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tetraite, s'accordoit affez mal avec la néceffité de pourvoir à la fubfiftance & à la sûreté. L'Empereur avoit donc commencé à donner l'exemple de faire des fiéges, le Roi d'Angleterre de fon côté s'étoit arrêté à affiéger Montreuil & Boulogne, tous deux fe plaignoient, chacun s'excufoit. L'Empereur difoit qu'à la réserve de Ŝ. Dizier, qui l'avoit retenu plus long-temps qu'il n'avoit crû, il ne s'étoit attaché, felon les termes du traité, à aucun fiége important; qu'enfin il étoit parvenu jufqu'aux portes de Paris, & qu'il y feroit entré fi le Roi d'Angleterre, fans perdre fon temps entre Montreuil & Boulogne, eût marché auffi vers Paris & obligé par-là François I. de divifer fes forces. Le Roi d'Angleterre difoit qu'il n'avoit entrepris ces deux fiéges qu'à l'exemple de l'Empereur, qu'il n'en entreprendroit point d'autres, mais qu'il étoit de fon honneur de réduire ces deux places, puifqu'il les avoit attaquées, Tous ces petits nuages, cette diffi

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Bellay, 1. 10.

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culté de compter fur fes amis & de dompter fes ennemis, la difficulté affez grande encore de faire fubfifter une armée en pays ennemi, malgré l'enlevement des magafins d'Epernay & de Château-Thierry, qui n'étoient pas inépuifables; les intelligences même que l'Empereur entretenoit en France & qui n'avoient que la paix pour objet, l'ennui d'une guerre qui ne produifoit que des fatigues, de la dépenfe & de bien fragiles conquêtes, les maladies, la goûte dont l'Empereur étoit tourmenté, le néant de la douteufe gloire qui fe fait toujours fentir de plus en plus à mefure qu'on avance en âge, peutêtre auffi l'efpérance de tromper ou au moins d'amufer François I. par les conditions captieufes d'un traité, tout engagea l'Empereur à prêter l'oreille aux propofitions de paix. Il entamoit, il abandonnoit, il reprenoit les négociations, felon les circonftances & le fuccès.

Ces négociations avoient commencé dès le temps du fiége de S.

Dizier, & peu de temps aprés ce fiége, il y eut des conférences en régle à la Chauffée entre Vitry & Châlons. Si d'un côté l'Empereur avoit fçu mettre dans fes intérêts la, Ducheffe d'Etampes & le parti du Duc d'Orléans, de l'autre la Ducheffe avoit fçu infpirer des difpofitions pacifiques au Chancelier de Granvelle & à Martin de Gufman, Dominicain & Confeffeur de l'Empereur. Les Députés pour les conférences furent de la part du Roi l'Amiral d'Annebaut & le Garde des Sceaux de Chemans (1); de la part de l'Empereur, Ferdinand de Gonzague & Granvelle.

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L'Empereur ne s'éloignoit pas de faire fon traité particulier, fans en avertir le Roi d'Angleterre mais François défirant de faire. une paix générale, envoya au Roi d'Angleterre le Cardinal du Bellay Remond, Premier Préfident du Par·lement de Rouen & l'Aubefpine Sécrétaire d'Etat, pour lui propo

(1) Ou Erault.

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d. ibid.

fer d'envoyer auffi des Députés
la Chauffée; l'Empereur voyant
que Henri VIII. feroit averti, en-
voya de fon côté l'Evêque d'Ar
ras lui faire la même invitation.

Le Roi d'Angleterre faifoit alors en perfonne le fiége de Boulogne tandis que le Duc de Norfolk, joint aux Impériaux commandés par les Comtes de Roux & de Bures, faifoit celui de Montreuil. C'étoit le Maréchal du Biez (1), Officier de quelque expérience, qui commandoit dans Montreuil c'étoit Vervin fon gendre, jeune homme fans talens & fans courage, trop indigne de porter le grand nom de Coucy, qui commandoit dans Boulogne, le Duc de Vendôme couroit dans toute la Province avec une poignée de Gendarmes, harceloit perpétuellement les Anglois & les Impériaux, enlevoit quelquefois des convois con

(1) Oudart du Biez, nommé Maréchal de France le 15 Juillet 1542, à la place du Maséchal de Montejean, mort dès 1539.

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fidérables; il en furprit un entre autres qu'on menoit d'Aire au camp devant Montreuil avec une escorte de huit cent chevaux & de douze cent Lanfquenets qui même avoient avec eux quatre pieces d'artillerie. Vendôme n'en avoit point, & n'avoit que deux cent hommes d'armes, il attaque le convoi, taille en piéces l'escorte, fait huit cent prifonniers qu'il amene à Thérouenne, prend quatre enfeignes des Lanfquenets, tout le convoi, deux canons, il les avoit même pris tous les quatre, mais faute de voitures, il n'en put faire transporter que deux. Malgré ces petits fuccès Montreuil & Boulogne vivement preffés & hors d'état d'être fecourus, ne pouvoient guè res échapper aux Anglois. Auffi Henri VIII. s'empreffa-t-il peu d'écouter les propofitions des Députés François, il évita même de les voir, fous prétexte de les loger plus commodément, il leur écrivit de s'arrêter au Château de Hardelot, & cependant il redoubla d'ar

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