans que je le voie campé ,, devant la principale Ville de mon Royaume.,,

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contre les Impériaux. Dans ce pe- 1544. tit combat qui fut très-vif, mais qui ne pouvoit rien décider on remarque pour la premiere fois l'ufage du piftolet apporté en France par les Allemands; deux Officiers du Duc d'Orléans furent tués avec cette arme nouvelle.

L'Empereur cherchoit à paffer .la Marne. Le Comte Guillaume de Furftemberg qui commandoit alors les Lanfquenets Impériaux, avoit, comme on l'a dit, (1) été attaché plufieurs années au fervice de François I. Lorfqu'il venoit d'Allemagne en France, fon ufage étoit de côtoyer la Marne, par-là il avoit acquis une grande connoissance de tous les gués de cette riviere; il guidoit la marche de l'Empereur & fe propofoit de lui faire paffer la Marne à une lieue au-deffous de Châlons, prefque en face de l'armée du Dauphin; avant d'engager l'armée Impériale dans ce gué, il voulut le fonder pendant la nuit,,

(1) Voir le chap. 3. du liv. 6.

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