Imágenes de páginas
PDF
EPUB

pofoit de faire le lendemain tous fes efforts pour tirer les Anglois de cet afyle.

Il fembloit que le fort s'attachât à pourfuivre les vaiffeaux qui portoient l'argent de la flotte Françoife; on a déjà vu que cet argent avoit pensé être englouti dans la ruine du Carraquon. Il avoit été transporté dans un autre vaiffeau nommé la Maitreffe, c'étoit le plus grand bâtiment de la flotte Françoife depuis la perte du Carraquon, & l'Amiral avoit réfolu de le monter, lorfqu'on vint lui annoncer qu'il faifoit eau de tous côtés. L'Amiral plein d'inquiétude fur le vaiffeati & fur l'argent qui faifoit toute l'efpérance de cette expédition, accourut pour le fauver, il trouva qu'heureufement il avoit été prévenu par le Vice-Amiral la Mileleraye, qui avoit fait. décharger le vaiffeau & l'avoit envoyé au Havre pour être radoubé.

Le lendemain l'Amiral d'Annebaut rangea toute fon armée nayale en bataille, il la divifa en trois

1545.

[ocr errors]
[ocr errors]

efcadres, il fe mit à celle du cen tre, donna la droite à Boutieres & la gauche au Baron de Curton; il envoya fes galeres canoner la flotte Angloife pour l'obliger à fortir du canal cette canonade fut fi vive & fi heureufe qu'elle coula à fond la Marie-Rofe, un des plus grands vaiffeaux de la flotte Angloife, dont il ne fe fauva que trente-cinq hommes de cinq à fix cent dont il étoit monté. Le GrandHenri, qui portoit l'Amiral Anglois, alloit auffi périr, s'il n'eût été promptement fecouru. Les Anglois détacherent leurs ramberges pour donner la chaffe aux galères Fran çoises, qui durent leur falut à l'habileté des pilotes, à l'activité des matelots & à une manœuvre hardie & adroite du Prieur (1) de Capoue frere de Pierre de Strozzi. Ce brave Capitaine voyant les ramberges Angloifes preffer vivement les gay

(1) Leon de Strozzi, Chevalier de S. Jean de Jérufalem, Prieur de Capoue, fut Général des Galères fous le regne fuivant.

[ocr errors]

lères Françoifes du côté de la pouppe, où elles n'avoient point d'artillerie pour le défendre, tourna promptement fa galère de la pouppe à la proue, fit face aux ramberges, arrêta leur course couvrit la retraite des galères, & les rejoignit avec autant de bonheur qu'il avoit montré d'audace; en même-temps d'Annebaut s'avança pour les fou tenir & pour repouffer les ramber ges, mais elles fe hâterent de rentrer dans le canal & dans les bancs

L'Amiral François voyant l'obsti nation des Anglois à refufer le com❤ bat & à refter dans le canal, tenta une autre voie pour les en arracher ce fut de faire une defcente. Henri VIII. s'étoit avancé jufqu'à Ports→ mouht; d'Annebaut crut qu'il ne laifferoit point faire cette defcente fous fes yeux, fans envoyer fa flotte pour l'empêcher. On fit donc la defcente, & on la fit en trois en droits différens pour obliger les Anglois à divifer leurs forces, les troupes repandues fur les côtes, les défendirent foiblement & efcar

1545.

545.

moucherent plutôt qu'elles ne cómbattirent, mais la flotte refta inébranlable dans fa rade. L'Amiral vouloit aller l'y forcer, cependant pour ne rien faire lègérement, il affembla un confeil extraordinaire où les pilotes furent appellés. On leur demanda fi la flotte ennemie étoit afolument hors d'atteinte ; ils dé-ciderent qu'elle l'étoit, & leurs raifons parurent fans replique. Indépendamment de la difficulté d'éviter les bancs de fable où les Anglois étoient comme retranchés, & de la pofition defquels eux feuls avoient une parfaite connoiffance, on ne pouvoit aller à eux que par le canal, qui feroit aisément fermé par quatre de leurs vaiffeaux ; pour déloger ces vaiffeaux de l'entrée du canal, il falloit attendre le vent & le courant, & lorfque porté par l'un & par l'autre avec une rapidité qu'on ne feroit pas maître de modérer, on feroit parvenu à les écarter, il arriveroit tout naturellement. que les vaiffeaux François qui auroient pénétré les premiers, feroient

[ocr errors]

arrêtés à l'entrée du canal par les vaiffeaux Anglois qu'ils feroient forcés de combattre, cependant la rapidité du courant, malgré tous les efforts des matelots, poufferoit les autres vaisseaux François fur les premiers avec tant de violence qu'ils Te briferoient les uns les autres inévitablement, Si les vaiffeaux François avoient l'adreffe d'accrocher en arrivant les vaiffeaux Anglois, les uns & les autres feroient brifés, ou par le feul choc ou par la violence avec laquelle ils feroient portés ensemble contre la terre. Si les François jettoient l'ancre pour retenir les vaiffeaux, l'impétuofité de l'eau, ou romproit les cables, ou tourneroit les navires, qui ne fuivroient plus la direction dont on auroit befoin pour combattre.

L'Amiral avoit le plus grand defir de fe diftinguer par une victoire navale, espece d'exploit fur lequel il n'auroit point eu de rival fous ce regne, parmi les Généraux François, il étoit au défefpoir d'être obligé de fe rendre aux raisons qu'on

1545

« AnteriorContinuar »