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sât le Duc d'Orléans, devoit avoir quarante mille livres de rente pour fon douaire, fa niéce trente mille. L'Empereur de fon côté donnoit pour dot, quoi? c'eft ce qu'on ne décidoit encore que par une alternative, le choix toujours réfervé à P'Empereur. Cette dot devoit être ou le Milanès (1) ou les Pays-Bas, felon que le Duc d'Orléans épouferoit ou la fille ou la niéce de l'Empereur (2). Certainement l'Empereur devoit fçavoir lequel il avoit réfolu de céder; ainfi fe propofer ce choix-là, au lieu de le confommer, c'étoit affez annoncer qu'il ne donneroit ni l'un ni l'autre ; mais il y avoit un prétexte à ce délai, c'est que le mariage ne de

(1) L'Empereur en avoit donné l'inveftiture à Philippe fon fils, Prince d'Espagne, le 11 Octobre 1540, ce qui prouvoit une affez ferme réfoluton de ne le jamais céder à la France, & Charles V. ne révoquoit guères de pareilles réfolutions. 11 confirma cette inveftiture par un autre du s Juillet 1546.

(2) C'étoient les Pays-Bas s'il époufoit fa fille,
Milanès s'il époufoit fa niéce,

1544.

1544.

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voit fe faire que dans huit mois, &
comme l'inveftiture de l'un ou de
l'autre de ces Etats, devoit être
la dot de la Ducheffe d'Orléans
il reftoit huit mois pour fe déter-
miner fur ce choix. Il est étonnant
que la Ducheffe d'Etampes dont
l'objet capital
en engageant le
Roi à la paix, étoit de procurer
au Duc d'Orléans un établissement
hors de la France, pour fe procu-
rer à elle même un afyle, n'ait
pas fait affurer & accélérer l'exé-
cution de cet article. Il paroît que
l'Empereur abufa de l'empreffement
que montroit le Roi de faire la
paix & qu'il trahit les espérances
de la Duchesse.

On convint de fe rendre réciproquement tout ce qu'on s'étoit pris depuis la trève de Nice, & comme l'Empereur avoit plus perdu dans cette guerre que François I, on ne remit point l'exécution de cet article à huit mois, il fut stipulé qu'on l'exécuteroit fur le champ. Le Roi envoya même le Duc de

Guife, le Cardinal de Meudon (1), 1544 le Comte de Laval, la Hunaudaye, fils de l'Amiral d'Annebaut & quelques autres Seigneurs, qui accom pagnerent l'Empereur depuis la Fere jufqu'à Bruxelles, & lui fervirent d'otages jufqu'à la reftitution. Il femble que pour s'affurer le Milanès ou les Pays-Bas, il auroit Mém. de du fallu différer la reftitution refpec- Bellay, i, ròg tive des conquêtes jufqu'à l'exécu

tion de cet article.

Quant aux Etats du Duc de Savoie, comme l'Empereur n'y avoit pas d'intérêt direct, le Roi ne fut obligé de les reftituer qu'au moment où le Duc d'Orléans feroit mis en poffeffion, foit du Milanès, foit des Pays-Bas; ainfi ce qui pou

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(1) Antoine de Sanguin dit le Cardinal de Meudon, étoit oncle de la Ducheffe d'Etampes & lui devoit fa fortune; il fut Abbé de Fleury fur Loire, Archevêque de Toulouse, Cardinal & Grand Arminier de France, c'eft le premier qui ait pris ce dernier titre fes prédécefleurs prenoient celui de Grand Aumônier du Roi. Il fut auffi Gouverneur de Paris, il l'étoit dans le temps que cette capitale étoit menacée par l'Empe

reur.

1544.

Brant. cap.

etr. art.

Charles V.

voit arriver de plus heureux au Duc de Savoie, étoit de refter encore dépouillé de fes Etats pendant huit mois au moins.

Si l'Empereur donnoit les PaysBas, le Roi devoit renoncer au Milanès & au Royaume de Naples ; s'il donnoit le Milanès, le Roi devoit renoncer au Royaume de Naples & à toute autre prétention fur les Etats poffédés par l'Empe

reur.

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L'Amiral vint à Bruxelles avec une fuite nombreuse pour faire figner ce traité à l'Empereur, il le trouva accablé de goûte, pouvant à peine remuer la main. Voilà, lui dit P'Empereur ce que m'a coûté la gloire & voilà qui vous garantit mieux que toutes les fignatures l'exécution du traité. Comment pourrois-je manier une épée ? je ne peux pas même tenir une plume. Cette garantie étoit affez foible; on n'a pas toujours la goûte; d'ailleurs les Rois ont tant de bras !

En fuppofant l'entiere & fidéle exécution de ce traité, la France facrifioit

facrifioit tout à l'aggrandiffement du Duc d'Orléans ; c'étoit pour lui feul que la paix fe faifoit, l'Etat perdoit au lieu de gagner. Aufli le Dauphin fit-il une proteftation formelle contre ce traité; il la fit à Fontainebleau le 12 Décemb. 1544, en présence du Duc de Vendôme, du Comte d'Anguien & du Comte d'Aumale,qui fignerent l'acte comme témoins. Les Gens du Roi du Parlement de Toulouse, ou gagnés par le Dauphin, ou déterminés par leur devoir, en firent une pareille le 22 Janvier fuivant.

1544.

1545: Auffi-tôt que l'Empereur eut fi- Belcar. 1. 24; gné le traité, il envoya ordre aux ".s. Comtes de Roux & de Bures, qui avec le Duc de Norfolk & une partie de l'armée Angloise faifoient de fiége de Montreuil de fe retirer & de licentier leurs troupes; ainsi François I. n'eut plus affaire qu'aux Anglois, & la guerre entreprife contre l'Empereur feul, continua contre Henri VIII. feul. Il étoit encore campé autour de Boulogne dont il étoit maître, & le Duc de Norfolk Tome IV. N

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