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r544. pour s'affurer s'il étoit tel qu'il l'avoit connu autrefois. Il paffa feul Brant. cap. la riviere, mais ceux des François etr. arc, Furf qui veilloient fur fes bords pour

temberg.

en empêcher le paffage, ayant en-
tendu du bruit fe mirent en mou-
vement. Ils trouverent le Comte
de Furftemberg de leur côté, ils
l'envelopperent & le conduifirent
au camp où il fut aifément reconnu.
On le traita moitié en prifonnies
de guerre, moitié en prifonnier
d'Etat ; on l'envoya à la Bastille,
& il n'en fortit qu'en payant une
rançon de trente mille écus.

Ce fut un coup de hazard très-
heureux que la prise du Comte de
Furftemberg. L'Empereur ne l'ayant
plus pour guide, fut obligé de
renoncer au projet de paffer la
Marne à gué, il fallut qu'il s'ou-
vrit quelque paffage public & connu,
mais ils étoient tous foigneufement
gardés par les François. On avoit
fait le dégât au-delà de la Marne,
& les provifions avoient été raffem-
blées dans les places fituées fur cette
riviere. L'Empeteur avoit beau-

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coup de peine à faire subsister son armée dans ce pays ruiné, où il étoit fans ceffe harcelé par des partis de l'armée du Dauphin & par lés garnifons des places voifines; il fe voyoit prêt à retomber dans la même fituation qui lui avoit fait abandonner la conquête de la Provence. Déjà il fongeoit à remonter vers Soiffons, à regagner les Pays-Bas, & cependant il continuoit de côtoyer la Marne, comme attendant les événemens.

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Le Dauphin avoit des magasins confidérables à Epernay & à Château-Thierry, mais craignant qu'Epernay ne pût pas tenir devant l'armée Impériale fi elle entreprenoit de le forcer il donna ordre à un Capitaine d'infanterie d'aller rompre le pont, d'en enlever toutes les provifions, & de gâter ou de jetter dans la riviere tout ce qu'on ne pourroit point emporter. La Ducheffe d'Etampes, qui ne craignoit rien tant que la retraite de l'Empereur, lui fit donner avis de ce qui fe paffoit ; en même

1544

temps on gagna ou on amusa l'OF 1544. ficier chargé de l'ordre du Dau→ phin; on donna le temps à l'armée Impériale, qui fur cet avis força fa marche, d'arriver à Epernay avant la rupture du Pont & l'enlevement des provifions tandis qu'un détachement de la même Sleidan, armée s'emparoit aufli des magaCommentar fins de Château-Thierry. Alors la

1. 15.

n. S.

terreur fut au comble dans Paris; Belcar. 1. 24. On voyoit en effet l'Empereur s'avancer fans obftacle jufqu'aux portes de cette capitale, & fon plan de conquéte s'exécuter en partie ; les routes de Rouen & d'Orléans étoient couvertes d'habitans, qui fuyoient de Paris avec leurs effets les plus précieux. Les voleurs qui profitent de tout, & à qui la confternation publique eft fouvent favorable, fe répandoient par troupes fur ces routes; ils prenoient l'écharpe rouge pour faire croire qu'ils étoient des partis ennemis. Cependant le Roi faifant violence à fes chagrins & à fes craintes parcouroit à cheval avec le Duc

de Guife toutes les rues de Paris, il raffuroit, il encourageoit, il retenoit les habitans. » Mes enfans

difoit-il, je me charge de vous » défendre de l'ennemi ; que Dieu vous défende de la peur. Cette attention, cette vigilance, cette bonté , cette confiance héroïque, l'air guerrier du Roi, fa taille riche & noble, fa bonne mine fa grace prefque égalée par celle du Duc de Guife, formoient le fpectacle le plus intéressant. Paris croyoit voir en eux fes deux génies tutélaires. Le Dauphin aux premieres nouvelles dela prife d'Epernay & de Château - Thierry quitta précipitamment fon camp de Jallon, & dût-il s'expofer à une bataille, il prévint la course rapide de l'Empereur, alla cam, per à la Ferté fous Jouare à quelques lieues au-deffous de ChâteauThierry, jetta une forte garnifon dans Meaux & fit partir de Lorges en diligence avec fept à huit mille hommes d'infanterie & quatre cent Gendarmes, pour aller

1544.

1544.

raffurer & fecourir Paris, fi l'Em-
pereur trouvoit moyen
de pénétrér
jufques là. De Lorges craignit que
fon arrivée à Paris n'en allarmât
encore plus les timides habitans,
il s'arrêta à Lagny pour oppofer
une barriere de plus fur la Marne
aux Impériaux & pour être cepen-
dant à portée de fecourir la capi-
tale, fi elle étoit menacée. L'Em-
pereur n'avoit pas plus prévu la
diligence du Dauphin que le Dau-
phin n'avoit prévu la négligence ou
la trahifon de l'Officier qu'il avoit
chargé de rompre le pont d'Eper-
nay; ainfi fe voyant prévenu, il
traverfa une partie du Valois &
gagna Soiffons
où il fe logea à
l'Abbaye de S. Jean des Vignes.
L'Empereur & le Roi d'Angle-
terre avoient été prefque également
infidèles aux engagemens qu'ils
avoient contractés par le traité de
Londres. Ni l'un ni l'autre n'avoit
poursuivi fa route directement vers
Paris, & en effet ce projet de tra-
verfer plufieurs Provinces d'un pays
ennemi, fans fe ménager aucune

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