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1545. que de foixante gros vaiffeaux

part. François I. fit pourtant quelque chofe pour la Marine de l'Océan ; il fit conftruire dans les ports de Bretagne des galions d'une efpece nouvelle, qui alloient à voiles & à rames, & qui plus forts que les galères ordinaires, l'étoient affez pour réfifter à toutes les tempêtes de l'Océan. Il voulut auffi faire conftruire une quinquereme ou galère à cinq rangs de rames, mais le P. Daniel croit qu'elle n'avoit que le nom de commun avec les quinqueremes des anciens; le port du Havre de Grace que François I. fit faire, devint le rendez-vous ordinaire des flottes.

Au refte il y a beaucoup à rabattre de l'idée qu'on pourroit fe faire de ces flottes d'après le nombre de voiles dont elles étoient compofées. 11 paroît qu'il y avoit dans chaque flotte un grand bâtiment d'oftentation, tels que le Carraquon dans la flotte de François I, & fous Louis XII. La Cordeliere que la Reine Anne de Bretagne avoit fait conftruire à fes dépens, & un autre navire nommé la Charente. Le plus grand de ces navires fut le Carraquon. Beaucaire modifie ce que dit du Bellay qu'il portoit cent piéces de groffe artillerie ; felon Beaucaire une partie feulement des cent piéces étoit de groffe artillerie, le refte étoit de moyennegrofleur; le P. Daniel croit avec raifon qu'il s'agit de groffe & de moyenne artillerie de ces temps-là, & non de ce qu'on a appellé depuis gros canons, & canons de moyenne grofleur. En effet ce navire énorme n'étoit que de huit cent tonneaux & par conféquent n'étoit pas la moitié de nos grands vaifleaux. Les autres vaiffeaux de guerre avant François I. étoient des galères, des galeaffes, des carraques, des ramberges, tous bâtimens qui étoient à la fois à rames & à voiles & dont aucun ne peut être comparé à ce qu'on entend aujourd'hui par un vaifleau de guerre ; de fimples vaiffeaux marchands, affez foiblement ar

mais tous très-bien équippés &

més, faifoient nombre dans une flotte & s'appelloient des vaisseaux de guerre. Une multitude de petits navires qui fervoient feulement pour la charge achevoient de groffir la flotte fans la rendre plus redoutable. C'étoient des barques, des batteaux plats qui portoient les vivres, les munitions, les machines, les bagages.

Mars quelque foibles que fuffent ces nombreuses flottes, comment la France, n'ayant point de marine royale, parvenoit-elle à les raffembler ? C'est que les Villes maritimes, dont la guerre interrompoit le commerce, fourniffoient leurs vaiffeaux marchands que l'Etat fe chargeoit d'armer; de plus les Rois de France faifoient des traités avec des Puiffances maritimes, avec des Villes commerçantes qui s'engageoient à fournir des va.ffeaux ; on voit de ces traités faits avec la Norvége, avec les Communes de Fontarabie & de S. Sébaftien; les Espagnols, les Gênois furent long-temps la reffource des François pour la Marine; mais Ferdinand le Catholique leur ayant ôté les fecours de l'Espagne, & diverfes révolutions leur ayant fouvent enlevé ceux de Gênes, la France fe trouva réduite à l'heureufe néceffité d'avoir une Marine nationale, le Roi fit quelques efforts, les fujets encouragés en firent encore plus. Des particuliers équipoient des vaiffeaux qu'ils louoient en temps de paix à des Marchands & en temps de guerre à l'Etat.

C'eft ainfi que s'étoient formées les flottes Françoifes avant François I. Ce Monarque voulut enfin avoir une Marine royale, il eft le premier qui ait eu une flotte reglée de galères fur la Méditerranée; encore la plupart de ces galères étoientelles aux Gênois, comme on l'a déjà dit.

Dans l'expédition de 1545. on voit, indépendamment des galères, de gros vaiffeaux ronds qui étoient proprement alors les grands vaifleaux de

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très-bons voiliers ; ils avoient d'aile

guerre, le Roi avoit fait construire les uns,
fimples citoyens avoient fourni les autres.

de

Quant à la maniere d'armer les navires, elle avoit fuivi les révolutions des divers fiécles; l'artillerie avoit prévalu depuis long-tems, mais on n'eut point d'abord une maniere bien sûre ni bien folide de l'employer; on plaçoit quelques canons fur le pont ou plancher des vaiffeaux & fur la proue des galères, P'ufage des fabords paroît n'avoir commencé que fous Louis XII, & comme tout ufage eft foible dans fon origine, comme d'ailleurs les plus grands vaisseaux n'avoient alors qu'un volume médiocre, ils étoient peu chargés de canon. Du Bellay remarque comme une chose extraordinaire dans l'expédition de 1545. que pendant une canonade de deux heures entre deux armées de cent voiles chacune, on tira environ trois cent coups, tant d'un côté que de l'autre.

D'après le peu de confiftence qu'avoit eu jus qu'alors la Marine Françoife, on conçoit aisément qu'un Amiral pouvoit n'être pas un homme de mer, que les pilotes devoient avoir la plus grande confidération dans une armée navale & qu'on pouvoit avoir besoin de prendre leurs avis fur les opérations.

Il paroît que la dignité d'Amiral fut érigée en titre d'Office fous Charles-le-Bel, vers l'an 1327. Il y avoit originairement plufieurs Amiraux & plufieurs Amirautés, parce que les grands vaffaux qui avoient pofiédé les principales Provinces maritimes, avoient chacun leur Amiral. Depuis la réunion de ces Provinces à la Couronne, on laifla fubfifter les anciennes Amirautés ; ainfi qutre l'Amirauté de France, qui s'étendoit depuis le Ras de Calais jufqu'au Mont S. Michel, il y avoit l'Amirauté de Bretagne, qui s'étendoit depuis le Mont S. Michel jufqu'au Pas de S. Mahé, Amirauré de Guyenne qui s'étendoit depuis

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leurs des ramberges, espèce de vaiffeaux à voiles & à rames, plus longs, plus étroits, plus propres à fendre les flots que les autres, & dont la

Ras de S. Mahé jufqu'à la riviere d'Andaye, enfin l'Amirauté de Provence qui s'étendoit depuis le Rouffllon jusqu'à la riviere de Gênes, & qu'on appelloit l'Amirauté du Levant. C'étoient ordinairement les Gouverneurs de Bretagne, de Guyenne & de Provence qui avoient ces trois Amirautés, chacun d'eux étoit Amiral dans fon diftri&t & chacun d'eux avoit fon Vice-Amiral; toutes ces Amirautés, excepté celle du Levant, furent réunies à l'Amirauté de France dans la perfonne de l'Amiral de Brion. Mais l'Amiral du Levant ou le Général des Galères continua d'être le Chef particulier de la Marine de la Méditerranée. La Provence n'ayant été réunie à la Couronne qu'à la fin du regne de Louis XI, la charge de Général des Galères de France ne peut avoir une époque plus reculée ; mais dans les temps postérieurs, les uns avancent, les autres retardent cette époque. Ruffi dans fon hiftoire de Marfeille fait remonter l'inftitution du Généralat des Galères, jufqu'à Prégent de Bidoux en 1497. Le Laboureur prétend que le Baron de la Garde fut le premier Général des Galères, il rapporte les lettres-patentes d'inftitution données en faveur de celui-ci. Elles font du 23 Avril 1544 & lui donnent le titre de Chef Capitaine Général de l'armée du Levant. Les deux opinions peuvent fe concilier, Prégent de Bidoux fut en effet ce qu'on appella depuis Général des Galères, c'eft-à-dire qu'en effet it commandoit les Galères de France, comme le Chevalier de Baux, le Baron d'Aftarac, André Doria & Barbéfieux les commande. rent depuis avant le Baron de la Garde.

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viteffe égaloit ou furpaffoit cellé des galères les plus agiles.

Le Baron de la Garde alla les reconnoître avec quatre galères ; il s'avança jufqu'à l'entrée du canal qui fépare l'Ifle du Continent & fur les bords duquel Porftmouth est bâti. Quatorze vaiffeaux Anglois fortirent à l'inftant du port pour environner les galères, qui n'eu rent que le temps de fe retirer en forçant de voiles & de rames. Bientôt toute la flotte Angloise se préfenta hors du canal, c'étoit ce que d'Annebaut demandoit, il s'avança auffi avec toute fa flotte, mais on ne fit que se canonner de part & d'autre, les Anglois rentrerent dans le canal, & y choifirent pour retraite un lieu tout environné de bancs de fable, où les vaiffeaux ne pouvoient pénétrer qu'un à un, encore falloit-il qu'ils fuffent conduits par des pilotes, qui euffent une grande connoiffance du pays, fans quoi il étoit prefque impoffible qu'ils évitaffent les bancs de fable. L'Amiral d'Annebaut fe pro

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